Nul n’ignore qu’être enceinte en étant encore sur le banc de l’école vient avec son lot de malheurs. Dans cette lettre, l’auteure console celles qui, en étant encore jeunes et sur le banc de l’école, vont devenir des mamans. Cette blogueuse n’a qu’un seul message : « Tiens bon ! Il y a une lumière au bout du tunnel ».
Chère jeune fille,
Bientôt, tu tiendras un petit bout de toi dans tes bras. Bien sûr, ce n’était pas prévu. Tu n’es encore qu’une enfant. Tu ne t’imaginais pas qu’à ton si jeune âge, tu seras responsable d’un autre être humain. Un malheur ? Sans doute. Tu sais à peine comment changer une couche, allaiter son bambin, comprendre ses humeurs…tu aurais besoin d’un manuel (s’il en existe) intitulé : « Comment devenir une mère en étant encore une enfant ? » Mais, tout cela n’est pas entièrement de ta faute.
« L’ignorance tue »
En 2018, un blogueur de Yaga a écrit un billet dans lequel il revenait sur l’une des causes des grossesses en milieu scolaire. Sais-tu ce qu’il a avancé comme principale cause ? L’ignorance.
Il a écrit dans son billet : « Les jeunes adolescents en train de découvrir leurs corps ont besoin d’accompagnement. Ils doivent disposer d’un maximum d’informations pour savoir et comprendre ce qui se passe en eux et à quoi ils s’exposent en posant tel ou tel acte. Il faut commencer par briser le tabou autour de la sexualité au sein de la société burundaise, premier coupable pour les grossesses non désirées ». Je ne peux que partager son point de vue. Tu t’es aventurée dans un monde que tu ne connaissais pas. Comme des milliers d’autres jeunes filles, tu étais ignorante. Et le tabou autour de la sexualité dans notre pays n’arrange rien.
A ce propos, une lettre de l’archidiocèse de Gitega a été envoyée, en 2021, au Ministère de l’éducation. Dans cette missive, l’archidiocèse de Gitega mentionne que « la leçon 12 intitulée ‘’Les droits des jeunes et les services adaptés en matière de sexualité et santé de la reproduction’’ incite les jeunes aux vagabondages sexuels. Elle apprend aux jeunes que le plaisir sexuel est un droit pour eux sans aucune explication. ».
Et pour enfoncer le clou, dernièrement, un cadre du Ministère de l’éducation a plaidé pour la révision de cette fameuse leçon. C’est triste, car sans éducation sexuelle, l’avenir de la Burundaise est hypothéqué.
Et après ?
Il n’y a pas de solution miracle. L’enfant viendra. Il aura ton nez. Peut-être. Tes yeux ? Ça aussi personne ne le sait encore. Cependant, il restera ton enfant. Un petit toi. Tu devras en prendre soin. Son père ? Espérons qu’il sera à la hauteur. Sinon, s’il décide de prendre le large et disparaître, ne t’inquiète pas. Sois courageuse.
Et le jour où tu devras annoncer ta grossesse à la famille (si ce n’est déjà fait) n’hésite pas à assumer comme cette blogueuse qui s’est confiée à Yaga il y a quelques jours.
Loin de moi l’idée de te faire peur, une grossesse n’est pas que malheurs. Il y aura des moments où tu te sentiras heureuse d’être une maman, et d’autres où tu regretteras de t’être laissée aller. Mais garde la tête haute. Peut-être que les mots de Josette Nsabimana, 32 ans et mère de 3 enfants qu’elle élève seule depuis bientôt 8 ans parus dans un média local, te consoleront à chaque fois que tu te retrouveras le moral dans les chaussettes. Elle parle dans cet article de la vie des mères célibataires : « L’idéal est que les enfants soient élevés par leurs deux parents. Mais en l’absence du Papa, rien n’empêche qu’une maman les élève seule et réussisse à subvenir à leurs besoins ».
Chère Jeune fille, tiens bon ! Il y a une lumière au bout du tunnel.
Sans mentir le peuple qui ne réagit point, il n’y a pas une obscurité qui éclaire.