Le TGI de Gitega a condamné pour dénonciation calomnieuse Emilienne Sibomana qui avait accusé publiquement le directeur d’une école d’abuser sexuellement des élèves filles. Au-delà de la lourde peine qui vient de lui être infligée, bien de gens se demandent s’il n’y a pas des zones d’ombres dans ce procès où celle qui a dénoncé l’infraction se retrouve écrouée. Qui est cet abbé qui semble avoir passé à travers les mailles du filet de la justice ? Quid du déroulement du procès ? Un reporter de Yaga a mené une petite enquête.
Qui fera justice à Emilienne ? Récemment, nous avions parlé de cette femme qui croupit à la prison de Gitega pour avoir osé dénoncer publiquement l’abbé Laurent Ntakarutimana, le directeur du Lycée Christ-Roi de Mushasha d’abuser sexuellement des jeunes filles sous sa responsabilité. La mauvaise nouvelle est que l’ancienne secrétaire vient d’être condamnée à une peine de servitude pénale de 5 ans et à payer des dommages et intérêts (D.I) de 5 millions de Fbu. En cas de non payement de ce montant de D.I, Emilienne encourt une peine supplémentaire de 25 ans de ce qu’on appelle dans le jargon juridique la contrainte par corps, c’est à dire une peine de service pénale qui replace les D.I, à raison de (100 000 Fbu pour un mois).
Voilà les récents développements de cette affaire qui a tenu en haleine les Burundais, et particulièrement les défenseurs des droits des femmes. Après la consternation suscitée par cette condamnation dans l’opinion publique, des questions ont fusé. Qui est cet abbé ? Y aurait une main invisible qui le protège ? A-t-il des antécédents qui auraient échappé à la justice ? Le procès a-t-il été bien conduit ?
L’affaire était trop mal barrée
Au commencement, le ministre d’Education (en compagnie d’autres ministres) a organisé une réunion. C’est au cours de cette réunion qu’Emilienne s’est levée pour pointer un doigt accusateur vers l’abbé en question. Ce dernier n’était pas présent dans la salle. Pour être précise, Emilienne a révélé qu’il y avait même un matelas dans le bureau du directeur, qu’il utilisait pour commettre ses forfaits. Ici une question se pose déjà : pourquoi, après avoir entendu ces graves accusations, le ministre n’a pas demandé, toute affaire cessante, que ce fait soit vérifié ? Tout ce qu’il a dit est qu’une enquête allait être menée pour vérifier la véracité de ces accusations.
Dans notre périple pour comprendre les déconvenues d’Emilienne, nous nous sommes rendu au Lycée Notre Dame siège de la Sagesse de Mutoyi que l’abbé a dirigé pendant 7 ans avant d’être affecté au Lycée Christ-Roi. Là, un enseignant (dont on taira le nom, pour des raisons évidentes) nous a affirmé que quand il est revenu rendre visite à ses anciens collègues, l’abbé leur avait révélé au détour d’une conversation qu’il avait effectivement un matelas dans son bureau parce qu’il devait appliquer un encadrement rigoureux à sa nouvelle école, car il y avait été affecté pour y remettre de l’ordre.
Que pensent ceux qui connaissent l’abbé Ntakarutimana?
Nous nous sommes entretenus avec 4 personnes de Mutoyi qui connaissent l’abbé en question, tous sont unanime : l’abbé est un grand bosseur. Il parle couramment Italien. Il aime les choses bien faites. Il ne tolère pas l’incompétence ou la négligence de la part de ses subordonnés. La plupart des écoles de la commune Bugendane sont des écoles sous convention catholique (exceptées Kivuvu et Nkanda). Il paraît qu’il a fait chasser 6 des 9 directeurs qu’il trouvait incompétents.
En outre, il aurait été trainé en justice par 5 enseignants qui l’accusaient de les avoir mal coté en leur accordant la note « bon » (une mauvaise note). Ils ont été déboutés par le tribunal du travail. Il est tellement appliqué dans son travail qu’il fait l’encadrement des élèves pendant les heures avancées de la nuit au point qu’il a failli se faire tirer dessus quand il rentrait de son travail à 2h du matin. Ses anciens subordonnés reconnaissent également que beaucoup de locaux de l’école ont été construits grâce à son abnégation et son acharnement.
