Touchée de plein fouet par la guerre civile qu’a connue le Burundi, la commune Kayogoro tente de se relever depuis des années. Avec succès, à en croire une certaine opinion des jeunes de la place. Pourvu que ça dure, souhaitent aussi ces derniers.
Au sortir de la province Makamba, direction Rutana, Kayogoro est la dernière commune à traverser avant d’arriver dans le Kumoso. En partance du centre provinciale de Makamba, à 22,8 Km de la RN11, si vous prenez la bifurcation à droite, vous êtes sûr d’embrasser la commune Kayogoro. À quelques mètres de la route asphaltée, le chef-lieu de la commune.
C’est un samedi matin, il est 11h. Nous arrivons au chef-lieu de la commune. Comme à son habitude, le marché de Kayagoro vibre. Les commerçants se bousculent pour écouler leurs marchandises. Vous êtes peut-être au courant, la commune est surtout connue pour la culture du manioc. La farine dérivée de cette plante fait sa fierté. D’ailleurs, la commune ou du moins les commerçants du coin exportent dans d’autres provinces, la Mairie de Bujumbura y compris.
Ce matin-là, Élysée, jeune chauffeur est avec une connaissance de Bujumbura. À bord de sa camionnette, celle-ci est venue se ravitailler auprès de son fournisseur. « Tu croyais que la farine de manioc qui inonde les marchés et les boutiques de Bujumbura vient d’où ? D’ici mon frère ! », me fait-il remarquer. Avec raison justement. Il suffit de constater le nombre véhicules remplis de farine de manioc ou de la racine tout simplement qui empruntent la RN7 chaque jour, direction la désormais capitale économique.
Il était une fois, Buga
Si vous avez connu la guerre civile du Burundi ou si vous vous intéressez à l’histoire récente du Burundi, sûrement que vous avez déjà entendu parler Buga. Nous sommes dans la zone Gatabo. Cette localité de la commune, la guerre, elle l’a connue. Suffisamment. Avec des affrontements violents entre rebelles et forces loyalistes. Des vies y ont été emportées, des blessés, aussi. Ce n’est pas feu le président Pierre Nkurunziza qui aurait dit le contraire, lui qui a eu la vie la vie sauve miraculeusement, plusieurs de ses compagnons y laissant leurs vies. « À l’époque, se rappelle Venant, 35 ans, c’était comme si le ciel nous tombait dessus. C’était la guerre presque partout à Kayogoro. Mais à Buga, ma colline natale, c’était autre chose. Un vrai carnage, plusieurs carnages d’ailleurs. Population civile, belligérants, tout ce beau monde y a laissé la vie ».
Pour cet enseignant dans une école fondamentale de la zone Gatabo, « la paix que connaît la commune, est à préserver. La guerre avec tout ce qui va avec, on connaît. Plus jamais ! ».
« La stabilité, le commerce, rien que ça »
Gatabo est une des cinq zones qui composent la commune Kayogoro. Avec son marché, la petite ville fait aussi la fierté de ses habitants. Avec ses commerçants, le mouvement est quotidien. Odette y tient un commerce de vivres, cela depuis 10 ans : « La petite ville devant vos yeux, je l’ai vu naître. Mais c’est ces dernières années qu’elle a connu une croissance un peu spectaculaire, à notre grand plaisir. Conséquence, on ne rêve que de faire les affaires parce que ça rapporte ». La commerçante ajoute : « Notre seule souci est que cette stabilité soit pérenne. À nos politiques de faire en sorte que ce soit le cas. En tout cas pour nous, c’est ça l’homme politique idéal. Le politique que nous voulons aussi, c’est quelqu’un(e) qui prend à bras-le-corps les défis de notre commune, qui comprend nos aspirations…celui-là, ce sera notre homme ! ».
Cela vaut aussi pour l’opposition, semble compléter Samson, motard. S’il faut être exigeant vis-à-vis des politiques au pouvoir, il faut aussi que ceux qui sont de l’opposition sachent bien que nous les avons à l’œil. On n’a pas besoin de vaines critiques. Seules les bonnes propositions nous intéressent. Surtout, pour nous qui sommes à la frontière de la Tanzanie, ce sont des propositions adaptées, celles qui favorisent la bonne circulation des biens et personnes intra et extra-frontaliers, conclue-t-il en embarquant son 5ème client de la journée, direction Malagarazi en passant par la colline Buhema de la zone Bugeni, à la frontière tanzanienne.
Avec une superficie de 460 km2 et une population estimée à 88 552 selon le recensement de 2008, la commune Kayogoro est située dans les régions naturelles de Buragane (une grande partie) et Moso. Géographiquement, Kayogoro est limitée au Nord par les communes Bukemba et Gitanga, au Sud par la commune Kibago, à l’Est par la Tanzanie et à l’Ouest par la commune Makamba. Elle est subdivisée en cinq zones (Bigina, Dunga, Gatabo, Kayogoro et Mugeni) et 31 collines.
Nous avons 29 collines au lieu de 31. Merci