Un petit séjour à l’Hôpital Régional de Gitega m’a fait comprendre que la santé au Burundi ne serait pas ce qu’elle est sans le soutien des partenaires techniques et financiers. Ce texte est un remerciement à toutes les partenaires de la santé qui rendent les soins de santé possible au Burundi, de la part d’un bénéficiaire.
Vous savez, il y a des jours où l’on se retrouve à l’hôpital, et on se demande ce qu’on fait là. Moi, j’y étais comme garde-malade. Au lit de ma patiente Claire Niyongere, c’était des journées de soins, de médecins et de bruits de chariots à toute heure du jour et de la nuit. Chaque fois que je voyais les équipements brillants et les soins impeccables, je me disais que les médecins et infirmiers avaient des superpouvoirs. Sauf qu’à la sortie de l’Hôpital, j’ai eu une autre version de l’Hôpital. J’ai compris qu’à côté des compétences du personnel de la santé, c’est aussi grâce à la magie des partenaires invisibles, qui rendent les soins de santé possible.
Gratuité, il y a en réalité quelqu’un qui paie
Claire, future maman d’un bébé qui, je l’espère, sera aussi mignon que son grand frère Odalrich, est à l’Hôpital depuis deux semaines pour une menace d’accouchement prématuré. Comme un malheur ne vient jamais seul, Odalrich, âgé de 3 ans, vient d’être transféré avec une ambulance médicalisée offerte par la Banque mondiale. Il doit être opéré pour une hernie inguinale étranglée « Musipa en langue nationale ». Heureusement, la gratuité des soins pour les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans était là comme bouée de sauvetage. Entre les échographies de Claire, les consultations chez le chirurgien pour son fils, les examens de laboratoire, l’intervention chirurgicale et les journées d’hospitalisation, Claire n’a rien payé.
Louant la gratuité des soins initiée par le gouvernement, une infirmière m’a sèchement rappelé que la gratuité des soins n’existe pas en réalité, parce qu’il y a quelqu’un qui paye au final. « Ce sont les partenaires financiers, comme Cordaid et Enabel qui rembourseront tous les soins via ce qu’on appelle « Financement basés sur les performances », confie l’infirmière.
Grâce à ces partenaires, Claire n’a pas eu à se battre avec des montagnes de factures. Finis les temps où les patients en maternité et en pédiatrie se demandaient si elles allaient devoir vendre un lopin de terre pour payer les soins médicaux. Cela donnait à Claire la tranquillité d’esprit nécessaire pour se préparer à recevoir son futur petit être.
Équipements, mais aussi compétences spécialisées
Quand Claire a appris que son petit Odalrich allait être opéré, elle était devenu un sacré mélange de panique et de courage. L’Hôpital n’a pas de chirurgien académiquement reconnu. Mais, quelle belle surprise quand elle a découvert que le médecin généraliste qui allait s’occuper de son fils, avait reçu une formation chirurgicale grâce à Cordaid. Oui, vous avez bien entendu, Cordaid, qui apparemment ne finance pas seulement des projets pour creuser des puits ou distribuer des fournitures scolaires, mais aussi pour former des chirurgiens. Finalement, tout s’est bien passé.
Sauf que le stress de l’intervention d’Odalrich, a aggravé la pathologie de Claire. Elle a fini par accoucher prématurément par césarienne, mais gratuitement. L’infirmière m’a fait savoir que la césarienne « présumée gratuite », sera remboursé par un partenaire financier à hauteur de 374 000 Fbu, et que chaque journée d’hospitalisation de Claire coûtera au partenaire 7 000 Fbu, et 8500 Fbu pour chacun de ses deux bébés en hospitalisation. Et oui, la petite Martine est née prématurément avec 900 grammes, et a été admise dans une couveuse en néonatologie, un véritable écrin de technologie, gracieuseté de l’OMS sous financement du Japon.
Le premier jour où Claire est entrée dans la salle des prématurés, pour voir Martine dans sa couveuse, elle a eu l’impression que Martine était en train de vivre dans une petite station spatiale, et voyait l’infirmière comme un astronaute qui venait lui faire des contrôles de routine. Martine a commencé à gagner du poids et à grandir. Ella a reçu le premier vaccin gratuitement, grâce à GAVI, le héros invisible derrière la vaccination gratuite. Au final, quand nous avons pu enfin ramener Martine à la maison, après avoir dit merci au personnel de santé, Claire a presque eu envie aussi de remercier la couveuse personnellement.
Cheval blanc
En néonatologie, Dr Joëlle, m’a raconté qu’il y a une année, l’hôpital était en plein combat contre la pénurie d’oxygène. Chaque jour ressemblait à un épisode de “mission Impossible”, où la vie des bébés avec détresse respiratoire était en danger. C’est là que l’UNICEF est entré en scène comme un chevalier blanc en construisant une usine de production d’oxygène à cet hôpital. « Imaginez notre joie lorsque nous avons découvert que nous n’avions plus à jouer à « Où est mon oxygène ? » et que nous pouvions enfin respirer continuellement à pleins poumons. C’est la qualité de la prise en charge des bébés qui est sortie améliorée », confiait Dr Joëlle.
Un grand Merci
Aujourd’hui, compte tenu de ce témoignage de Claire, et après avoir vu à cet hôpital comment l’UNICEF finance la gratuité de la prise en charge gratuite de la malnutrition, et comment l’UNFPA finance et soutiens la prise en charge gratuite des patientes avec fistules obstétricales, je me dis que les vrais super-héros sont les partenaires techniques et financiers de la santé, et que les malades sont juste les chanceux qui bénéficient de leurs pouvoirs.
Je plaisantais souvent qu’un jour, je commencerai une carrière de remerciements publics pour les dons dans le secteur de la santé au Burundi. En réalité, je me suis senti reconnaissant. J’adresse un grand merci à tous les partenaires, ces bienfaiteurs de l’ombre qui rendent accessibles les soins de santé aux nécessiteux. Vous êtes les véritables héros des histoires des malades. Claire et ses enfants sont sortis de là avec une meilleure santé et un sourire sur le visage. C’est cela, le meilleur des deux mondes.