Du 18 au 19 novembre, autour du président de la République, des experts dans des domaines différents, des professeurs d’Universités, des banquiers, … ont inventorié des voies et moyens pour « faire du Burundi un pays émergent d’ici 2040 ». Focus sur le secteur agricole.
Le rideau est tombé sur ce forum qui défrayait la chronique ces derniers temps. Ils sont partis avec le sentiment du devoir accompli et la conviction que le Burundi peut devenir un pays émergent d’ici 20 ans. « Les opportunités d’affaire ne manquent pas au Burundi surtout dans les secteurs stratégiques comme l’exploitation industrielle des mines, les infrastructures, l’agro-industrie, l’écotourisme, … », a déclaré le président Evariste Ndayishimiye, lors du lancement de ces assises. Le développement agropastoral serait très primordial dans ce combat. « Nous sommes un pays agricole où la pluie tombe neuf mois sur l’année et une population jeune prête à travailler. Ces atouts peuvent contribuer à l’augmentation de la production agricoles », a indiqué Christian Nibasumba, participant et représentant de TradeMark East Africa au Burundi. Durant 48 heures, des exposés se sont relayés.
Focalisons-nous sur celui du professeur Salvator Kaboneka, à savoir : « Comment accroître et améliorer la production agricole. ». Sans toutefois revenir sur les faiblesses du secteur, insistons sur les recommandations de cet expert pour booster le domaine agro-pastoral. D’abord, la gestion du sol. Ici, il propose le remembrement, la mise en commun et la gestion communautaire des terres. Il prône la libération des terres agricoles et la promotion de la villagisation. Au moment où, la ville de Bujumbura continue de s’étendre, le professeur insiste sur la planification urbaine. Selon lui, l’extension des villes réduit les espaces potentiellement agricoles.
Développer des systèmes de micro-irrigation
Le Burundi étant très gâté en eau, sa gestion s’avère nécessaire selon M. Kaboneka. Et là, il recommande l’installation des réseaux d’irrigation pour faire le drainage. « Il faut des systèmes de collecte et de valorisation des eaux de pluie. Ce qui est aussi un moyen d’adaptation aux changements climatiques. » Développer des systèmes de micro-irrigation en utilisant des pompes à pédales, à mazout et à essence, etc., voilà ce qui devrait être fait. La lutte antiérosive, le reboisement et la protection des sources d’eau font également parti de ses recommandations.
En ce qui concerne l’élevage, M. Kaboneka trouve qu’il est temps de muter de l’élevage de subsistance à un élevage commercial. Sur ce point, il note qu’il faut des mesures d’accompagnement de la stabulation. Selon cet expert, il faut développer une approche de développement agro-sylvo-pastorale intégrée sans oublier la mise en place des centres naisseurs décentralisés. Il trouve qu’il est également important de faire la conservation et l’amélioration génétique des races locales.
Investir dans la technologie post-récolte
Ici, ce professeur de la Faculté d’agronomie et ingénierie insiste sur l’établissement et le renforcement des synergies entre les institutions de recherche et d’enseignement. Il plaide aussi sur la recherche. Pour lui, l’agriculteur ou l’éleveur ne doit pas seulement être un consommateur de technologies mais son commanditaire.
Pr Kaboneka revient aussi sur la valorisation du surplus de production qui devrait conduire à une amorce de l’industrialisation. Cela renvoie à la création de petites unités de transformation. Il faut aussi, selon lui, un développement des réseaux de distribution (des points de vente). Il est important de penser également à l’approche filière : production-transport-stockage-transformation-stockage-commercialisation interne et externe. Un moyen, selon lui, qui devrait permettre de rapatrier des devises au pays.
Réglementer la commercialisation des intrants
Pour booster le secteur agricole, il ne faut pas non plus oublier la planification. A ce niveau, le professeur estime qu’il faut aller au-delà des plans quinquennaux et décennaux. Pour cela, il faut des statistiques agricoles fiables. Ce qui est selon lui la base de tout investissement. Il recommande qu’il y ait aussi un cadre réglementaire de la commercialisation des intrants et des subventions agricoles. Il préconise également « une insertion locale des jeunes diplômés avec des prêts à intérêt réduit », ce qui permettra de réduire l’exode rural. D’après lui, il faut penser aussi à l’assurance agricole. Etc.
Notons qu’à la fin de ces assises, le président de la République, Evariste Ndayishimiye a promis que « les équipes techniques de la présidence vont développer des plateformes de discussions et réflexions autour des thématiques et recommandations développées. Le 2ème forum servira d’évaluation des recommandations faites ces 18 et 19 novembre 2021 ».