Sauf qu’il y a un hic ! « Il y avait toujours une file des élèves filles devant son bureau », a affirmé l’une de nos sources. Certaines venaient sûrement pour lui demander un conseil ou une aide qu’il accordait d’ailleurs gentiment. Mais les élèves garçons et certains enseignants trouvaient cela très louche. En tout cas certains enseignants trouvaient bizarre la manière dont se comportait Abbé Ntakarutima avec les élèves filles.
La justice n’aurait-elle pas dû procéder par une enquête plus approfondie à ce sujet pour en avoir le cœur net ? Cela est d’autant plus important que ces dernière années, nous entendons souvent des Prêtes qui abusent ou ont abusé sexuellement de leurs jeunes ouailles. Sieur Ntakarutima prend de temps en temps une bouteille de Royale, mais ce n’est pas ce qu’on peut appeler un adepte de Bacchus, affirment nos sources de Mutoyi. Par contre, il aimait faire le tour des bars des endroits comme Jabe de la localité de Mutoyi pour y débusquer des élèves.
Une main invisible qui le protège ?
Certaines sources de Mutoyi affirment qu’en dehors de ses activités sacerdotales et ses responsabilités d’éducateur, sieur Ntakarutimana est un politicien influent et bien introduit au parti au pouvoir. Cela nous a rappelé une conversation bizarre que nous avons eue avec l’une des autorités importante de la province de Gitega dans son bureau. Alors qu’il nous accordait une interview au sujet d’un dossier sur le VBGs, nous en avions profité pour évoquer le cas d’Emilienne, qui n’était pas encore condamnée, il faut le rappeler. Notre interlocuteur s’est rebiffé, nous a demandé d’arrêter l’enregistrement et a fait une mise au point très musclée à notre égard immédiatement. « Personne ne doit plus parler de cette affaire où j’arrête l’interview sur le champ ! ». Nous nous sommes ravisés et l’interview a pu continuer.
Une autre source de Mutoyi nous a rappelé un fait important : l’abbé Ntakarutimana serait celui qui a prié pour la constitution de 2018 qui venait d’être élue et a été promulgué ce jour-là par feu président Nkurunziza. C’était à Bitare en commune Bugendana. « Tout cela pour montrer que l’abbé ne manque pas des accointances avec le pouvoir », a indiqué notre source. Ceci expliquerait-il cela ?
Et le déroulement du procès ?
Les propos accusateurs qui valent à Emilienne la condamnation ont été prononcés lors de la réunion avec le ministre. Dans des cas de VBGs, l’habitude est de voir le suspect arrêté d’abord, tellement ces infractions sont prises au sérieux. Cela pour ne pas permettre au suspect d’échapper à la justice ou d’influer sur l’enquête ou d’influencer/intimider les témoins. Pourtant, dans le cas qui nous concerne, c’est l’accusatrice qui a été appréhendée dès le lendemain par les services de renseignement et pas le suspect. Ce dernier n’a même pas eu le temps de porter plainte. « Cela a influé sur le déroulement de l’instance parce les témoins ont eu peur de voir l’abbé en liberté malgré les graves accusations qui pesaient sur lui », a déploré David le mari d’Emilienne.
A ce niveau déjà, l’article 23, al 2 de la loi anti VBGs en vigueur dit que « Quiconque tente de faire obstruction à des enquêtes ayant pour objet la poursuites de telles infractions (liées à des VBGs), actes ou faits est puni de la même peine que celle prévue pour cette infraction ».
