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Sans éducation sexuelle, l’avenir de la Burundaise est hypothéqué

Au Burundi, l’avenir de la fille semble obscurci par les grossesses en milieu scolaire qui débouchent sur l’abandon scolaire tandis que les mariages précoces la confinent dans la précarité, la pauvreté et la dépendance. L’horizon de la fille burundaise, et partant celui de la société entière, doit-il se résumer à cela ? Que faire pour lui garantir un avenir meilleur ?

« J’ai abandonné l’école parce que je suis tombée enceinte ». Elle, c’est Nicole, une jeune de 15 ans vendant ses charmes dans un bar à Nyamugari. Elle livre son terrible témoignage : « J’étais la première en classe. Un jour, un ami m’a fait croire que faire l’amour réduit les douleurs dues aux menstruations. J’ai suivi ce mauvais conseil par ignorance et je me suis retrouvée enceinte. A cause de la honte, j’ai fui le toit parental. J’ai dû me résoudre à faire de la prostitution pour subvenir aux besoins de mon enfant ». Maintenant, elle se demande quel sera son avenir.

Même préoccupation pour Annuarite Ndayiziga, 17 ans. Mariée précocement, elle a vu son droit à l’éducation voler en éclats, perdant ainsi son espoir en un avenir meilleur. « Nous étions pauvres à la maison, mais mon père a dû corrompre un agent de la commune pour m’avoir une carte d’identité afin de pouvoir me marier avant l’âge requis. Il s’agissait en fait de créer des alliances stratégiques avec la famille de mon mari », confie-t-elle. Annuarite est maintenant consciente que ce mariage précoce lui a volé son avenir, car son mari l’a empêchée de continuer ses études.

L’avortement illégal pour seule option

Le cas de Nicole n’est pas isolé. De 2014 à 2019, ils sont 3921 filles qui ont abandonné l’école pour seul motif de grossesse en milieu scolaire. Selon l’expérience de Josée Nshimirimana du CDS ami des jeunes de Gitega, l’abandon scolaire affecte psychologiquement les filles et limite leurs perspectives d’emploi. « Et pour ceux qui souhaitent continuer les études, la seule option est un avortement illégal, avec tous les risques derrières », ajoute-t-elle.

Le pire, selon Bertile Bumwe de l’association Solidarité des Femmes Burundaises pour le Bien-être Social et le Progrès, ces jeunes filles mineures qui abandonnent leurs études sont obligées de se marier tôt. Or, l’éducation des filles est le meilleur instrument de lutte contre la pauvreté. « Mariées précocement, elles sont maintenues dans des conditions de pauvreté et d’impuissance, ce qui engendre et renforce les violences basées sur le genre, la dépendance économique vis-à-vis de leurs maris, sans oublier la mortalité maternelle élevée et bien sûr la fistule obstétricale chez les filles qui se marient et accouchent avant 18 ans », fait savoir Bertile.

« Façonner une génération de filles ayant le droit de décider librement, la solution »

Selon Pamela Mubeza de l’Association des mamans célibataires, façonner une génération de jeunes filles ayant le droit de décider librement de leur avenir passera par le renforcement de l’estime de soi chez les adolescentes. En plus, chaque fille doit pouvoir accéder à des informations exactes qui l’aident à réfléchir à son comportement sexuel et à son choix en matière de contraception. Un point de vue qu’elle partage avec Dr Innocent Ndikumana de l’ABUBEF qui revient sur le fait que les prestataires de santé doivent faciliter aux jeunes filles l’obtention des services de santé sexuelle et reproductive pour une bonne planification de leur fécondité, cela dans le but d’éviter les grossesses non désirées et de protéger leur santé. C’est ainsi qu’on permettra à chaque fille burundaise de contribuer à l’avenir de son pays tout en façonnant elle-même son présent.

 

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