Depuis quelque temps, les réseaux sociaux sont devenus un immense confessionnal sans rideaux. Et derrière l’anonymat, on ne se contente plus de murmurer ses secrets : on les crie. Surtout quand il s’agit de sexualité. Mais à force de tout sexualiser, à force de se défier à coups de récits de plus en plus crus, ne risquons-nous pas de perdre le sens, la tendresse, et même la vérité ?
Depuis quelques temps, il suffit de scroller pour tomber sur des confessions anonymes qui donnent à la fois envie de rire, ou pleurer.. On y trouve de tout : des cœurs brisés, des amitiés trahies, des angoisses enfouies. Et c’est peut-être ça, le côté lumineux de cette tendance : on réalise qu’on n’est pas seul dans sa galère. Parce que tout le monde, un jour, a eu besoin de dire quelque chose sans être regardé de travers. Soyons honnêtes ces comptes font un carton.
Et pendant ce temps…
Un thème s’impose parmi tant d’autres : le sexe.
Encore lui. Toujours lui. Et pas la sexualité douce, tendre, intime. Non. Le sexe, cru, jeté comme un pavé dans la mare. Des histoires d’infidélité, de « plans », de « je l’ai fait dans tel endroit », de « je l’ai trompé(e) avec son ami(e) »… au point où tu te demandes si vraiment le problème du pays, c’est le chômage ou juste une libido en surchauffe collective.
Une course à l’excès ? Maybe or not…
Moi, j’avoue : je trouve que c’est trop. Trop cru, trop misérable, trop vulgaire parfois. Je me dis que ce n’est pas possible, que c’est exagéré, que les gens aiment juste choquer pour exister.
Et mes amis me regardent avec tendresse et m’assènent : « Tu es naïve. »
Ils jurent que ce qu’on lit là-bas n’est même pas la moitié de ce qui se fait réellement.
Alors je me tais. Un peu. Je lis. Je doute. Je réfléchis. Et parfois je frissonne. Pas tant à cause du sexe en soi, mais à cause de la manière dont on en parle. Parce que sexualité et sexe, ce n’est pas pareil. Et ce que je lis, souvent, ne libère en rien, comme certains le prétendent. C’est de l’exhibition. C’est du spectacle.
Et si on arrêtait la course ?
Je ne veux pas jouer les moralisatrices. Je ne vais pas convoquer la culture burundaise, les traditions ou la morale de grand-mère. Ce n’est pas ça l’enjeu. L’enjeu, c’est la conscience. La protection. La nuance. Les confessions anonymes ont ouvert une brèche. On y voit de la lumière, oui, mais aussi des ombres. Elles nous montrent notre humanité dans toute sa complexité : belle, brisée, brillante, perdue. Mais à cette ère du « tout dire », n’oublions pas d’apprendre à bien dire. À dire vrai. À dire utile.
Alors je dis : jouez si vous voulez. Mais protégez-vous. Pas seulement avec des préservatifs (même si, évidement, il faut commencer déjà par ça). Protégez votre esprit. Votre santé mentale. Votre intimité.