Avant d’accuser Emilienne de dénonciations calomnieuses, la justice aurait dû d’abord procéder à la vérification de ses affirmations avant de conclure que ce sont effectivement des dénonciations calomnieuses. « Quand a-t-elle enquêté puisque Emilienne a été appréhendée le lendemain ? », se demande Me Michella Niyonizigiye, avocate de la partie défenderesse. « A la première audience, nous avons demandé la nullité de procédure afin que commencent les enquêtes sur les abus sexuels dénoncés pour que ma cliente présente les preuves. Ça se voyait que le siège ne voulait pas aller sur ce terrain », a déploré Edgar Muhirwe, l’autre avocat d’Emilienne dans les colonnes du journal Iwacu. C’est quand même bizarre que les enquêtes se soient orientées vers la dénonciation calomnieuse (et donc vers Emilienne) et non vers les abus sexuels (donc vers l’abbé), a relevé un autre juriste qui a requis l’anonymat.
Un autre fait troublant dans cette affaire : Emilienne était syndicaliste. Il paraît qu’une lettre dénonçant les agissements de l’abbé Ntakarutimana avait été envoyée aux autorités compétentes en 2021 et qu’un certain nombre de syndicalistes y avait apposé leur signature. La justice s’est-elle donné la peine d’en savoir plus sur cette lettre ?
A propos des syndicalistes justement, un d’eux a accepté de nous parler après lui avoir promis un total anonymat. Il trouve désolant la manière dont a été conduit ce procès : « Mbega uwoba atazi amategeko wewe ntiyokwibaza icatumye atamatohoza akorwa? ».
Quant à Emilienne, derrière les barreaux de la prison, elle nous a lancé d’une voix basse un désolant « Ni nde azondenganura ? » très proche du cri alarmiste d’Harpagon (l’Avare de Molière) : « Justice, juste ciel ! »
Justice, juste ciel
La question d’Emilienne n’est celle de vérité ou pas mais de procédure.mu butungane nta bishobisho bijayo
Ces gens du clergé ne sont pas poursuivi par la justice africaine.
Mais attendons avec le pape actuel,même des accusations d’il y a longtemps en France sont en traint d’être traité.
Quand on accuse quelqu’un ,il faut des épreuves palpables et pas envoyer la justice de faire ce tu soupsonnes
La justice actuelle.
Ntakintangaza nakimwe…patiri Laurent NTAKARUTIMANA??? Niba ari patiri vyukuri nareke guhenda Imana n’abakristu Hama areke kwigira philosophe Hama akore ivyo yigisha mwisengero. Nakuze numva ngo tubabarire abatugiriye nabi, reka dufate ko secrétaire wiwe yamubesheye! Izonizombabazi yamugiriye? Kumbe Izo nizombabazi aba patiri batwigisha??? Nta vyishi novuga gusa Imana izotanga ubutungane bukwiye kuri buri muntu wewe vivante nivyo yakoze…ubone twabonye vyishi muri kahise kacu. Abatazi ivya préfet des études (igihe Laurent yatwara lycée MUTOYI) nibo bobura amakenga kuri patiri Laurent
Barabaza bangahe mu misore bagwaniye inkumi mu mutoyi canke bakazimufatana.
La loi de la Jungle. Et le ministre de l’intérieur de dire: « Umukobwa azofatwa atwaye inda n’ukumujisha igiti mpaka yerekanye uwayimuteye, n’umugore atagira umugabo gutyo nyene. » et le président de la république de plaider pour une justice sans faille. Quel type de jeux? En tout cas sous la soutane il y a le sexe et l’habit ne fait pas Moine, cette justice que les soi-disant juristes ont peur de poursuivre pour construire une société de droit éclatera au grand jour. Reparlons-nous qu’il y a des fautes qui font écho dont ces accusations de l’abbé… Ensuite l’église catholique couvre toujours de tels comportements mais il aurait fallu trouver une autre façon de lui couvrir…
Vous allez parler du lundi à l’autre lundi !
La vérification directe d’un matelas fera objet de Justice sur VBGs
Merci du texte bien rédigé.Le Burundi ne sera jamais guéri sans la justice équitable
Ibuye riseruts ntiriba ricishe isuka gusa nibaze ko emilienne atari kuvuga ico atazi kk nabapatir nabantu bambaye umubiri