Il était beaucoup attendu, le Forum National pour le Développement du Burundi. Et il vient d’avoir lieu. Rassemblant toute une panoplie de l’intelligentsia burundaise, le rendez-vous a permis le diagnostic du « mal burundais » sur le plan socio-économique et a vu sortir toute une batterie de recommandations. Mais quelle plus-value ? Le rendez-vous aurait-il signé le point du départ des lendemains qui ne déchanteront pas ?
Les 18 et 19 novembre 2021, l’hémicycle de Kigobe accueillait politiques et intellectuels burundais. Avec pour seul but de diagnostiquer les défis qui bloquent l’économie du Burundi.
Et comme pour marquer l’importance qu’il accordait à la cause, le numéro un Burundais resta les deux journées à Kigobe. Une première quand on se rappelle d’autres ateliers qui ne voient les officiels de haut niveau que lors de l’ouverture des activités ou de leur clôture.
Des présentations riches en couleurs, mais…
Tout au long de ces journées donc, ce sont les exposés des thématiques variées qui se succéderont. De l’agriculture à la digitalisation en passant par la gouvernance économique et institutionnelle. Des exposés parfois sans concessions, qui touchaient du doigt là où ça fait mal. Ici, celui de l’éminent économiste Léonce Ndikumana a retenu l’attention de plus d’un surtout lorsqu’il faisait cette révélation sur le détournement des fonds provenant des minerais du Burundi.
Des exposés, des réflexions, des vérités, parfois dérangeantes ont été dites. On était loin de la fameuse rhétorique « des Inyankaburundi » qui ne feraient que critiquer.
Mais, (bien sûr qu’il y a un « mais ») il y en a qui doutent et qui se montrent réticent quant à la concrétisation des recommandations. Malgré les promesses du président, et en mémoire aux habituels ateliers aux recommandations irréalistes ou vite conservées dans les tiroirs, beaucoup sont ceux qui craignent une fin similaire à toutes ces belles idées.
La gouvernance politique, le grand absent
« C’était déjà connu, tout ce qui a été dit pendant le forum ». « Difficile de croire qu’un forum de deux jours puisse faire bouger quelqu’un qui vient de passer 15 ans à dilapider le trésor public sans rien craindre… ». Ce sont là les avis de deux internautes visiblement moins enthousiastes quant à l’issue de cette « grand’messe ». Avec raison ou pas, le fait est qu’ils ne sont pas les seuls à penser de la sorte. Mais, c’est un autre registre qui a retenu l’attention d’un politologue burundais : l’absence de la dimension gouvernance politique parmi les thématiques développées : « Regrettable que le forum ait passé à côté des questions liées à l’impunité, à la redevabilité, à l’exclusion et à la discrimination,… qui constituent le mal burundais ».
Pour lui, si les thématiques développées sont importantes, les recommandations relevées ne sauraient être concrétisées sans l’assainissement d’une gouvernance politique sans faille. Car « si le pays est là où il est aujourd’hui, c’est justement à cause de la mauvaise gouvernance politique ».
A travers ce tweet, le président veut bien croire au changement après le forum. C’est aussi le vœu de pas mal de Burundais. Mais de l’avis de ce politologue, « qu’on ne se voile pas la face. L’économie étant la fille de la politique, rien n’est possible sans un climat de confiance ou un environnement politique rassurant. Un environnement qui va au-delà des seules déclarations d’intention ou des décisions/réformes ponctuelles et non structurelles ».