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La facture-type d’un jeune fêtard de Bujumbura…

Une tournée des bars de la capitale économique suffit pour se faire une idée de la cartographie-type des soirées très arrosées des jeunes de Bujumbura. Mais que dépensent-ils ? Dans quels bars ? Quels jours de la semaine ? On a essayé d’établir les péripéties hebdomadaires d’un jeune fêtard de la capitale économique.

Pour vivre pleinement Buja by night, il te faut du cash, de la moula, du BIF quoi. Mais, tous les jours ne se ressemblent pas dans cette ville où le soleil tape fort et la chaleur assèche le gosier. Un lundi, un jeune branché sait dans quel bar il va dépenser comme il connaît celui du vendredi ou du  dimanche. Et le budget diffère selon les bars. Celui qui ne peut pas passer une nuit sans sortir et sans s’offrir un Bechou, on va l’appeler Divin.

 Divin a la vingtaine révolue, l’âge où on a le gosier toujours en feu, « yamize ipasi » (Qui a avalé un fer à repasser, ndlr pour reprendre une expression consacrée par les inconditionnels du comptoir). Il est en deuxième année à l’université. Voilà pour la carte d’identité.

 Lundi « méchant »

Le lundi soir n’est pas connu pour être une heure de pointe dans les buvettes de Bujumbura. Mais en bon buveur, Divin connaît l’endroit où on célèbre le « lundi méchant » comme il se doit, soit le mythique bar « 5 sur 5 ». Là-bas, notre soiffard va dépenser, au bas mot, 40 000 BIF s’il est avec un ou deux potes. S’il choisit de s’adjoindre une bonne compagnie, la facture monte en flèche. Mais, puisque c’est un lundi, il ne faut pas trop se bourrer la gueule. Après tout, le lendemain, il y a cours.

 Un autre choix s’offre quand même à notre homme. Il peut également décider de ne pas aller boire « muri town » et décider de s’en jeter une au quartier, Ku kadirisha, un jargon utilisé pour désigner les bars improvisés à côté ou dans les boutiques de plusieurs coins de rue des quartiers de Bujumbura. Mais là aussi, au moins 20 balles lui glissent entre les mains s’il boit avec un ami.

Mardi

Les mardis, les choses commencent à devenir intéressantes. Notre cher ami peut décider de se rendre au très select Beirut Restaurant pour profiter de leur piano bar et s’offrir le poulet braisé à 15 000 BIF. Les boissons Brarudi y coûtent entre 1 500 BIF et 2 000 BIF de plus que le prix normal. Entre 60 000 BIF à 80 000 BIF s’envolent en un clignement d’yeux et Divin ne va pas se ruer sur les bouteilles de vin. Il va se réserver. On est quand même mardi, 3 jours restent à tirer avant le prochain week-end !

 Les mercredis, la « Vinothèque » est incontournable

Et ça, notre Divin national ne l’ignore pas. L’endroit est devenu le rendez-vous incontournable des jeunes de la “haute” de Bujumbura. Pour vous la topo : vous pouvez arriver à 20 h, et manquer de table tellement l’endroit est toujours plein à craquer. Fréquenté essentiellement par les expatriés, les vieilles fortunes de Bujumbura et leurs enfants, les jeunes bujumburois qui ont envie de côtoyer les filles des beaux quartiers ou simplement de passer un bon moment se doivent de fréquenter l’endroit. Un sacrifice qui peut quand même coûter jusqu’à 100 000 BIF si Divin s’offre une bouteille de vin pas trop chère. De quoi passer un bon mercredi peinard

Si la poche de notre Divin n’est pas bien garnie, il peut quand même se contenter du « Ladies night » au Restaurant Zanzi. Là-bas, s’il ne fait pas de «tournée », 30 000 BIF vont suffir.

 “Jeundredi”

Qui a dit que l’on doit attendre un week-end pour rendre hommage à Bacchus? Et quand ? Surtout pas un Burundais. Surtout pas un Jeudi ? C’est ainsi que le jeudi soir est devenu « Jeundredi », en référence au vendredi qui arrive à vive allure. Le « Jeundredi » sert donc d’avant-goût du week-end pour les bons vivants.Et Divin n’y manquerait pour rien au monde.

Avec, un petit 50 000 BIF, vous le croiserez sûrement au Bar Lounge Arena. Les prestations de live music de ce bar attirent le gotha de Bujumbura. Si ça le chante, notre ami Divin peut faire fi de l’Arena et se rendre plutôt le long des rives du Lac Tanganyika, vers le port de Bujumbura, au Pasta Comedia. Cerise sur le gâteau : chaque « jeundredi »,  il y a un Open Mic dans ce bar. 

