Si pour certains la fin/le début de l’année est synonyme de fiesta, de liesse et moult autres plaisirs de la vie, il y en a d’autres qui privilégient la prière et la communion avec Dieu. Entre ces deux catégories se trouvent ceux qui mixent les deux. Célébration et sainte mousse disputent la place à la bénédiction divine.
Le 1er janvier 2021. Tôt le matin, je me suis levé pour la première messe. J’avais fait de mon mieux pour ne pas trop faire la fête la veille. Par ailleurs, je me couche toujours de bonne heure. Ma messe est donc à 6 heures du matin. J’accuse un léger retard de 10 minutes, et je choisis de m’installer derrière pour ne pas indisposer les fidèles.
Quelques minutes plus tard, un autre retardataire me rejoint. Appelons-le Didier*. J’ai à peine 3 secondes pour le dévisager qu’un bon coup d’haleine de bière failli me couper la respiration. Il s’était à peine passé une brosse à dents pour diminuer la mauvaise haleine. Je suis stupéfait et choqué. Mais c’est le nouvel an, tout est permis, me disais-je.
La messe faisant, le jeune Didier a l’air d’être plongé dans la méditation, tête baissée. Le ronflement finit par le trahir. Il s’était endormi durant une trentaine de minutes, pour se réveiller lors de la sainte cène.
Il y a eu pire…
Après Didier, deux autres jeunes, Bruce et Stéphane* débarquent, ivres mort. En cours de messe, ils sortent constamment des bouteilles en plastique pour déguster leurs liqueurs. Ils me font oublier les remords que j’avais eus envers Didier.
Après la messe, j’ai la curiosité d’engager une conversation avec les jeunes gens. Stéphane est enthousiaste d’échanger un peu malgré la fatigue qui se lit sur son visage. Il me révèle qu’ils avaient passé la nuit à célébrer la fin de l’année avec des amis, la famille, et qu’il fallait passer par la messe, ne fusse que pour prendre un temps de recueillement, et de remercier l’Eternel pour les grâces de toute l’année.
Pour l’ivresse, Stéphane indiquera : « Tu sais, pour le nouvel an, un verre de trop est pardonnable. Cela ne veut pas dire que nous sommes ainsi dans la vie courante. Et d’ailleurs, Dieu regarde la foi et la bonne intention. »
Gretta*, qui a bien suivi notre conversation répliquera : « C’est bien que les gens fêtent le nouvel an, selon leur façon de s’organiser. Cependant, il faut à chaque fois réfléchir sur nos actes. Il est très irresponsable d’aller à la messe avec de l’alcool, ou en étant ivre. C’est la totale irresponsabilité. »
Chantal*, la soixantaine, abondera dans le même sens. Pour elle, autant rester à la maison plutôt qu’indisposer les fidèles. « Je suis sidérée. Dans ma jeunesse, on fêtait aussi le nouvel an, tel qu’il se devait. Mais on respectait les lieux saints. De nos jours, la honte chez les jeunes n’est plus. »
Pour cette mère, l’éducation sur les valeurs, le respect des normes de la société, la bonne conduite, doivent être revus par les parents, à preuve du contraire, la société risque de créer des générations perdues.