Au Burundi, certains producteurs de tomates ont pris l’habitude de pulvériser des pesticides sur des tomates déjà récoltées prêtes à être écoulées sur le marché alors que cette pratique est nuisible à la santé des consommateurs. Comment mettre fin à cette pratique ? Existe-t-il une méthode saine de conservation des tomates mûres ? Quelques éléments de réponse.
Alors que la loi du 11 mai 2018 réglemente l’utilisation des pesticides au Burundi, l’évidence est que ces produits sont utilisés de manière abusive. Pourtant, cette loi est claire à ce sujet. Dans son Article 1, il est mentionné que ladite loi a pour objectif de réduire les risques liés à l’utilisation de ces produits de manière à ce qu’ils n’entraînent pas de dommages à l’environnement, à la santé des personnes, des animaux et des plantes. Malheureusement, ce n’est pas le cas. C’est le constat qu’on a fait après une visite effectuée à Cibitoke, à Gihanga, dans la province de Bujumbura-Rural.
Cibitoke (grand producteur de tomates au Burundi). Après presque une heure à sillonner de long en large le marché de Rugombo, un fait attire notre attention. Même un aveugle louperait difficilement cet indice. Les tomates aux étalages sont couvertes d’un produit blanchâtre qui s’avère être la Dithane M45. Les agriculteurs ou vendeurs pulvérisent ce produit sur des tomates mures pour éviter que ces dernières ne pourrissent très vite. Ce n’est pas un cas isolé car à Gihanga et dans la province de Bujumbura-Rural, on a découvert la même pratique.
Les pesticides, nocifs à la santé humaine
La pulvérisation de ces pesticides sur des tomates déjà récoltées « avant que celles-ci ne se désagrègent » pourrait avoir des effets néfastes sur la santé humaine qui provoqueraient l’infertilité masculine, des cancers, des maladies cardiovasculaires, etc. Selon un expert, ces produites doivent être utilisés au moins quinze jours avant la récolte. « La nocivité s’estompe avec le temps et aucune autre méthode n’est susceptible d’anéantir totalement sa nocivité. Même la chaleur de la cuisson ou le lavage avec du savon n’y peuvent rien. Ce qui signifie que le produit en question garde entièrement sa capacité de nuisance», affirme l’expert.
Pour combattre cela et protéger la santé publique, le gouvernement a un grand rôle à jouer. Il devrait mettre en place un suivi rigoureux avec des sanctions très sévères pour les agriculteurs utilisant les pesticides sur des tomates déjà récoltées. Cela revient à réviser la loi du 11 mai 2018, car cette loi ne prévoit pas de sanctions. Mais au-delà des sanctions, il faut sensibiliser la population sur la dangerosité de ces produits. Pourquoi ne pas inviter les acheteurs à boycotter les tomates cueillies pulvérisées si elles sont nuisibles à la santé ?
La cendre, une alternative saine et accessible
Contrairement aux autres agriculteurs, qui pulvérisent des tomates après récolte pour éviter que celles-ci ne pourrissent rapidement, Nduwimana, lui a trouvé une méthode saine sans effets négatifs pour la sante. Apres plusieurs essais et erreurs, ce cultivateur a découvert une technique consistant à conserver ses tomates dans la cendre. Et la méthode marche bien : « Je peux conserver mes tomates dans la cendre pendant une période de cinq à six mois », précise Vital. Et il a inspiré d’autres cultivateurs, notamment ceux de Cibitoke. Un bel exemple que d’autres producteurs de tomates devraient suivre. Encore faut-il vulgariser cette méthode.
Merci beaucoup pour votre article. C’est une alerte pro santé que toutes les parties prenantes de la culture de tomate devraient prendre au sérieux. Nous sommes tous concernés.
Le dithane M45 est interdit en Europe depuis 2003 et dans l’EAC depuis 2010. Le PRAGREC a dernièrement fait une conférence sur la question.