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Une année après, Ndayishimiye toujours au four et au moulin

Le 18 juin 2020, Evariste Ndayishimiye a prêté serment comme nouveau Président de la République du Burundi au stade Ingoma de Gitega. Une année, ce n’est pas très long dans la vie du pays, mais c’est assez pour juger de l’orientation de la politique du pays. Quel cap ont pris Ndayishimiye et son RetaMvyeyi RetaNkozi, une année après l’investiture ? Décryptage. 

De façon remarquable, le volet diplomatique a pris l’exact contrepied de son prédécesseur. Depuis son investiture, Evariste Ndayishimiye a repris le bâton de pèlerin pour sortir le Burundi de l’isolement dans lequel il est plongé depuis la crise de 2015. Selon une certaine opinion, il a hérité d’un pays marginalisé à l’échelle régionale et internationale. Pour relever ce défi, la Guinée Equatoriale, la Tanzanie, le Kenya, l’Ouganda et l’Egypte lui ont déjà déroulé le tapis rouge.

Une offensive diplomatique accompagnée d’actes concrets  

Même s’il n’a pas encore foulé le sol européen, un dialogue de haut niveau a été renoué entre ces deux partenaires. En outre, les ambassadeurs européens sont revenus dans les bonnes grâces du pouvoir, de vrais habitués de Ntare House actuellement. Au-delà des apparences, l’espoir d’une normalisation imminente est permis. En attendant, c’est le statu quo. L’offensive diplomatique enclenchée a déjà connu un succès. Ici on peut citer notamment le retrait du Burundi sur l’agenda du conseil de sécurité de l’ONU et de l’UA.

Dans la même logique de dialogue avec tous, le Président Ndayishimiye a demandé au Conseil National de la Communication (CNC) de s’asseoir avec les responsables des medias sanctionnés ou suspendus dans le pays. Comme résultat, la Radio Bonesha FM a été autorisée d’émettre à nouveau et les commentaires sur le site  d’Iwacu ont été autorisés. Récemment, le Journal Ikiriho a eu le feu vert du CNC. Dans la foulée, ce conseil a fait savoir qu’il n’y a pas de grandes entraves pour que la BBC puisse émettre au Burundi. Par ailleurs, des milliers de prisonniers ont bénéficiés de la grâce présidentielle. Par ses actions, le Chef de l’État a consolidé le capital  sympathie d’homme modéré que les analystes lui avaient crédité.

Opération main propre : Neva says never

Durant cette première année de pouvoir, nous avons assisté à une vague de destitutions tous azimuts des fonctionnaires de l’état. En effet, la ministre du commerce, le directeur du budget au ministère des finances, tous les comptables  communaux, etc. ont été balayés par cette déferlante. Pour les plus enthousiastes, cela a sonné comme le début d’une opération manipulite contre les coupables de malversations et de corruptions. Un coup de comm’ rétorquent les sceptiques. Ces derniers sont catégoriques : sans poursuite judiciaire, la lutte contre la corruption demeurera lettre morte. Si la corruption persiste après plus de quinze ans de  pouvoir du parti de l’aigle, force est de reconnaître que les responsables de ces tares sont à l’interne de cette même structure. La croisade contre la corruption  du  Président Ndayishimiye les met donc en danger. S’attaquer à la corruption, c’est se mettre à dos certains caciques du pouvoir. Un risque énorme d’autant plus que cela pourrait conduire à une implosion du parti. Le Président Ndayishimiye a beau appeler à l’ouverture et au dialogue, son parti, encore militarisé et très hiérarchisé, reste un rouage essentiel de son pouvoir.

Le manque de devises : le caillou dans la chaussure du président 

Au niveau économique, le manque de devises reste toujours un casse-tête pour le gouvernement. Face à ce problème, toutes les solutions proposées par son prédécesseur ont fait chou blanc. Entre autres, l’encaissement des transferts internationaux en monnaie locale, l’exigence de faire payer tous les biens et services au Burundi en monnaie locale, l’hébergement des comptes de toute personne morale à la banque centrale, l’instruction d’aligner les taux de change à celui de la banque centrale, et enfin, la fermeture des bureaux de change. Monsieur le Président, vous avez encore du pain sur la planche. Trouvez la bonne formule et le peuple vous en  sera très reconnaissant !

 

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