Cette semaine, les déclarations chocs et le procès éclair de Melchiade Nzopfabarushe, un membre du parti au pouvoir, ont dominé les échanges sur Twitter. Si certains félicitent la justice pour sa réactivité, d’autres dénoncent un appareil judiciaire instrumentalisé…
« Le lac Tanganyika et ses poissons adorent-ils de l’opposant ? », peut-on se demander après avoir écouté les propos de l’ancien haut fonctionnaire de l’État, Melchiade Nzopfabarushe. Pensait-il bien agir ou œuvrer dans l’intérêt du parti ? Certaines langues pensent que oui. Elles dénoncent par ailleurs une idéologie qui est enseignée aujourd’hui aux militants du Cndd-Fdd. Mais le parti au pouvoir n’a pas attendu pour condamner les propos.
Ils commencent a perdre la tete rien d etonnant les propos de BIGIRIMANA Jacques Ndayishimiye et Kora Ibuye riserutse ntiryica isuka. Pas question de se justifier mnt tujanako referendum du sang. Ntinuhendwe yavuze ivyo azi bizoba.
— Ndayegamiye Baltazar (@BaltazarFpl) April 29, 2018
UPDATE #Burundi This is an overview of cnddfdd’s ideology. It was revealed by Melchiade Nzopfabarushe, a senior member of cnddfdd: drowning of opponents of Nkurunziza to feed Tanganyika fishes. 😱 pic.twitter.com/kiH8AuUZot
— akanyegeri (@akanyegeri) April 30, 2018
Cette vidéo où l’on appelle clairement à la haine des opposants au référendum s’est retrouvée sur les réseaux, comme toujours, « par hasard ». Elle a fait le tour du monde en moins de quelques minutes, comme la plupart d’autres d’ailleurs. Mais celle-ci n’a pas laissé le parti de l’aigle indifférent. Condamnation du parti, incarcération à la prison centrale de Bujumbura, procès en flagrance et condamnation… tout était coordonné à la seconde près.
Le @CnddFdd a été surpris d’entendre des propos haineux attribués à M. Melchiade NZOPFABARUSHE, des propos qui peuvent entacher l’unité et la cohésion des #burundi-ais. Le Parti exhorte tous ses membres à la tolérance politique et demande à la justice de se saisir de ce cas. pic.twitter.com/2YHTv3gBz2
— Cndd Fdd (@CnddFdd) April 29, 2018
#Burundi🇧🇮:La justice instrumentalisée qui n'enquête pas lorsque les cadavres flottent sur le Tanganyika a attendu le communiqué du #CnddFdd&de #JaquesBIGIRIMANA pr arrêter l'indiscret.(6) @UNHumanRights @fidh_africa @hrw @EACJCourt @EA_Bunge @AU_PSD @un_burundi @FrontLineHRD pic.twitter.com/rkphHm5cVO
— CAVIB BURUNDI (@CavibBurundi) April 30, 2018
#Burundi Melchiade Nzopfabarushe lors d'un proces dit de flagrance. 15 jours apres les faits. Mediatisation a souhait. Le #CNDD-FDD se constitue partie civile. Parodie judiciaire sans doute. Faits gravissimes helas seconde nature du regime de @pnkurunziza! pic.twitter.com/ZXlRjYvSRs
— KABUTO Daniel (@DANYKAB1971) May 5, 2018
Que faut-il le plus condamner ?
Si quelqu’un me posait la question de savoir ce qui m’a le plus choqué dans cette vidéo, ce ne serait nullement les propos de ce monsieur. Visiblement sa place ne serait seulement pas en prison mais aussi dans un hôpital psychiatrique et à sa sortie dans un centre de formation patriotique pour apprendre à aimer son compatriote.
#Burundi "Vous voyez comment la roue tourne, continuez à prier et soyez sages", a dit Melchiade Nzopfabarushe avant d'entrer en prison pic.twitter.com/c7Sjk2nQT9
— IWACU Burundi (@iwacuinfo) April 30, 2018
Le plus insupportable est de voir ces très jeunes enfants autour de lui, à qui on inculque la culture de la haine, le suivre de manière religieuse comme un père blanc. Quelle leçon retiendront ces gamins à la sortie de cette école de la honte ? « Mr Melchiade nous a dit que les mukeke raffolent de l’opposant. Pour en avoir plus, il faudrait les foutre dans le Tanganyika ». Pauvre de nous.
Sur les réseaux sociaux, il y a d’abord eu le silence ensuite les langues se sont déliées. Tout le monde ou presque a été unanime à saluer la condamnation pour incitation à la haine. « Ces propos incitatifs à la haine et à l’intolérance politique n’ont pas de place dans notre société», disaient les twittos. Notre monsieur croyait-il bien faire ?
