article comment count is: 3

Prisca, résiliente malgré une terrible histoire de viol

Comment survivre à un horrible viol d’une violence inouïe ? Ligotée, pieds et bras liés, Prisca Niyonkuru a subi les assauts sauvages et humiliants d’un agresseur qu’elle connaissait bien. Loin de sombrer dans la dépression et le traumatisme de cet acte ignoble, elle est parvenue à relever la tête et à se construire une nouvelle vie. Son secret ? ‘’Utarika mu nda ugatarura ibiboze’’. Pour dire qu’il y a une vie après le viol. Récit. 

Kayanza, avec son air paisible, peut parfois cacher des drames. L’histoire triste d’une dame qui a été brutalement violée est tombée dans mes oreilles. J’ai décidé d’aller la voir pour essayer de comprendre ce qui lui était arrivé. J’ai écouté longuement Mme Prisca, je me suis gardé de l’interrompre. Quand elle a fini de parler, j’ai eu beaucoup de mal à lui poser des questions. J’avais tout simplement la chair de poule, tellement elle a vécu l’horreur. Après l’entretien, j’ai appelé mon responsable hiérarchique pour lui dire que si je continue d’écouter ces terribles histoires, j’aurai bientôt besoin d’un psy pour des séances de counseling

Prisca est une femme de 40 ans. Elle a 3 enfants et habite à Mihigo de la commune et province Kayanza. Son mari est décédé en 2013 d’une mort naturelle. Elle a vécu cette horreur quand elle était encore une jeune fille. Nous sommes dans la nuit du 12 décembre 2003. Le pays sort à peine de la guerre civile. Prisca est âgée de 21 ans et habite encore à Muruta. Ce jour-là, les jeunes font encore la pluie et le bon temps. Un groupe de jeunes sèment la terreur dans les collines du coin. Ceux qui les croisent cette soirée sont violentés. Prisca n’a pas eu le temps de leur échapper. Elle se terre dans la maison familiale. Un des jeunes, un certain M.B entre dans la maison et découvre la jeune fille. Il la ligote les pieds et les bras, lui bande les yeux avec un foulard. Il déchire ses habits et la viole avec beaucoup de brutalité. Après avoir abusé d’elle, il prend un briquet et brûle ses poils pubiens. La flamme brûle la peau au tour du sexe. Elle crie, mais personne ne vient à son secours. M.B sort gaillardement de la maison et s’évanouit dans la nature. 

Le courage dans la peau  

Au lieu de se murer dans la honte et le silence, elle est allée rapporter ce qui lui était arrivé à la commune. On s’est saisi de son cas immédiatement et elle a été transportée à l’hôpital où elle fut prise en charge. Plus tard, APRODH s’est saisi de son cas et l’a aidé à traîner en justice son agresseur. Ce dernier fut condamné à une peine de servitude pénale de 20 ans et au versement des dommages et intérêts (D.I) de 100 mille Fbu. Finalement, il sera libéré en 2009, suite à la grâce présidentielle décrétée par feu président Nkurunziza. En tout, il a versé à sa victime 60 mille Fbu. 

Les conséquences de cette agression, Prisca les a vécues avec courage. « Biragoye baciye bamfata nk’igicibwa. Nico gituma natevye kurongogwa gato. Ubwambere sinaja mu bantu naguma muhira. Naratinya ko bantwenga ». Elle surpassera tout cela pour construire une vie normale. Elle s’est mariée plus tard, et a eu 3 enfants, mais malheureusement, son mari décédera trop tôt. « Hari igihe akiriho kacamwo akanyibutsa ivyanshikiye iyo twashavuriraniye. Vyarambabaza cane ku mutima ». Celle qui subit un viol a besoin d’être soutenue, souligne Prisca. « Utara munda ugatarura ibiboze », conclut la dame soulignant la nécessité de parler, de ne pas cacher ce qui est arrivé quand on a été violée. 

Le bon samaritain de Kayanza

Mme Léoncia Nshimirimana est responsable de l’association Murekerisoni qui œuvre à Kayanza depuis 2004 dans le domaine de la lutte contre les VBG. C’est elle qui s’est occupée du cas de Prisca. « A cette époque, des cas de viols étaient légion. Il arrivait que j’amène des victimes au centre Seruka pour la prise en charge et au retour d’autres filles violées m’attendaient déjà ». On a essayé de faire taire Prisca, mais Léoncia s’est occupée de l’affaire. C’est elle qui a amené Prisca à Bujumbura. Tout s’est bien passé, sauf que le coupable n’a pas purgé toute sa peine. Cela a déstabilisé Prisca. Cependant, certaines organisations sont intervenues et ont assuré un counseling en faveur de Prisca. C’est cela qui l’a aidée à surmonter toute cette horreur. « Il est important d’oser parler, de surpasser la honte. Ce n’est pas à la victime d’avoir honte, mais plutôt l’agresseur », affirme Mme Nshimirimana. 

Si Léoncia Nshimirimana est active dans la lutte contre les violences sexuelles basées sur le genre, ce n’est pas un hasard : « Moi-même, j’ai été victime d’une tentative de viol pendant la guerre. Mon agresseur m’avait déjà allongée par terre. Par chance, il a eu une panne d’érection, c’est comme ça que je lui ai échappée ».   

La jeune femme remercie vivement l’administrateur de Kayanza qui ne ménage aucun effort pour venir au secours des victimes de viol. « Parfois, il touche à sa poche quand il s’agit d’évacuer rapidement une victime vers les centres de prise en charge », indique Mme Léoncia. 

En ce qui concerne la libération de M.B, la responsable de Murekerisoni trouve qu’il ne devrait pas y avoir de grâce pour les peines relatives aux VBG. En effet, l’article 61 de loi la loi n° 1/13 du 22 septembre 2016 portant prévention, protection des victimes et répression des violences basées sur le genre dispose que les peines liées aux VBG sont incompressibles et non graciables. A l’époque des faits, cette loi n’existait pas encore. Il faut espérer que ceux qui se rendent coupables des infractions liées VBG ne seront plus graciés.

 

Est-ce que vous avez trouvé cet article utile?

Partagez-nous votre opinion

Les commentaires récents (3)

  1. Leoncia murekerisoni était une femme leader ,capable de lutter contre leVBG,il faut que nous tous levons ensemble pour accompagne ce Dame de kayanza