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VBGs : la justice, ce dernier rempart pour la damnée de Kayokwe

Beaucoup de gens pensent, à tort, que les violences basées sur le genre se limitent aux violences sexuelles. D’autres formes de violences existent et menacent les femmes dans leurs droits et dans leurs libertés. Les violences économiques sont de loin celles qui s’observent à Mwaro. Voici l’histoire de Chantal, une dame de Kayokwe qui a été chassée du domicile conjugal parce que son mari voulait vivre avec sa concubine à tout prix. Heureusement, la main de la justice a été intraitable et a rétabli dame Chantal dans ses droits. Récit.

Marie Chantal Habonimana, 43 ans, mère de 4 enfants, en a vu de toutes les couleurs à cause de son mari. Habitant la colline Rusivya de la commune Kayokwe en province de Mwaro, elle s’est retrouvée du jour au lendemain chassée du foyer. Comment et pourquoi ? Son mari, qui voulait vivre avec sa concubine, a inventé des motifs aussi farfelus les uns que les autres pour la chasser de la maison et de la propriété familiale. Mariée à 22 ans, elle filait les jours heureux avec son mari jusqu’à ce que les choses changent. Elle utilisait le terme ‘’yarigubujije’’ pour signifier combien son mari a changé radicalement et soudainement quand il a commencé à entretenir une relation extraconjugale. C’est là que la tranquillité familiale a connu un coup d’arrêt. 

Qui veut tuer son chien l’accuse de rage

Après 8 ans de mariage, son mari a commencé à lui chercher des poux. Il l’accusait soit qu’elle lui volait de l’argent, soit qu’elle s’enivrait ou encore de ne pas faire les travaux champêtres. Il est même allé jusqu’à l’accuser de sorcellerie, juste pour ternir son image et prouver à son entourage qu’il avait des raisons de la chasser. Il a commencé par lui interdire de labourer certains lopins de terre de la propriété foncière familiale, arguant que c’est son ‘’cibare’’, un fief personnel, qu’il voulait exploiter pour lui-même, ce qui étonnait Chantal parce qu’ils avaient des enfants à nourrir. Ce n’est pas cela seulement. « Un jour, il m’a confié une somme de 40 mille Fbu. Quand il a voulu récupérer cet argent, j’étais en train de cuisiner, et je lui ai indiqué où se trouvait l’argent. Il est revenu en colère, me disant qu’il manquait 1000 Fbu alors que je n’y avais pas touché ».  Il a ensuite frappé sa femme d’un bâton dans le dos. Les voisins sont venus à la rescousse de la victime. Le mari en profita pour humilier sa femme en l’accusant d’être une voleuse. Mais les voisins, très perplexes, lui ont demandé pourquoi elle aurait pris seulement 1000 Fbu. Quand il a vu qu’ils ne le croyaient pas, il est parti, en colère.  

Un bon jour, Chantal oublia dans la marmite la nourriture qu’elle devait donner aux cochons. La nourriture pourrit dans la marmite. Quand le mari découvrit la nourriture pourrie, il cria au halo. Quand les voisins sont accourus, il leur a montré la preuve (selon lui) que sa femme était une sorcière, et déclara qu’il ne voulait plus la voir dans sa maison. Il refusa d’abord de participer à la ration quotidienne. Ensuite, il la chassa comme une malpropre, pour amener sa concubine au foyer conjugal. Chantal retourna chez ses parents avec un de leurs enfants. 

La justice, dernier bouclier

Chantal prit alors son courage à deux mains et porta plainte au Tribunal de résidence de Kayokwe. Avec les méandres sinueux des procédures judiciaires qui traînaient en longueur, elle se résolut à demander l’assistance juridique du Cafob et de l’AFJB. Elle gagna finalement le procès, mais c’est une autre procédure non moins fastidieuse, à savoir l’exécution du jugement rendu, qui s’en suivit. Après 13 années, longues de patience, Chantal a été finalement rétablie dans ses droits et a réintégré une partie de la propriété familiale que le tribunal lui a attribuée. Quant à son mari, il a quitté le domicile conjugal et est parti avec 3 enfants. Il a aussi été obligé d’abandonner sa concubine. 

Les cas de VBGs sont alarmants dans cette province. D’après les chiffres glanés auprès du Cafob, à Mwaro, ce sont 360 cas de VGBs répertoriés entre juin 2022 et juillet 2023. Parmi ceux-ci, 185 ont été assistés par le CAI de Kayokwe et 175 par le CAI Ndava. Parmi ces cas, 230 concernaient les violences économiques, 38 cas concernaient les violences physiques tandis que 26 cas concernaient les violences sexuelles.

 

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