Elle a décroché un travail de nourrice à Bujumbura avec l’espoir de faire vivre sa famille restée à l’intérieur du pays. Mais, hélas, les pulsions d’un adolescent en pleine puberté ne le lui ont pas permis.
Au Burundi, les familles qui accueillent un enfant, souvent, engagent une nourrice pour en prendre soin. Ces nourrices, dans la majorité des cas, viennent des familles pauvres. C’est ainsi que Fafa* (pseudo) arrive à décrocher un travail dans une très riche et respectée famille de Bujumbura. Mais Fafa* ne savait pas que ce travail allait être un cadeau empoisonné.
Il ne fallait pas la toucher
Joe* (pseudo) fait la 8e année dans une des écoles secondaires les plus respectées de Bujumbura. Joe* est pubère : comme tous les garçons de son âge, il a envie d’exploiter sa sexualité. C’est ainsi que Joe* commence à reluquer Fafa* chaque fois qu’elle est dans son sillage. Des envies. Des pulsions. Mais Fafa* n’a pas envie que Joe* la touche : son travail, c’est nourrir ce bébé qu’elle chérit comme le tien, changer ses couches, le porter sur son dos, etc. Alors Joe* va tenter l’inimaginable.
Il arrive que Joe* se retrouve seul avec Fafa*. Étant en 8e année, il fait l’école l’avant-midi et il est libre les après-midis. Un jour, Joe* décide de profiter de ce moment pour approcher Fafa*. Elle refuse. Joe* insiste : « Laisse-toi aller ! ». Fafa* a peur, elle risque de perdre son travail si elle refuse les avances de Joe*. Avec la peur au ventre, elle tombe dans le piège. Cet après-midi, Joe* couche avec Fafa*, pour la première fois.
Joe* commence alors à aller dans la chambre de Fafa*. La nuit, elle entend la porte s’ouvrir doucement et le jeune homme s’infiltre dans ses draps. Comment refuser ? Comment faire savoir aux parents que Joe* profite d’elle ? De sa position de nourrice ?
Fafa*, la plupart des après-midis, elle fait dormir l’enfant et se repose elle aussi. Joe* débarque de nulle part et consomme l’acte sexuel avec elle. Cette fois-ci, Joe*, sans le savoir, vient de concevoir un enfant avec elle : le début des malheurs pour Fafa*.
La traversée du désert
« On ne peut pas accepter que le nom de notre famille soit entaché à cause de ce scandale », dit le père de Joe* quand Fafa* décide de dévoiler qu’elle a été enceintée par son fils. Pour Joe*, éhonté d’avoir enceinté une nourrice, décide de s’isoler. De se couper du monde.
La famille de Joe* accepte de prendre soin de l’enfant qu’il a eu avec Fafa*, mais, en secret. « Notre famille doit faire en sorte que personne ne connaisse ce qui s’est passé », insista le père de Joe*. Quant à Fafa*, elle perd son travail et est renvoyée. On lui promet de prendre soin d’elle durant la période où elle est enceinte. L’enfant né loin de Bujumbura. Et Joe* devient « Papa ».
De temps en temps, il rend visite à son enfant. Mais cet enfant, il ne le porte pas dans son cœur. La mère de son enfant, pour lui, c’est une étrangère. C’est comme si elle n’avait jamais existé : l’idée d’avoir un enfant avec une nourrice le troublera à jamais.
L’histoire de Fafa* n’est pas unique. Lorsque ce n’est pas le fils de la famille dans laquelle travaille, c’est parfois le père de famille, l’oncle, etc. Et la loi burundaise est claire, dans un cas où il n’y a pas eu consentement : l’article 579 du code pénal le précise clairement : « Le viol est puni de quinze à vingt-cinq ans de servitude pénale et d’une amende de cinquante mille à deux cent mille francs burundais ». Cette peine peut être alourdie si le viol est commis dans certaines circonstances.
Les espoirs de Fafa* ne se sont pas réalisés : elle n’a pas réussi à faire vivre sa famille, loin de là. Elle vit dans la précarité en cultivant son champ tout en élevant un enfant qu’elle ne s’attendait pas à avoir. Triste destin.