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Inceste : l’enfance terrible d’Ange

Violée par son beau-père pendant 6 ans, Ange âgée de 27 ans maintenant livre le témoignage poignant de son enfance cruellement déchiquetée par son prédateur de beau-père. Sa motivation ? Envoyer un message d’alerte aux parents, car des agresseurs peuvent parfois se cacher dans les familles. Et ils sont malicieux pour couvrir et cacher leurs sales besognes. 

De 5 ans à 11 ans, Ange a subi toute une gamme de sévices sexuels sous l’emprise de son beau-père. Cette femme originaire de la province Ngozi a décidé de briser le silence. « Après le divorce de mes parents, je croyais retrouver le goût de  la vie, mais je suis tombée dans les griffes de ce prédateur sexuel de mari de ma mère, mon beau-père donc », raconte la jeune femme. 

Tout a commencé quand ses parents se sont séparés.  Son père battait sa mère. Après 6 ans, sa maman jette l’éponge. Elle divorce. Ange, l’aînée de la famille, n’a que 5 ans.

Un violeur malicieux  

Sous la pression des grands-parents, des oncles et des tantes, sa mère se remarie après une année. C’est le début de la vie de calvaire.  « Chaque fois que ma mère n’était pas à la maison, mon beau-père me violait », raconte avec émotion Ange.

Elle ne se rappelle même pas combien de fois c’est arrivé.  Mais c’était très régulier. Son violeur de beau-père était malicieux. Il évitait de se faire prendre la main dans le sac : « Il connaissait le moment opportun pour attaquer. Il était au courant de tous les programmes de ma mère. D’ailleurs, il surveillait ses déplacements à la loupe », se rappelle-t-elle

Lorsque sa mère allait aux champs, elle restait à la maison avec le beau-père. « Il y a eu des violences sexuelles, mais aussi physiques pour me contraindre d’accepter », assure cette jeune femme aujourd’hui mariée et mère des enfants. 

Des cadeaux empoisonnés

Pour camoufler cette sale besogne, d’un côté, le violeur menaçait la fillette et de l’autre côté, il lui offrait des cadeaux. Il lui achetait ce qu’elle désirait. Des bonbons, des chaussures, des habits, etc. « Ma mère ne suspectait rien. Au début, j’ai trop souffert. Mais avec le temps, mon corps s’est habitué à cette ignominie », indique Ange. 

Jusqu’à 9 ans, elle n’a pas réussi à s’extirper de cet engrenage de violence. Elle endurait toute cette souffrance, en silence. Elle craignait pour elle et pour sa maman. Pendant qu’elle souffrait le martyr, l’entourage, lui, louait l’intégrité de son bourreau. On disait naïvement « Un beau-père modèle qui gâte sa belle-fille. », se souvient-elle.

A l’âge de 11 ans, son agresseur décède. « Je n’oublierai jamais ce jour. C’était comme si je venais d’être libérée de la méchanceté du monde », se remémore Ange. 

Une adolescente dépressive

Même si Ange parvient aujourd’hui à parler à ses amis proches, sans détour, de cette enfance douloureuse, c’est l’aboutissement d’un très long travail. Son cerveau s’y était d’abord  refusé. Elle avait presque tout oublié. Pour protéger sa maman et se protéger elle même, elle préférait garder ce secret pour elle, même si le bourreau était mort. « J’ai donc continué ma vie en enfouissant ce cauchemar au plus profond de moi », se souvient Ange.

 C’est donc presque logique qu’à 18 ans, elle  souffert d’une dépression chronique. Ce n’était pas anodin. Mais à l’époque, on a mis ça sur le compte de la crise d’adolescence. 

Malgré ses plaies, Ange avance tant bien que mal. Même si elle a choisi, à un moment, de tirer un trait sur ce passée douloureux, ce dernier a continué d’affecter son quotidien. « Dans mon esprit, tous les soupirants voulant entrer dans ma vie étaient des abuseurs potentiels. Je suis devenue très méfiante et je n’accordais pas facilement ma confiance. », témoigne -t- elle.

Des séquelles de ce terrible passée

Ange s’est donc repliée sur elle-même. Pour réussir à refaire confiance à un homme à nouveau, il a fallu attendre son époux, un jeune homme aussi patient que discret. 

Cependant, les premiers jours de leur mariage ont été très difficile « Deux semaines sans consommer le mariage ! J’ai été obligée de lui confier les raisons à l’origine de ma réticence. Heureusement, il m’a laissée tout mon temps et n’a plus posé de questions. », explique la jeune femme.

Maintenant Ange a eu la chance de mettre au monde. Elle a déjà eu une fille et deux garçons. Mais pendant sa deuxième grossesse, le mauvais souvenir a ressurgi de nulle part pour revenir la hanter. « J’ai projeté mes peurs et mon trauma sur cette naissance à venir. Je me suis rappelée de ces tristes événements. C’était comme des flash-back. Mais j’ai choisi d’enfouir encore plus profondément ces horreurs », se souvient-elle

Aujourd’hui, Ange est parvenue à avoir une vie normale, même si les séquelles persistent. « J’ai une vie familiale épanouie, mais au fond de moi, je ressens parfois un vide. », déplore-t-elle.

A la naissance de son fils cadet, Ange a décidé de raconter à sa mère son passé douloureux. La mère n’a pas pu se retenir. Elle a fondu en larmes. Elle n’a pas compris comment son mari a pu lui faire ça durant toutes ces années. Deux ans après, elle a  pu pardonner au violeur. Morale de l’histoire ? « Les violeurs ne sont pas là où on les attend, ils sont parfois au sein de nos familles », parole de Ange. 

 

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