Toute personne ayant un plan de diviser le peuple burundais sera vaincu. Le peuple partage une seule langue, un même territoire, même coutumes, donc, indivisible. L'avenir me donnera raison #Burundi
— Sindayihebura Rénovat (@sinrenovat) April 30, 2018
C vraiment d homage kubona Melchiade avuga ibintu nka kurya mubantu!! ndashimira ubutungane kungingo bwafash kuko imbuto mbi ziri mubantu nizo zikwiy kurandurwa
— Peter kijapos (@kijapos) May 1, 2018
M6 pour la réaction du cndd fdd, même les gents qui ont applaudi ont plus besoin d'
un encadrement politique. C'est dommage qu'il y ait des gents qui puissent applaudir à ce genre de propos.— NDUWAYO ANICET (@ndiramiyehelga) April 29, 2018
La réponse de l’opposant
Quoique les chefs d’accusation ne soient pas les mêmes pour Rukuki, certains opposants sont allés jusqu’à rappeler à quel point la justice burundaise reste instrumentalisée. Trois ans seulement pour Melchiade (incitation à la haine) et trente-deux ans pour Germain Rukuki (participation à un mouvement insurrectionnel dans le but de changer le régime constitutionnel). Pour ces derniers, ceci reste incompréhensible.
Ce Melchiade et Germain Rukuki, lequel a porté atteinte à la sécurité de l''Etat? Il n 'y a pas de preuves tangibles pour Rukuki mais uwafatanywe itonga ni 3 ans, uwubesherwa nawe 32 ans. Ewe Burundi
— Darius Sinzoyiheba (@DariusSinzoyih1) May 1, 2018
#Burundi : Melchiade Nzopfabarushe est condamné de 3ans alors que les opposants et #DDHs sont condamnés soit à perpétuité soit à plus de 30 ans comme le cas récent de #Germain #Rukuki. Justice de deux poids deux mesures. @FrontLineHRD@ItaraBurundi @ijmonitor @Trial @AtrocitiesW pic.twitter.com/7N7bATAZtV
— Jérôme Kazabukeye 🇧🇮 (@Kazabukeye) April 30, 2018
#Burundi : Melchiade #Nzopfabarushe who was jailed because of hate speech got in #Mpimba followed by journalists. Punished for 3 years only which would be reduced to 1/4 in 8 months while #Germain #Rukuki (#HRD) who did nothing will passe there 32 ans.@AtrocitiesW @EHAHRDP @Trial pic.twitter.com/4wOiqXx5Ly
— Betty Mushwati (@Mushwati) April 30, 2018
Les commentaires sont parfois acerbes. Les Sindumuja, comme on les appelle, ne se sont pas contentés de l’événement du mois. « Cette sortie n’a plus ni moins ni plus mis en lumière un plan qui se prépare depuis très longtemps au sein du parti de l’aigle », pouvait-on résumer.
Ce qui n’a pas été apprécié par l’autre camp, qui ne cesse de rappeler que le génocide tant chanté et qui s’est constitué en fonds de commerce de l’opposition n’a jamais eu lieu.
Rien n‘est étonnant, mes chers #sindumuja !
Vous avez chanté en 2015 un génocide contre les tutsi, conçu par S.E. Le Président Pierre Nkurunziza et son Parti. Malheureusement pour vous, cet „ENFANT“ n‘est tjrs pas né. Sur quoi comptez-vous pour arriver à vos objectifs?— Julien Ntarugera (@JNtarugera) May 1, 2018
Du reste, les opposants n’ont pas cessé de rappeler les nombreuses mises en garde et vidéos publiées et dont les responsables n’ont pas connu les mêmes sanctions.
Le @CnddFdd ne peut pas se desolidariser de ses propos car depuis Avril2015 les preuves sont là.Cette video de vos miliciens Imbonerakure a fait le tour du monde,aucune sanction car vos bras seculiers pour vos sales besognes au #Burundi @IntlCrimCourt @hrw_fr @fidh_fr @amnestybe pic.twitter.com/MZ3NYwDUYB
— VOIX SANS FRONTIÈRES (@VSF_OFFICIEL) April 29, 2018
Les yeux des Mamadou
Désormais vous aurez affaire à deux « impostures ». Ceci ne vous a certainement pas échappé. Vous êtes-vous cru en train de rêver ? Non, c’est bien vrai, Mamadou s’est dédoublé. Désormais il faut faire avec les deux « Yeux » de Mamadou. L’un est MamadouParle et l’autre est mamdouparle. Disons qu’au Burundi l’esprit de créativité repose toujours sur celle des autres.
À la semaine prochaine.