Toute personne coupable d’un arrangement à l’amiable est punie d’une servitude pénale de 5 à 10 ans, et d’une amende de 50.000 à cent mille francs, selon la loi sur les violences sexuelles basées sur le genre. Mais la réalité est autre pour ce crime banalisé, surtout quand il s’agit des domestiques.
C’est le fort des Burundais : laisser croire que tout va bien, éviter les scandales, les pertes d’honneurs. « Gupfukira», (cacher la réalité qui tâcherait l’honneur du forfaitaire). Le recours à l’arrangement à l’amiable est la voie la plus rapide, surtout lorsque la victime n’est pas de taille contre son bourreau.
Chantal* atteignait à peine la majorité, 18 ans, lorsqu’elle rencontre Eric* un peu plus âgé qu’elle, 21 ans. Il tenait une boutique de son grand frère, dans un quartier du nord de Bujumbura, tandis que la jeune Chantal s’occupait d’un nourrisson d’à côté. Eric est séduit par la jeune Chantal, qui elle aussi n’est pas non plus mal à l’aise face au jeune marchand. Il n’hésite pas de lui faire des cadeaux et des promesses en or. Chantal est emballée. Pour elle, c’est l’homme idéal pour le futur. Eric, quant à lui, veut à tout prix goûter au fruit de la passion. Chantal y résiste. Elle ne veut pas se livrer à l’avance.
Pour parvenir à ses fins, Eric lui promet le mariage en six mois. Il lui donne même le feu vert pour planifier les préparatifs. Afin de lui montrer son sérieux, il commence à lui confier quelques économies, en vue d’épargner pour la dot. Chantal finit alors par céder et couche avec son amoureux. Au bout de seulement 3 semaines, des changements corporels commencent à se manifester chez Chantal. Elle est enceinte. Il est évident que le premier à le savoir soit le géniteur.
Eric est désagréablement surpris. Ses ambitions à lui ne se limitaient qu’au sexe. Dans un premier temps, il ne veut pas admettre sa paternité. Mais ses amis l’en déconseillent. Il reviendra à la raison, et décidera de se confier à son grand frère, le proprio de la boutique. Celui-ci invitera Eric à une conversation d’adultes avec la future maman, pour un arrangement « équitable » pour les deux camps.
Chantal, dont les employeurs sont déjà au courant de toute l’histoire, n’a pas beaucoup de cartes sur sa table. Elle est sur le point d’être renvoyée. Le grand frère d ‘Eric propose alors une enveloppe de 50.000 fbu à la jeune fille, pour qu’elle se lance dans un petit commerce de fruits, et promet de lui louer une petite chambrette, en attendant que le jeune Eric soit prêt pour le mariage. Chantal sent la trahison. Elle demande à ce qu’elle y vive ensemble avec son amoureux. Sa demande est rejetée de toute énergie par les deux frères, arguant qu’ils devaient préparer le mariage, de façon digne.
Le pire à venir
Chantal n’a pas 36 solutions. Elle ne peut pas retourner chez elle à la campagne, ses parents la renieraient. Elle accepte l’offre malgré elle. Accouchant d’un fils, le portrait craché de son père, Chantal n’est pas assistée. Eric joue à cache-cache. Il veut se tirer de l’affaire. A un certain moment, il décide même de ne plus payer le loyer de la petite chambrette. Il se coupe de toute responsabilité. Chantal tombe de haut. Elle ne sait pas à quel saint se vouer. Le grand frère d’Eric, le bon conseiller, se retire aussi de l’affaire, insistant qu’ils étaient désormais assez grands pour régler leurs problèmes.
Se saisir de la justice ? Chantal ne voit pas les arguments à y porter. Quand bien même elle en avait, ses amies lui rappellent la réalité qui blesse : la corruption qui est monnaie courante. Elle est prise de tout part. Sa seule option est de rentrer à la campagne et de galérer seule avec son bébé, servant de mauvais exemple à pointer du doigt, pour déconseiller les jeunes demoiselles de son coin voulant s’aventurer vers les villes.