La twittosphère burundaise depuis plus d’une semaine était aux couleurs de l’EAC et de l’arc-en-ciel : les tweeps kényans ont raillé les Burundais pour leur mauvais goût en termes d’esthétique et leur dèche ; sans oublier la récente loi anti-homosexualité signée par le président ougandais qui a eu son lot de commentaires sur la time-line burundaise. Revue.
Quelle déveine de se retrouver dans les griffes de la twittosphère kényane ! Cette dernière est même arrivée à chasser son propre président (Uhuru Kenyatta) de ce réseau social, c’est dire ! Le pauvre a fui en 2019 (avant de faire son retour en 2022). La cause ? « Les insultes des tweeps kényans ». Ce n’est pas des bobards ce que la twittoscopie vous raconte. Voici les preuves.
In 2019, Kenya's president Uhuru Kenyatta deactivated his .@Twitter account over what he called constant insults and name-calling. At that time, he was the most followed African head of state on Twitter with 3.62 million followers. pic.twitter.com/MrXXR1lnX8
— Africa Archives ™ (@Africa_Archives) April 3, 2022
Perezida Uhuru Kenyatta yahishuye ko yavuye ku rubuga nkoranyambaga rwa Twitter kubera ibitutsi byinshi yahundagazwagaho n’abantu, ku buryo rimwe na rimwe yagiraga ijoro rirerire cyane kubera kubura ibitotsi. https://t.co/WphZIXneZw pic.twitter.com/bepmIfrUDT
— IGIHE (@IGIHE) November 26, 2020
Et les Burundais se sont retrouvés dans le viseur de la communauté kényane présente sur Twitter lors de la récente visite de leur président, William Ruto, à Bujumbura.
President Ruto in Bujumbura, Burundi, for the extra-ordinary summit of the EAC Heads of State pic.twitter.com/Zt6IVBFT3H
— NTV Kenya (@ntvkenya) May 31, 2023
A la manière des Américains qui se moquent entre eux, c’est au « roast » ( concept américain où des célébrités se font clasher par des amis et humoristes) que les tweeps kényans ont confronté de pauvres Burundais incapables de riposter.
« Poorest country in the world »
Ce n’est pas courant que les Burundais se retrouvent sur la twittosphère kényane et croyez-moi, nous aurions préféré passer notre tour. Une marotte voudrait que le Burundais soit calme, réservé…« pudeur burundaise exige ». Les Kényans, il y a quelques semaines, avaient d’ailleurs crié au haro pour savoir si nous existions réellement sur la toile, ils nous taxèrent pour cela de peuple reclu sur lui-même. Du moins au niveau de l’EAC.
Burundi is very unproblematic. We literally never hear from them. No news, no developing stories, no scandals.
We don't even know their president. They just exist.
— JaPrado. (@Dr_AustinOmondi) April 19, 2023
Et pourtant, il suffira d’un seul tweet pour que le Burundi se retrouve, malgré lui, on the map.
I mean no offense, how bad is Burundi?. pic.twitter.com/aXst07UgV2
— The illegitimate Son (@ZuriBrown01) May 31, 2023
« Je n’offense personne, mais à quel point le Burundi est-il dans un mauvais état ? », peut-on traduire littéralement. Bien que condescendant, ce tweet remplissait un certain sens de courtoisie. Attendez de voir les autres tweets. Nous avons choisi de faire fi de ces derniers. Vous pourrez les consulter vous-même.
Cette partie de « roast » n’est pas passée inaperçue chez la twittosphère burundaise.
😭😭😭😭😭😭😭😂😂😂😂😂😂 can’t even defend 💀💀💀💀 #abatwip Iyo twebwe tubivuze tukabitwenga dusemerera ababijejwe bikebure ntibatwumvira 🤷🏿♂️ wosanga kuvugwa nabi mu makungu banegura bimwe nkivyacu arivyo vyotuma bumva. Turarenganye https://t.co/H7FasBWkRV pic.twitter.com/ApyWSiKbQs
— Burundi On The Map (@burundionthemap) June 1, 2023
we’re getting cooked again😭 https://t.co/DqWrWMWxFA
— top_tierr__🗡 (@jinyoroooo) June 1, 2023
Damn we are getting cooked🥲💔 https://t.co/GzspI06tmV
— Gregos (@MutamaGreg300) June 1, 2023
« Sawa basi turasavye ikigongwe »
😭😭😭😭😭😭😭 Sawa basi turasavye ikigongwe 🤣🤣🤣 https://t.co/EcpLMGOzL4 pic.twitter.com/6zcfngBkoy
— H.E Buzoca (@buzoca) June 1, 2023
Et évidemment, ils n’ont pas manqué de rappeler que c’est « le pays le plus pauvre du monde ».
https://twitter.com/funshelf/status/1664207092306124801?t=HCJWMditVqvNyZ8dBhV_uw&s=19
https://t.co/EtwLmuLIQO pic.twitter.com/b284a3290T
— Kap10 🇰🇪 (@KaptenMwendwa) June 1, 2023
Vous comprenez donc pourquoi Uhuru Kenyatta a pris la fuite plutôt que de subir la furie de sa communauté, réputée être l’une des plus virulentes sur Twitter.
