La Banque Mondiale est en train de mener un diagnostic du secteur minier pour son évaluation. Des ateliers de consultance avec différentes parties prenantes viennent d’être organisés (du 25 au 27 mars 2024). Cap sur les données existantes sur l’exploitation des minerais burundais.
Le secteur minier burundais est quasi caractérisé par une exploitation artisanale. Cette exploitation artisanale cause environ 60 % de pertes de minerais qui devraient être exploités, a révélé Grégoire Nibimpa, secrétaire général de la chambre sectorielle des mines et carrières, lors de la première édition du forum sur le secteur privé burundais en novembre 2022.
Des études confirment cette triste réalité. Une étude commanditée par la Banque Mondiale, menée en 2009, sur les exploitations minières artisanales, affirme que les techniques d’exploitations artisanales conduisent à des pertes considérables de production. Selon cette étude menée par Gilbert Midende, ancien directeur général de Rainbow Mining Burundi, par exemple pour le cas de l’or, les pertes peuvent atteindre 75 % du stock métal pour un gisement alluvionnaire et 90 % pour un gisement de type filonien.
Ces pertes sont en grande partie liées aux méthodes de traitement inappropriées. Elles restent fortement non rationnelles et rudimentaires. « L’abattage du minerai se fait à l’aide des pioches et barres à mine. Les méthodes de concentration sont également archaïques, élaborées avec des moyens de fortune ». Les artisans miniers ne prennent que les parties les plus riches du gisement. Cela peut même conduire à l’abandon total du gisement pour les années à venir.
Le rapatriement des recettes pose encore problème
Malgré une valeur des exportations, les apports de ce commerce dans l’économie nationale sont insignifiants. L’exploitation artisanale ne constituait qu’environ 1 % du PIB. En 2008, la valeur des exportations minières s’élevait à 63 143 808 millions USD. Toutefois, les recettes en devises n’étaient que de 400 000 USD. Ce défi persiste encore. En 2018, les recettes d’exportations rapatriées étaient de 30,5 millions de dollars sur une prévision de 76 millions de dollars.
L’étude menée par Gilbert Midende révèle des raisons qui pourraient expliquer ce non rapatriement des recettes des minerais. Pour la commercialisation des minerais au Burundi, il existait deux types de comptoirs : les comptoirs en transit et les comptoirs de droit burundais. Ces derniers sont autorisés à acheter uniquement les produits miniers en provenance du sous-sol burundais et doivent rapatrier le produit de leurs exportations, alors que les premiers sont autorisés à acheter uniquement les minerais en provenance de l’extérieur du pays et ne sont pas tenus à l’exigence de rapatriement des devises. « Cette coexistence des comptoirs en transit et des comptoirs de droit burundais dans le commerce des produits miniers au Burundi, fait que plus de 90 % des minerais extraits du sol burundais sont vendus et exportés par les comptoirs en transit ».
Ces comptoirs en transit ne sont pas assujettis à payer la taxe ad valorem et offrent donc de meilleurs prix que les comptoirs de droit burundais. La conséquence est que l’Etat enregistre « une grave perte » alors que ce secteur minier pourrait contribuer beaucoup à l’économie nationale.
Rappelons également que le gouvernement avait suspendu les sociétés minières en juillet 2021, pour le fait qu’il ne tirait pas profit de ces ressources naturelles.
Que préconise le nouveau code minier ?
En réalité, le code minier en vigueur, depuis août 2023, ne mentionne nulle part ce qui est des comptoirs en transit et les comptoirs de droit burundais. Il introduit néanmoins quelques innovations dans le but de rentabiliser le secteur minier. Notons le raffinage des minerais burundais avant leur exportation.
Ce code préconise que toute substance minérale sera exportée après enrichissement ou raffinage. En cas d’une impossibilité de traitement sur le territoire national, le titulaire d’un titre minier d’exploitation peut être autorisé, pour une durée d’une année renouvelable 2 fois, à faire traiter ses produits à l’extérieur du pays. Pendant cette période, le titulaire développera sa propre usine de traitement sur le territoire national.