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Filles et garçons d’honneur : les dindons de la farce ?

De nos jours, l’archétype d’une fête de mariage réussie est une cérémonie grandiose où les boissons coulent à flots et  un décor splendide. La mariée est dans une robe digne d’une  princesse Disney et le mari dans un costard chic, les deux entourés de garçons et de filles d’honneur (dauphins et dauphines) tout sourires. Mais ne vous y trompez pas, pour en faire partie, il faudra débourser.

Ntirumveko. Une valeur, que dis-je, un mécanisme de défense à la burundaise qui consiste à aider notre prochain pour éviter de se voir estampillé l’étiquette de « hater ».

C’est ce qui m’est arrivé il y a quelques semaines. Je reçois un message de la part d’une cousine qui m’annonce qu’elle va se marier. Je suis heureuse pour elle, et cerise sur le gâteau, elle  me dit que je serai l’une de ses dauphines. À ce moment-là,  je ne sais pas encore ce qui m’attend. 

Je dois d’abord contribuer 50 000 Fbu pour la location des robes et le bouquet de fleurs. Je dois ensuite avoir une coupe de cheveux identique aux autres dauphines le jour du mariage. Sans oublier les 20 000 Fbu pour la location de la voiture qui nous déplacera pendant toute la journée. 

De peur de dire non à ma cousine, j’accepte donc. Le jour J arrive, je suis presque prête. Presque, puisqu’il me  manque toujours les 10 000 Fbu pour le maquillage. Je me démerde, non sans mal, puisque je finis par contracter une dette.

Au commencement…

L’initiative de prendre des garçons et demoiselles d’honneur vient d’une coutume romaine. À cette époque, les mariés se rendaient à l’église et étaient accompagnés d’un cortège de jeunes gens du même âge habillés comme les futurs époux.

C’était un moyen de protéger les futurs mariés. Les mauvais esprits ne pouvaient pas différencier les mariés du reste du groupe et ne pouvaient donc pas s’attaquer à eux. Ils seraient ainsi épargnés par les malheurs, croyait-on !

Dans le Burundi ancien, les filles et garçons d’honneurs ont toujours existé mais avec une image et un rôle bien différents de ce qui se fait aujourd’hui. 

Severin Nd. est un septuagénaire qui s’est marié dans les années 1970. Il se rappelle bien des mariages de son époque. « Le mari et la mariée se retrouvaient à la paroisse pour la bénédiction, nuptiale. Faute de moyens de transports, nous nous déplacions à pieds et des fois nous avions plusieurs kilomètres à parcourir ». Avant d’ajouter : « La mariée était accompagnée par ses amies de la même génération mais célibataires, on les appelait « abashingizi. »

Dans leurs imvutano, ces jeunes filles assuraient le moral. Elles chantaient au cours du chemin jusqu’ à la messe et de la messe vers le lieu de réception chez l’époux. Le trajet était souvent long. Le marié aussi était accompagné par ses amis célibataires qui, également, marchaient vers la messe en papotant avec le maquereau pour lui faire oublier la fatigue du trajet.

Couvrir toutes les dépenses ou s’abstenir

Aujourd’hui, les choses ont changé. Les garçons et filles d’honneur bien habillés, cortège des voitures derrière celle des mariés pour le décor,  rivaliser de sourires pour l’objectif de l’appareil photo est un luxe superflu. Si  vous saviez tout le fardeau financier que représente tout cela pour ces jeunes gens qui se voient imposer des dépenses au-dessus de leurs moyens. 

Je ne suis pas contre cette coutume dans les mariages. Le problème c’est quand les mariés n’ont pas les moyens d’assurer les dépenses liées à la démarche. Le plus souvent, ils le font pour imiter ce que d’autres, plus nantis, font.

Pousser des élèves, des étudiants ou des chômeurs à satisfaire les quatre cent volontés d’un couple, aussi proche soit-il, ne me semble pas du tout raisonnable. Nous ne sommes pas non plus obligés d’emporter connaissances et parentés dans les travers du copié-collé.

Le rôle de ces dauphins et dauphines n’est pas indispensable pour un bon déroulement du mariage. Pour ce, il faut qu’ils aient le courage de dire non quand bien même c’est mal vu. L’époque des « ntirumveko » (Que le scandale ne vienne pas de moi, ndlr) est révolue.

 

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Les commentaires récents (8)

  1. Je pense que si tu n’as pas les moyens faut éviter de faire tout cela mais quand tu as les moyens, les garçons et les filles d’honneur sont beaux à voir dans le mariage

  2. Hahah ma chérie, je suis désolée que tu en es allée à contracter une dette pour le maquillage, je suis désolée que la meilleure chose qui soit, est devenue une mauvaise expérience pour toi.

    Certes la mariée est ta cousine, mais j’ai l’impression que la seule chose qui vous lie n’est que vos parents, sinon, vous n’êtes pas vraiment amies.

    C’est un honneur d’être dauphin/dauphine au mariage de quelqu’un, dans le cadre où vous êtes vraiment amis, parce que dans ce cas, il est facile de contribuer financièrement ou emotionnellement. Mon point est que si les mariés connaissent bien leurs dauphins/dauphines, ils ne leur imposeraient pas un lourd fardeau batari sûr ko boshobora.

    Tous les mariages ne fonctionnent pas comme tu l’as décrit- tu ne l’as pas prouvé. Devrait-on prendre ta seule expérience comme ultime réalité ?

    Ton article, vise-t-il le sort des dauphins/dauphines ou tout simplement la bêtise des mariés qui essaient de copier tout en dépit de leurs moyens?

    Merci.

  3. Le comble des malheurs uza wumv munama ya comité kuri liste yibikenewe ngo 5 robes des demoiselles d’honneur 😂😂 pour dire k les membres du comité bategerezwa kubikora😂

  4. Merci de votre partage et je veux dire que ce pratique mondaine n’est pas obligatoire car si on ne le fait pas personne ou aucune loi te jugera, et ça peut influencer ces gars de tomber amoureux par leurs sentiments et émotions sans avoir l’amour entre eux ce qui coûtera la peine de divorce au moment futur. Vivez la flamme.