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Les enfants, ces victimes de violences par procuration

La violence conjugale est une tragédie qui dépasse souvent la seule victime. Alors que la campagne des 16 jours d’activisme touche à sa fin, il est crucial de réfléchir à l’ampleur des violences. Derrière chaque femme qui endure ces violences se cachent souvent des enfants marqués à vie. Trop souvent oubliés, ces jeunes témoins involontaires subissent des répercussions psychologiques, intellectuelles et sociales majeures.

 L’émotion est encore palpable lorsque  Mutoni*, 22 ans, se souvient d’une séquence de son enfance en particulier. Elle raconte: « Quand papa criait, je serrais mon petit frère très fort pour qu’il ne pleure pas. Il disait que ce serait pire pour maman si on faisait du bruit. Alors je restais immobile, je fermais les yeux et je priais pour que ça s’arrête vite. Chaque matin, elle se levait avec le cœur lourd, essayant de masquer la fatigue et la tristesse à l’école. La situation est devenue insupportable quand j’avais 12 ans ».

Ce genre de témoignage illustre à quel point les enfants ayant grandi dans des foyers violents portent des fardeaux émotionnels très lourds à porter. Leurs récits ajoutent l’horreur aux statistiques accablantes.

Des blessures et des séquelles psychologiques profondes.

Les enfants exposés à la violence domestique vivent dans un stress constant. Ce dernier peut entraîner des troubles émotionnels tels que l’anxiété, la dépression et des symptômes de stress post-traumatique. Ces traumatismes influencent leur manière de percevoir le monde, affectant leur estime de soi et leur sentiment de sécurité. Dans certains cas, ces enfants peuvent même développer des troubles comportementaux, alternant entre agressivité et repli sur soi.

Mutoni poursuit: « L’instabilité d’un foyer marqué par la violence a affecté ma concentration et ma réussite scolaire. Le bruit des disputes, la peur constante et les nuits blanches nous éloignaient de nos objectifs scolaires. Socialement, mes sœurs et moi avions du mal à établir des relations saines avec nos voisins, souvent à cause d’un sentiment de honte ou d’un manque de modèles positifs. Ces difficultés nous isolaient davantage et créaient un cercle vicieux. »

Briser le cycle de la violence

L’une des conséquences les plus préoccupantes est la transmission intergénérationnelle de la violence. Les enfants qui grandissent dans un environnement violent risquent de normaliser ces comportements. À l’âge adulte, certains reproduisent ces schémas, tandis que d’autres se retrouvent dans des relations abusives. Pourtant, des interventions précoces et un soutien adapté peuvent leur offrir une chance de se libérer de ce cercle destructeur.

C’est le cas de Mutoni. Son frère a choisi la drogue pour survivre. Sans succès. « Une fois qu’on l’a chassé de la maison, j’avais l’impression de le tuer en retour. J’ai même pensé à me suicider. Maintenant, quand je suis seul, je pense souvent que c’est de ma faute si tout cela est arrivé. Au lieu de me concentrer sur mon avenir, je passe des moments à me culpabiliser pour avoir grandi dans un tel foyer », déclare la jeune fille.

Ce récit n’est pas seulement celui d’une enfant ; c’est celui de milliers de jeunes à travers le pays, porteurs d’une douleur sur lequel ils ont du mal à mettre les mots. Il rappelle l’urgence d’agir pour leur offrir un avenir libéré de cette souffrance invisible.

Chaque action compte, qu’il s’agisse d’écouter, d’éduquer ou de s’engager auprès d’associations. Ensemble, nous pouvons rompre le cycle de la violence et bâtir un avenir meilleur pour ces jeunes et toutes ces victimes silencieuses.

 

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