La Covid-19 au Burundi, tel un film d’horreur, a déjà clos la saison 1 avec trois épisodes et en est probablement à l’épisode 1 de la saison 2. Comment faire pour que la campagne « Ndakira, sinandura, sinanduza » nouvellement lancée pour une durée de 30 jours à partir du 11 Janvier puisse limiter la durée de cette nouvelle saison et éviter l’apparition de la prochaine ?
Je vous explique. Avec l’éruption du Covid-19 au Burundi le 31 mars 2020, la saison 1 de ce film d’horreur démarrait. L’épisode 1, de mars à juin sous feu Nkurunziza, a été caractérisé par le laxisme et le déni face à ce fléau. De juillet à septembre, l’épisode 2 démarrait avec l’ère Ndayishimiye. Le fléau fut pris au sérieux et maîtrisé via la campagne « je guéris, ne me contamine ni ne contamine les autres ». Cet épisode a émerveillé plus d’uns, jusqu’à attirer les téléspectateurs angolais qui ont venu prendre des cours. Malheureusement, l’épisode 3 avec son lot de relâchement face aux mesures barrières, a clôturé la saison 1 du film, pour ouvrir la saison 2 dont on assiste l’épisode 1.
De 760 cas positifs au 17 décembre 2020, le Burundi vient d’atteindre 1481 cas au 25 janvier 2021. Presque le double des cas qui ont été positif pendant neuf mois, en seulement quatre semaines. Une course à plein pot. C’est là que la campagne « Ndakira, sinandura, sinanduza » vient encore une fois d’être relancée. Sera-t-elle efficace ?
Des pistes
De un, cette campagne exige des moyens financiers. Le budget 2020-2021 qui n’avait pas une ligne budgétaire pour la lutte contre le Covid-19 devrait être révisé. Aussi, pourquoi ne pas omettre le Sida qui est en mode decrescendo, sur la dénomination du ministère de la Santé, pour l’appeler « Ministère de la Santé Publique et de lutte contre la Covid-19 » ?
Il y a peu le ministre de la Santé disait : « Nous demandons aux habitants de Bujumbura de se rendre aux trois sites de proximités de dépistage volontaire ». Quid de ceux de l’intérieur du pays ? Selon un cadre du comité de riposte, l’intérieur du pays n’a aucun site de ce genre alors que 557 cas positifs sont de l’intérieur du pays. Cela rend la capacité de dépistage, de traçage et de surveillance clairement inégale entre les régions, mettant à mal la possibilité de rompre les chaînes de transmission et de contenir l’épidémie. Une décentralisation du dépistage s’impose.
De surcroît, au moment où beaucoup de cas positifs sont localisés dans les provinces frontalières qui accueillent des rapatriés, quid des mesures additionnelles au test ? Selon un médecin de l’hôpital de district à Ruyigi, il faut rallonger le temps de la quarantaine pour les rapatriés comme ça ce fait avec ceux qui empruntent la voie aérienne qui sont testés deux fois au lieu d’une seule fois pour éviter les faux négatifs.
L’épisode 1 de la saison 2 de ce film, verra-t-il le vent tourner en faveur du Burundi ? La réponse dépendra entièrement de la capacité de cette campagne à anticiper les défis en réagissant de manière innovante, en évaluer objectivement les performances, et en tirant les leçons des erreurs passées pour mettre en œuvre les réformes qui s’imposent.