Dans les hôpitaux burundais, le service de stabilisation thérapeutique (SST), est un sous-service de la pédiatrie au chevet des malnutris aigues sévère. Dans un pays où 56 % des enfants de moins de 5 ans sont chroniquement malnutris, 4,8 % avec une malnutrition aigüe, et 27,6 % avec une insuffisance pondérale, comment se fait la prise en charge de la malnutrition ? Quels sont les actions et engagements de l’UNICEF Burundi ? Témoignage.
« Mon fils Nixon revient de loin, de très loin même ». Ces propos sont ceux de Béatrice Niyondiko, rencontrée à l’Hôpital Régional de Gitega dans le service de prise en charge de la malnutrition aigüe. Nixon est né en novembre 2021 sur la colline Zege, dans une communauté des autochtones Batwa de cette colline. Il est le sixième enfant de la famille, né d’une grossesse à terme, mais avec un faible poids de 2,300 kg. Selon les chiffres, en 2022, 45 000 femmes enceintes souffraient, elles aussi, de malnutrition aigüe.
Le petit Nixon, nourri exclusivement au sein de sa maman, a grandi normalement lors de sa première année. Avec une maman qui fait de la poterie, et un papa, mendiant en ville, la famille est frappée en décembre 2022, par une crise financière sans précédent. Or, Niyondiko, la mère, était enceinte du septième enfant. Nixon commence alors à maigrir. Alors qu’il avait 9 kg, il ne lui restait plus que 5 kg à un an. Petit à petit, ses pieds et mains ont commencé à gonfler « tel un ballon », sa masse musculaire a fondu : « Il ne lui reste plus que le squelette. Vers le mois de janvier 2023, je pensais que mon petit allait mourir. Il avait tellement maigri », se souvient Niyondiko avec tristesse.
Heureusement, explique la maman, pendant cette même période, ils ont reçu la visite d’une maman lumière qui a diagnostiqué Nixon de malnutrition très grave, et leur a dit qu’il devait être conduit à l’hôpital. « Elle nous a confiés à un agent de santé communautaire, qui nous a adressés à son tour au centre de santé le plus proche, celui de Kwibuka ». Là-bas, l’infirmière qui les a accueillis leur a expliqué que le centre de santé ne prenait en charge que la malnutrition modérée. Elle leur a délivré une fiche de référence, et a appelé l’ambulance qui les a transférés à l’hôpital.
Stabilisation thérapeutique
À son arrivée à l’hôpital, Niyondiko a présenté la fiche de référence à l’infirmière du service des urgences. « Comme ici nous prenons en charge les cas de malnutrition aiguë sévère, les enfants nous parviennent souvent par transfert. Via la prise des paramètres vitaux, poids/taille, le périmètre brachial et la consultation d’un médecin, les cas de malnutrition dépistés ou confirmés sont hospitalisés directement en SST », confie une infirmière du service des urgences pédiatriques.
Pendant les premiers jours, le petit a été nourri uniquement au lait thérapeutique appelé F75 puis le lait F100 préparé par l’infirmière. Quelques jours après, l’infirmière a ajouté au lait un autre aliment qui ressemble à une pâte emballée qu’on appelle Plumpy’Nut, et Nixon prenait un sachet par jour. Niyondiko signale également que le service de SST dispose d’un espace de jeu où jouent les enfants malnutris pour être stimulé et éveillé.
Après quatre semaines, Nixon avait retrouvé complètement sa santé et le médecin les a libérés avec d’autres sachets de Plumpy’Nut qu’elle devait continuer à donner au petit à la maison. Du haut de ces deux ans, Nixon a repris du poids et il a aujourd’hui 12 kg.
Education pour la santé
Avant la sortie, la maman a reçu des leçons d’accompagnement sur la bonne utilisation des récoltes, afin d’assurer une alimentation équilibrée des ménages. « Nous avons appris l’importance d’aménager des jardins potagers pour améliorer la nutrition des enfants. J’ai aussi appris à composer moi-même des repas équilibrés tels que les bouillies et les soupes », se réjouit Niyondiko.
L’histoire de Nixon n’est qu’un exemple des nombreuses vies sauvées grâce à la prise en charge de la malnutrition qui se fait dans les services de SST en partenariat avec l’UNICEF Burundi. Aujourd’hui, le petit Nixon fête chaque jour la victoire contre la malnutrition, dans une émouvante complicité avec sa mère.