Chaque mois, des millions de filles vivent un phénomène naturel, mais encore trop souvent mal compris ou mal nommé : les menstruations. Ce n’est ni une maladie, ni une faiblesse, encore moins une saleté. Au contraire, c’est une manifestation de vie, de santé, et de puissance.
Chères sœurs,
Je vous écris aujourd’hui avec respect et affection. En tant que garçon, je n’ai pas la prétention de tout comprendre de ce que vous traversez chaque mois. Mais j’écoute, j’observe, et j’apprends. Et ce que j’ai remarqué, c’est que beaucoup d’entre vous disent, au moment de leurs règles : « Je suis malade. » Ces mots me dérangent, non pas parce qu’ils me choquent, mais parce qu’ils ne vous rendent pas justice.
Vos menstruations ne sont pas une maladie. Elles ne sont pas un accident. Ce sont des signes de bonne santé, d’équilibre hormonal, de fertilité et de fonctionnement naturel de votre corps. Bien sûr, je ne minimise pas les douleurs, la fatigue, les désagréments parfois intenses que vous ressentez. Mais ce n’est pas parce que c’est difficile que c’est une maladie. Les douleurs menstruelles sont réelles, et votre inconfort mérite d’être entendu, respecté et soulagé. Mais cela ne doit jamais vous faire penser que vous êtes défectueuses ou affaiblies. Au contraire, ce que vous vivez témoigne d’une force silencieuse, constante, admirable.
Chères sœurs,
Je pense qu’il est temps de changer le vocabulaire, de choisir des mots qui vous élèvent plutôt que de vous réduire. Dire que vous êtes malades, c’est entretenir une image faussée de votre corps. C’est le priver de sa dignité, de sa vérité. Vos règles sont la preuve que votre corps fonctionne, qu’il est vivant, qu’il est prêt, qu’il est fort. C’est aussi un moment de transformation, de cyclicité, d’ancrage dans votre féminité. Il faut des mots qui reflètent cela.
Et puis, il y a cette idée, encore tenace dans certaines cultures et milieux, que les menstruations sont un sujet tabou, qu’il faut cacher ou dont on ne doit pas parler. Ce silence est dangereux. Il nourrit la honte, l’isolement, la désinformation. Il empêche les filles de comprendre ce qui leur arrive, de demander de l’aide ou même simplement d’exprimer ce qu’elles ressentent. Mais vous avez le droit d’en parler. Vous avez le droit de nommer ce que vous vivez. Vous avez le droit de refuser la gêne et de revendiquer la normalité de vos règles.
Je vous écris donc pour vous encourager : ne laissez personne, pas même vous-mêmes, vous faire croire que vos menstruations sont une maladie. Reprenez le pouvoir sur les mots. Reprenez le pouvoir sur votre corps. Brisez le tabou. Affirmez votre vérité. Parlez, partagez, et soyez fières.
Avec tout mon respect,
Votre frère qui vous admire.