La commune Buhiga est l’une des 7 communes de la province Karusi et s’étend sur une superficie de 275km². La vie n’y est pas trop chère pour qui a les moyens. Mais avec une jeunesse au chômage, l’avenir semble incertain.
Il est 9h d’un certain mercredi, après une nuit bien reposante passée à Buhiga, je me réveille avec le ventre vide. À quelques mètres du marché de Buhiga, une petite pancarte indique un restaurant. On y entre et on passe la commande. Une assiette faite de riz, petit pois, frites, légumes et sauce est disponible. Pour accompagner, je demande un avocat de 200 Fbu. On m’apporte 4 gros avocats que je suis obligé de partager avec les autres. Au moment de payer, on ne me facture que 1200 Fbu. Une somme largement inférieure à celle escomptée. La nourriture n’y est pas très chère.
Tenez, 1 kilo de farine de manioc est à 300 Fbu, 1 kilo de haricot et celui de riz respectivement à 900 Fbu et 1400 Fbu. Un avocat de 50 Fbu équivaut éventuellement à celui de 500 Fbu à Bujumbura. Les bananes mures pour 1000 Fbu sont possiblement vendues à 5000 Fbu à Bujumbura. Buhiga est une commune où les denrées alimentaires ne sont pas hors de prix.
Favoriser un business agricole
Sur la question de savoir pourquoi les jeunes de Buhiga ne profitent pas de ces productions agricoles, Jeanne 24 ans, agent « Lumicash » au marché de Buhiga avec en poche un diplôme A2 en Gestion et comptabilité, souligne que sans un bon leader la jeunesse croupira toujours dans la misère malgré les bonnes récoltes. « Les jeunes de Buhiga manquent cruellement de capital pour faire de ces productions agricoles une véritable ressource financière. Sans un leader qui nous fera avoir des prêts de banques, nous serons toujours coincés. Des fois, on veut pousser loin avec des idées d’innovation mais faute de moyens, on est toujours bloqué quelque part. Un leader honnête qui se bat pour les jeunes est un espoir d’un meilleur et brillant avenir pour nous la jeunesse de Buhiga », renchérit la jeune dame.
Même son de cloche pour Élie, qui vient de passer 4 ans au chômage et aujourd’hui reconverti en vendeur de soulier. Pour ce jeune homme, il faut un politicien qui se soucie de la jeunesse pour de vrai. « Un dirigeant qui fera implanter une industrie agro-alimentaire ici à Buhiga, donnera du travail à pas mal de jeunes. Il faut qu’au pouvoir il y ait un leader ouvert d’esprit et très empathique ».
Un bon leader se doit d’être créatif
Empruntant la RN12, goudron neuf tel un tapis roulant, on quitte Buhiga centre vers le chef-lieu de la province Karusi. Je rencontre au parking de Karusi une jeune fille nommée Anitha, fraîchement sortie de l’école fondamentale et venue envoyer un courrier à Bujumbura. Je lui demande par hasard où je peux m’acheter des unités et drôle de coïncidence, elle-même fait ce business.
Après me les avoir transférées, on cause un peu sur la cherté de la vie. Et de lui demander si vendre les unités fait gagner facilement la vie. « C’est comme une perte de temps ! », me rétorque-t-elle avec une triste voix, « j’aurais aimé continuer l’université mais vivre à Bujumbura est hyper cher. Ma famille n’en a pas les moyens. »
Pour elle, un politicien qui fera construire une université à Buhiga sera son héros. Non seulement parce qu’il rendra possible son rêve mais aussi il ouvrira, par cette même occasion, une grande porte au développement de Buhiga par le biais des étudiants venus des autres contrées pour louer les maisons et acheter les vivres de sa commune.
Selon le recensement de 2008, sa population s’élevait à 71474 habitants. Soit une densité de 259.5habitants/ km². Buhiga est la commune qui abrite même le chef-lieu de la province Karusi car la commune Karusi n’existe pas. Ses habitants font en majorité l’agriculture comme leur principale activité quotidienne.