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Covid-19 : Confiné au gré de tous mais malgré soi

Jadis, quand vous atterrissiez à l’Aéroport International Melchior Ndadaye après un long voyage, de tendres visages familiers vous accueillaient, à bras ouverts, avec de grands sourires et plein d’amour. Aujourd’hui, ce sont des chauffeurs masqués qui vous escortent vers un « hôtel sécurisé ». Un endroit que vous payez selon la durée de votre séjour et selon vos moyens, et dont vous ne sortez que si les résultats confirment que vous n’êtes pas un danger public. Notre ami Joseph* a fait ce petit détour obligé, au gré de tous mais malgré lui. 

Dès que l’annonce de la reprise des vols commerciaux est tombée en octobre dernier, notre vacancier est devenu insomniaque. « Tu dormiras mieux auprès des tiens, Joseph ! », lui murmurait son cerveau qui n’arrêtait pas de simuler des images des «shows» à Buja, près de ses amis, près de sa famille. Joseph commence ainsi à planifier son séjour. Il trace les dernières lignes budgétaires, suit le protocole anti-covid, va se faire examiner le fond du nez, réserve une chambre d’hôtel en ligne. Bref, il fait tout au détail près. Ce n’est pas le Burundi qui allait lui poser un problème en tout cas. Juste une quarantaine de trois jours? Twagiye!

Bien que bon nombre de personnes passent une excellente quarantaine à Bujumbura, avec les résultats du test en moins de 72 heures, le séjour de Joseph marque une exception. J’ai voulu fermer les yeux face à son expérience, la jugeant banale et non-importante. Sûrement une erreur de communication qui ne se répétera plus. Après tout, le Burundi n’est-il pas applaudi sur le continent africain pour sa gestion exemplaire de la pandémie ? Pourquoi m’attarder sur le sort de Joseph? 

Pourtant, Joseph est frustré. Ses attentes ne correspondent pas à la réalité qu’il vit dans cet hôtel, seul, et loin de ses proches. Un samedi, après plus de 72 heures en quarantaine, Joseph espère recevoir ses résultats – il prie qu’ils soient négatifs – pour enfin rentrer chez lui. Surprise ! Il se voit conduire à l’hôtel source du Nil pour un autre test. Des questions fusent alors dans sa tête. A-t-il été testé positif au premier dépistage? Pourquoi un second test ? Il ne sait rien des résultats du premier test et personne ne lui explique rien. Pendant que son séjour s’allonge, sa facture grimpe aussi. Les tarifs sont rectifiés au stylo sur les menus, quoi que l’utilisation d’une encre correctrice aurait été moins insultant. Des gens profitent de son malheur. Mais bon. Au final, c’est avec rancune que Joseph quittera ses loges le lendemain, très tard dans la nuit, laissant derrière lui 200 000 Fbu au-dessus des 300 000 Fbu initialement prévus, et ignorant toujours les résultats de ces deux tests car aucun ne lui est parvenu personnellement. 

La galère de Joseph est loin d’être un cas isolé. Elle est juste une illustration de situations les unes peu passables que d’autres, des conditions que ce virus nous impose et qui entament notre joie dès l’arrivée. Toutefois, si notre ami a pu prendre son mal en patience, il y en a pour qui se taper trois jours d’isolement n’est pas une option. Impatient ou hautain, l’on ne saurait dire. Mais dans tous les cas, ils n’ont pas le temps de se mettre en quarantaine à côté de ces autres petites gens. Trois jours leur sont aussi insupportables qu’un masque sur le visage. « Heureusement » pour eux, il suffit de placer un billet dans de bonnes mains pour acheter sa liberté. Mais à quel prix? Peut-être que la pandémie perd réellement ses dents face au peuple oint! Vive Dieu!

 

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Les commentaires récents (2)

  1. Merci pour cet article qui, j’espère,éveillera les consciences.C’est vraiment frustrant,je suis confiné dans un hôtel où j’ai constaté qu’il y avait des personnes qui sont arrivées par le même avion mais qui sont « relâchées »à un jour d’intervalle.Je me demande bien ce qui se cache derrière.. j’espère bien ne pas vivre la même situation malgré une phrase très étonnante prononcée par une femme faisant partie du personnel après avoir dit qu’on nous avait informé à l’aéroport qu’on passerait le temps habituel prévu dans l’hôtel s’il n’y a aucun cas positif recensé parmi les passagers de notre vol.Cette phrase qui m’a tant étonné: »wibazako uzomara uwo mwanya gusa waje na ********? »ntivyokunda »..Par la suite,je me suis demandée si le covid dépendait de la compagnie aérienne que l’on prenait et s’il me fallait passer plus de temps ici..Bref, j’espère toujours que ce ne sera que les 72h..