“Furahideyi”

 “Get ready, take position! » . Qui n’a pas entendu les paroles de cette chanson devenue si iconique dans les bars et boîtes de nuit de Buja ? Le vendredi soir, elle passe en boucle dans presque tous les endroits qui accueillent ceux qui veulent enterrer les soucis de la semaine écoulée.

L’imagination bujumburoise n’a pas de limite. De vendredi, on a tiré « Furahideyi ». Un mélange de Friday (vendredi en anglais) et furaha (la joie en swahili). Un jour où on se laisse emporter par la douceur et la joie que la vie offre généreusement… Ah, les Satyres  doivent envier les Bujumburois.

 Retournons à notre Divin. Le jour de Furahideyi, il se met sur son trente et un. Il met ses Nike Air Jordan et son meilleur déodorant. Le voilà dans un taxi. Direction ? Bar Pacha. Dans ses poches ? Pas moins de 100 000 BIF. Déjà 15 000 BIF brûlent en quelques minutes dans les fumées voluptueuses de la Shisha.

 Et en vrai jeune Bujumburois qui se respecte, il ne va pas sortir un furahideyi et rester dans un seul endroit. Plusieurs choix s’offrent à lui. 1h du matin, un petit tour à  Arena pour jauger l’ambiance ou dans une boîte de nuit pour tâter les décibels : c’estsoit le Cristal ou le Kiki Night Club. Vers 8h du matin, Divin le terrible va rentrer avec la furaha plein la tête

Mais attention ! Le samedi est déjà là et il ne faut en aucun cas le déshonorer.

Samedi

Après l’épreuve du vendredi, le samedi apparaît comme le jour où l’on soigne le hangover (gueule de bois). Divin se réveille vers 12h. Il prend son déjeuner et revit les images de la nuit passée. Entre-temps, il faut un bon endroit où il va célébrer ce samedi qui le prend presque au dépourvue, tellement le vendredi l’a lessivé. Les week-ends à Bujumbura sont très longs,… non ! Très courts pour certains.                              

Le Miki Bar est actuellement très prisé par les citadins. Assez spacieux, tous les noctambules de la ville peuvent y prendre leur place. Divin est bien sûr tenté par ce bar dont les boissons ne coûtent pas les yeux de la tête. Cinq billets de 10 000 BIF lui permettent de passer un samedi à se saouler la gueule non-stop. Le voilà donc qui doit encore aller dormir pour préparer un dimanche bye-bye week end.

Dimanche et ses apéros élastiques

Dimanche, c’est la fatigue. On est bourré à fond. Le week-end a été long. Trop d’alcool dans le sang. La (fausse) croyance populaire voudrait que l’on soigne la gueule de bois par alcool (Umuriro uzimwa n’uwundi), que nenni ! Mais Divin y croit dur comme le fer ! Les dimanches, après s’être reposé, il s’assoit avec les potes. Dès 12h, beaucoup de jeunes bujumburois (et pas que) ouvrent la première bouteille. C’est l’apéro (de l’apéritif ).

Divin s’assoit avec ses potes, soit sur un de ces plages qui bordent le Tanganyika. Beaucoup de Bujumburois fréquentent les plages les dimanches ou restent au quartier. De midi à minuit, icupa ntiricika (la file de bière ne se brise pas, ndlr). Combien cela coûte-t-il? À peu près 50 000 BIF de. Ou plus, s’il a fait plusieurs tournées. À minuit, notre Divin se traîne jusqu’à la maison. Demain, c’est  lundi…méchant. Diyorogo ! (Le jargon des étudiants pour dire que ça recommence)


Divin, ce personnage fictif n’est pas si fictif que ça. Beaucoup de jeunes aiment « kurya ubuzima » (croquer la vie à pleines dents, ndlr) ou  Yolo (You only live once : on ne vit qu’une seule fois, ndlr)

Mais des questions sont peut-être restées en suspens : d’où tire-t-on tout cet argent pour boire tous les jours alors que les autres étudiants tirent le diable par la queue ? Quelles conséquences sur sa santé et sa vie estudiantine ? A bientôt pour quelques éléments de réponse.

 

PS : Toute ressemblance avec des situations réelles ou avec des personnes existantes ou ayant existé ne serait que pure coïncidence. Ou pas.

 

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Les commentaires récents (8)

  1. Celà,j’ai là confirmer vraiment depuis que je arrive dans cet beau pays burundi .Mais moi ce que j’adore le plus c’est le lundi Méchant 5sur5 et jeudi Arena ,Kiki Night Club🧨 c le feu🔥

  2. Merci vraiment. Nos jeunes sint entrain fe mourir par icupa. Wibagiye kuvuga abo basore n’izo nkumi ivyo bakora baborewe en matière d’intimité sexuelle. C’est trop grave.