Cependant, un seul Burundais (pas deux) a bravé la redoutable, l’imposante communauté kenyane pour défendre ses pairs et son pays.
Burundi is recoverying from numerous wars and internal conflicts. We built bridges while you constructed skyscrapers. The priority was social cohesion not economic growth. Now watch Burundi take off.
— Golden Burundi (@GoldenBurundi) June 1, 2023
« Burundi is recoverying from numerous wars and internal conflicts. (…) The priority was social cohesion not economic growth (…) ». (Le Burundi se remet de nombreuses guerres et conflits internes. (…) La priorité était la cohésion sociale et non la croissance économique.)
Une analyse politico-historique pour mettre de l’eau sur ce brasier de tweets ? In fine, cet Umutwip aura essayé tant bien que mal.
Y a-t-il une leçon à apprendre de cette expérience ?
Oui, effectivement. L’ouverture du Burundi à l’extérieur et sa politique diplomatique (principalement dans l’EAC) l’exposent au monde externe. Cette pudeur et retenue que l’on colle au Murundi devraient un jour disparaître.
Cela nous permet d’ailleurs de bifurquer vers un sujet qui a circulé sur les time-line eacienne. De Kampala à Nairobi, en passant par Gitega, la loi anti-homosexualité ougandaise s’est invitée partout, et chez les #Abatwip sans exception.
La loi qui divise…
La twittoscopie va simplement vous exposer un peu cette kyrielle.
Nimba utari gay/lesbian wombgira ryari wafashe décision kukizoba ton orientation sexuelle à vie ? Woba wibuka ukuntu warinze kwiyunvira cane kubera washiturwa na bose (garçon et fille) hama urafata inzira nziza yogushiturwa gusa n'abo mudahuje igitsina ? #Abatwip
— Kazekare (@ikigatanyakazi) May 30, 2023
Nimba utari gay/lesbian wombgira ryari wafashe décision kukizoba ton orientation sexuelle à vie ? Woba wibuka ukuntu warinze kwiyunvira cane kubera washiturwa na bose (garçon et fille) hama urafata inzira nziza yogushiturwa gusa n'abo mudahuje igitsina ? #Abatwip
— Kazekare (@ikigatanyakazi) May 30, 2023
Ugira ngo ni ibintu wigira inama genre ukadélibéra. Biza ukwo.
Aya ni ya ma débat y'ibintu vya sexe/genre hataragera ko bishika ino. Sinzi umuntu twigeze kuganira kuvya féminisme n'abavuga ngo bari imbere y'abandi, ndamubarira nti genza buhoro, ivya hariya n'ivy'aha sico kimwe. https://t.co/ALicQtIH5H
— 조엘 (@zzzooel) May 31, 2023
Aka n'akumiro. Tugabanye ibishobisho sister kuko même la nature est homophobe. Allez dans la jungle, vous ne verrez pas ça chez les animaux sauvages, rero ushaka kwerekana ko turushwa ubwenge n'ibikoko vyomw'ishamba? https://t.co/Z8Xq6hYszK
— Jean Marie Vianney Irakoze (@ijmvianney) May 30, 2023
Bref. L’avantage avec Twitter (la twittoscopie ne le dira pas assez) est de permettre aux différents points de vue (idéologies) de débattre.
Twitter permet aussi d’exposer des rencontres malencontreuses.
Le tweet plein de détresse
Un thread pour dénoncer un harcèlement publié dernièrement est le sujet phare maintenant sur la twittosphère burundaise.
Chers #Abatwip naraye mbaye choquée à 1 pt! Ejo nahuye n'umugabo muri sauna, ambonye arandamutsa ati amahoro Kid nanje nti amahoro caane ati ndakuzi twitter nti cool. Ngize gutya ngo ngiye kwisukako utuzi abansanze muri douche 🤔tugwana ankura igitenge…1/5
— ineskid (@InesKid1) June 6, 2023
Par cette triste note, la twittoscopie vous dit à la prochaine.