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Cibitoke : la communauté au centre de la réhabilitation des infrastructures

C’est une triste évidence, la guerre a détruit les infrastructures publiques et a laissé la population dans la précarité. Effacer les résidus de la violence qui a touché la société passera nécessairement par la cicatrisation des plaies qu’est la destruction des infrastructures vitales telles que les écoles entre autres. Les partenaires de développement tel que l’UNICEF l’ont bien compris et s’attèlent, avec ses partenaires locaux, à la construction et à la réhabilitation des infrastructures scolaires, après l’identification des besoins au sein des communautés. Concrètement, comment se présente leur action à Cibitoke ? Un blogueur a emprunté la RN5 pour le voir de ses propres yeux.

 La RN5 est une route unique dans son genre. Presque rectiligne, en excellent état, sauf pour le tronçon de Nyamitanga-Gasenyi où elle commence à se dégrader sérieusement. Ce n’est pas pour rien que les chauffeurs l’appellent ‘’ikirago’’ (une natte) pour signifier que non seulement elle ne présente pas de tournants difficiles à négocier, mais aussi qu’il n’y a ni pentes ni crêtes dangereuses. Le seul danger est de trop appuyer sur le champignon et de rouler à vive allure. Bref, en à peine une heure de route, nous franchissions le Nyamagana, une rivière tout près du centre de négoce de Cibitoke.  Vous imaginez qu’on n’a pas pris la route comme ça sans prendre des renseignements préalables. Par le truchement d’un contact, on savait qu’il y a un partenaire de l’UNICEF qui exécute un projet de construction et de réhabilitation   des infrastructures, en l’occurrence JRS. Il s’agissait avant toute chose de trouver l’adresse de cette organisation. Quelques minutes de recherche nous voilà dans les bureaux de nos interlocuteurs. Pour être honnête, je suis toujours sceptique quand il faut parler aux responsables des projets parce que certains ont la fâcheuse manie de trop embellir les choses. Pour contourner tout ça, il faut commencer par aller voir les réalisations pour revenir parler aux responsables après.

Les fruits de Komeza wige

Les œuvres parlent plus que les mots. Et pour confirmer cela, nous nous sommes rendus à l’ancienne EP Cibitoke qui est devenue Ecofo Cibitoke. Il y a quelques années, cette école était faite de deux salles de classe construites dans les années 1955. C’est la paroisse de Cibitoke qui avait prêté le reste des locaux à la direction d’Education dans cette province. Aujourd’hui, cela a changé. D’autres salles ont été construites, la paroisse ayant récupéré les siennes.  Cependant, même après que l’Ecofo Cibitoke a été dotée des autres salles de classe propres à elle, personne n’a pas pensé à la construction d’une crèche ou d’une maternelle. Cela n’a pas échappé aux responsables de JRS qui ont donc construit deux salles de maternelle 1 et 2. Cela a été réalisé grâce au projet Komeza wige exécuté par JRS et financé par l’UNICEF. Lorsque nous débarquons donc à cette école située à la TR8 Cibtoke, à quelque 50 m à droite de la RN5, nous découvrons une scène à même d’arracher une larme d’admiration au plus misogyne des hommes : de touts petits enfants en cercle au tour d’une maitresse consciencieuse, sous un arbre géant.  Ils répètent en chœur des mots que la maitresse égrène.  Tout ça c’est mignon, mais il faut voir les installations. Les salles sont vastes, à l’intérieur, des minuscules chaises et tables.  Deux tableaux noirs, 1 devant et 1 autre derrière où est dessinés des lettres calligraphiées d’alphabet. On y a ajouté des bancs pupitres, toujours minuscules. « On s’est retrouvé en sureffectif. C’est pourquoi on a ajouté des bancs pupitres », indique Mme Marie-Chantal Niyokwizera, la maîtresse responsable. Après la remise de ces salles de classe, le constat a été que les dimensions des grillages de protections des vitres sur les fenêtres n’étaient pas adaptées. Les malfaiteurs pouvaient se glisser dans les salles de classe. La JRS a été mise au courant et s’est occupée du problème, a ajouté la maîtresse. Notre contact de l’UNICEF profite de ce que la maîtresse vient de dire pour glisser une touche technique à la conversation : « C’est le mécanisme de feedback des bénéficiaires ».

Un autre problème a été soulevé par M. Pierre Kidaga le directeur de l’école : des toilettes adaptées aux enfants du préscolaire. La JRS promet de résoudre ce problème dans les prochains jours.

La mise au point des bureaucrates

Sur les murs des bureaux de JRS, une inscription sur une affiche attire notre attention : Education cannot wait. Je ne suis pas Shakespeare, mais j’ai quand même compris. Tout ça c’est noble, mais pourquoi avoir choisi la reconstruction et la réhabilitation des infrastructures scolaires à Cibitoke. On aurait pu choisir la réinsertion des élèves rapatriés, la nutrition des enfants, etc. Le responsable du projet s’échine alors à nous expliquer qu’en fait après le glissement de terrain de Nyempundu (dans la commune de Mugina), les priorités ont été fixées par l’UNICEF, le gouvernement du Burundi et la JRS. Tenant aussi compte de la proximité avec les pays voisins et la mobilité des populations que cela implique, il a été décidé de construire des infrastructures durables. Sinon, on ne peut pas réinsérer les élèves rapatriés s’il n’y a pas des infrastructures dignes de ce nom pour les accueillir, a renchéri le responsable du projet Komeza wige à JRS. Du reste, l’UNICEF et son partenaire a utilisé un outil important pour être sûr d’apporter une solution adaptée aux besoins des communautés : l’approche inclusive pour l’identification des bénéficiaires et des besoins.  Quant aux réalisations, un des responsables du projet a annoncé fièrement que Komeza wige C’est 6 salles de classe de fondamentale, 8 salles de classe du préscolaire et 2 blocs de latrines (1 bloque=5portes) ont été déjà construits, mais aussi 10 salles de classe qui ont été réhabilitées à Cibitoke. Que dire de plus ? Que nous avons visité des salles de classe en réhabilitation à Karurama et que nous avons constaté que Komeza wige qui couvre la période de novembre 2022 à janvier 2025 n’est pas que de belles paroles d’espoir, mais des actes concrets aussi.

 

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