Récemment, Yaga a fait un post à propos de 48 garçons qui avaient été kidnappés pour être circoncis de force en Zambie. Au Burundi aussi la circoncision est pratiquée, notamment pendant la période estivale qui correspond aux grandes vacances pour les élèves. Les petits garçons doivent subir cette opération qui les protège certes, mais qui leur fait souffrir aussi. Ce blogueur convoque ses souvenirs et nours décrit son expérience.
Après une longue période de travail scolaire intense, venues les grandes vacances . Je suis enfin libre comme l’air et disposé à de nouvelles activités de loisirs non-stop. Je me demande bien ce que je vais pouvoir faire durant ces deux mois de repos. Je suis tranquillement assis au barza, lorsqu’une voix rauque me surprend. C’est mon père qui m’invite à entrer dans sa voiture. Très bizarre, me dis-je. Je n’ai l’habitude d’y mettre les pieds que le jour du Seigneur. Pour me rassurer, il me dit que c’est une affaire de quelques minutes. J’aurais été vraiment rassuré s’il n’arbore pas ce fameux sourire mystérieux qu’on lui connaît avant une punition. Quelle bêtise ai-je encore fait ? Pourtant, j’ai été sage durant la semaine.
Sans trop tarder, j’obéis et en peu de temps qu’il ne faut pour dire « On va où ? », on s’engage sur une route que je n’ai encore jamais vue. Je remarque une forte présence de couturières sur une longue et interminable rue. Arrivé à l’autre bout, mon père s’arrête puis s’en va parler à l’une d’entre elles. Brève discussion au terme de laquelle mon paternel reçoit de son interlocutrice une sorte de tissu plié moyennant une petite liasse de billets.
De nouveau dans la voiture, avant que je ne puisse lui poser de questions, mon père éclate de rire pendant un petit instant puis, me tapotant l’épaule, lance en ma direction : « Aujourd’hui, tu vas devenir un homme, fiston ! »
Des gros bras, une aiguille puis le noir
Plusieurs kilomètres et beaucoup de suspense plus tard, nous arrivons à un très grand centre hospitalier entouré par une forêt, semblable à ceux que l’on voit dans les films d’horreur. C’est à ce moment-là que je commence vraiment à m’inquiéter. A l’accueil, nous rencontrons deux individus en blouse bleue qui s’emparent de moi sans autre forme de procès. Je ne leur résiste pas puisque même papa n’a pas l’air de s’inquiéter. Confus, sans trop savoir si je dois avoir peur, je me laisse emporter par ce tas de muscles.
Nous arrivons dans une pièce à demi éclairée. Au milieu, près d’une table en acier luisant sur laquelle est braquée une lampe, se tient un homme ganté, en blouse bleue et qui porte un masque. Je n’ai même pas le temps d’étudier ce nouvel environnement que l’on me déshabille et me revêt le tissu que mon père a acheté tout à l’heure. Quelle n’est pas ma surprise lorsque je me rends compte que c’est une robe. Deux secondes plus tard, je suis victime d’un plaquage injustifié sur la table en acier, puisque je n’ai jusque-là opposé aucune résistance. Mon calme olympien se rompt quand je vois l’homme masqué approcher, une aiguille à la main. Mon cœur s’emballe et je donne des coups de pied effrénés. Trop tard. Les autres ont déjà anticipé ma réaction. Ils m’immobilisent si bien qu’on m’injecte sans difficultés un sédatif qui m’envoie valser dans l’abîme.
Je me réveille quelques heures plus tard, sur le siège passager de la voiture. Une douleur atroce au niveau de mes parties intimes provoque des migraines atroces. Un coup d’œil en bas et, stupeurs et tremblements, j’aperçois un pansement. Sur le coup, je crois qu’on a coupé mon petit bonhomme ! Je crie alors de toutes mes forces, au risque de causer un accident. Le regard que me lance mon père a le don de me fermer le clapet. Le reste du trajet se termine en sanglots muets.
La première nuit s’égrène sans sommeil. Je souffre le martyre, surtout lorsqu’il s’agit d’uriner. Les jours passent et je m’en remets si bien que la vie finit par retrouver son cours normal.
Cette dialogue est intéressant car moi aussi cet événement nous a accompagne