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Du flou autour de l’ANAGESSA

La relance des activités par l’ANAGESSA suscite déjà un tollé de réactions sur la toile, surtout après son échec de 2022, lié à la pourriture d’énormes quantités de maïs qui étaient en stock. Le Premier ministre, Gervais Ndirakobuca a lancé un ultimatum à cette agence de payer une dette de 26 milliards de Fbu, aux agriculteurs qui ont vendu du maïs. Pire, un flou plane sur la collaboration entre cette agence, dont la mission principale est de collecter et stocker, et la coopérative CIAP, qui assure la sous-traitance.

L’Agence Nationale de Gestion du Stock de Sécurité Alimentaire a lancé sa campagne de collecte de surplus du maïs depuis le 19 février 2024 auprès des agriculteurs. Le prix au producteur est fixé à 1700 Fbu le kg alors que le coût de production est estimé à 1553 Fbu. La récolte est satisfaisante. Les agriculteurs doivent savourer le fruit de leurs sueurs, avaient précisé les ministres en charge de l’agriculture et du commerce dans une conférence de presse animée conjointement en janvier. 

Un montant de 40 milliards de Fbu est alloué à l’ANAGESSA pour cette campagne de collecte qui se déroule à travers plus de 400 centres répartis au niveau des zones, a confié Joseph Nduwimana, directeur général de l’ANAGESSA au journal Burundi Eco. 

Des problèmes de stockage

La relance de la collecte du maïs intervient après des échecs cuisants enregistrés en 2022. Des quantités énormes de maïs ont pourri dans les stocks de l’ANAGESSA avant leur revente aux consommateurs. Personne ne pouvait imaginer un tel cas alors que les Burundais avaient tant besoin de ces récoltes. Ces manquements ont été l’objet de la suspension de son ancien directeur général, Evariste Manirambona. 

Des risques liés à cette problématique peuvent se reproduire en 2024. Dans une réunion avec toutes les parties prenantes de la collecte du maïs, lundi le 08 avril, il a été noté des difficultés de conservation. Certaines quantités de maïs collectées sont conservées dans des salles de classe. Néanmoins, dans une émission, produite par le ministère en charge de l’agriculture, et diffusée sur différents médias, Joseph Nduwimana, directeur général de l’ANAGESSA, a rassuré que cette agence dispose des moyens suffisants pour stocker en bon état les quantités collectées. Il affirme avoir des outils (humidimètre) permettant de mesurer si les grains de maïs sont bien secs. Après, l’agence s’assurera qu’ils sont conservés dans des sacs remplissant les normes et des palettes où sont étalés les sacs.

Ce n’est pas tout. Ces derniers jours, les agriculteurs se lamentent de n’avoir pas encore reçu l’argent pour leur maïs vendu à l’ANAGESSA. Des lamentations qui ont amené le Premier ministre, Gervais Ndirakobuca, à réagir dans la foulée. Lundi, le 08 avril, Ndirakobuca a dénoncé le flou qui s’observe dans la gestion de l’argent accordée à l’ANAGESSA. Il a exigé à cette agence de payer une somme de 26 milliards de FBu due aux agriculteurs dans une période ne dépassant pas une semaine (vendredi le 12 avril). On ignore encore si l’ultimatum a été respecté. Pendant cette réunion, il a mis en garde les commerçants qui importent le maïs pour le revendre à l’ANAGESSA.

Des questions autour du partenariat ANAGESSSA-CIAP

L’ANAGESSA a été mise en place par le décret présidentiel en mai 2018. Parmi ses missions, assurer la collecte des vivres. Le but était de garantir une réserve alimentaire physique disponible sur place, afin de stabiliser les prix et d’intervenir en cas de catastrophe. Placée sous la tutelle du ministère en charge de l’agriculture, l’agence fonctionne avec des subsides prévus dans le budget de l’Etat ou tout autre appui des partenaires techniques et financiers.  

Le décret précise aussi que l’agence collabore avec les groupements coopératifs et les sociétés coopératives. Mais, devrait-elle confier la collecte à une coopérative ? Signalons que ce n’est pas ANAGESSA qui collecte les grains de maïs. Cette dernière passe par un intermédiaire qui est la Coopérative d’Investissement Agropastoral (CIAP). C’est cette dernière qui collecte les grains de maïs et gère les stocks comme le confirme Serges Ndayisenga, représentant légal de cette coopérative. Elle est par la suite payée par l’ANAGESSA. 

Des questions sont à se poser sur cette collaboration. Dans quel contexte et comment ce partenariat est intervenu ? Pourquoi l’ANAGESSA ne collecte pas elle-même les récoltes. Les fonds accordés à la CIAP ne peuvent-ils pas suffire pour recruter son propre personnel, peut-être saisonnier (compte tenu des périodes de récoltes) ?

 

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