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Pour une virée à moto, elle est tombée

C’est dur de comprendre la douleur d’être chassé de chez soi quand on ne l’a pas vécu. Frediane, 23 ans, a été chassée de chez elle, après avoir été engrossée par un motard. Témoignage. 

J’en veux à ce métier qui nous oblige parfois à replonger dans le vécu de quelqu’un pour y tirer des informations, ce métier qui nous en fait voir de toutes les couleurs ou plutôt de tous les malheurs. Aujourd’hui, ce métier m’a conduit à Kirundo, ce coin connu pour la beauté de ses lacs, mais qui pourtant, regorge aussi d’âmes meurtries, de rêves brisés, de douleurs enfouis. Dans ce coin du nord du pays, c’est là où j’ai rencontré Frediane. 

Frediane Rwasa, âgée de 23 ans, a l’air d’en avoir 18. C’est une fille curieuse puisqu’à peine arrivée dans le centre de lecture où je la rencontre, elle m’assaille de questions, voulant savoir si je suis réellement journaliste.

La vie n’a pas été très tendre avec Frediane, mère d’un enfant de plus de 4 ans aujourd’hui, elle est élève au lycée communale Cumva. 

Chacun son histoire

« Umunyenga w’imoto niwo nazize », fut la première chose qu’elle me dit. Frediane est née dans une famille de 7 enfants. Puisque la famille n’avait pas les moyens, Frediane a dû vivre chez sa tante pour pouvoir étudier. Quand elle était en 1ere PF, elle est tombée amoureuse d’un motard. C’était sa première relation, et le motard lui offrait ce qu’elle n’avait jamais eu. Pour Frediane, son copain était l’homme parfait. Souvent, il l’invitait chez lui, mais rien ne se passait. 

Frediane pousse un soupir comme si elle voulait éviter cette partie de l’histoire avant de continuer qu’un jour, elle est allée le voir comme à l’accoutumée. Elle n’avait pas peur de lui, elle n’avait pas de raison d’avoir peur. A peine arrivée chez lui, il a fermé la porte. Frediane parlait comme si elle revivait ce moment : « Il m’as dit que ce n’était pas normal de sortir avec lui pendant plus de 2 ans sans avoir couché avec lui. Sans mon consentement, il s’est jeté sur moi, et c’est là qu’il m’a mise enceinte ».

La descente aux enfers

Frediane, la voilà enceinte à 18 ans, elle n’avait pas le choix que de le dire à sa famille. Ses parents et sa tante ne l’ont pas bien pris et l’ont vite mise à la porte. Quand elle est allée le dire à son copain, il a tout nié, il lui a dit que même si on l’emprisonnait, il ne reconnaîtrait jamais cette grossesse. Il lui a dévoilé aussi l’existence d’une autre femme à Muyinga. Puis, il a quitté Kirundo et est parti à Bujumbura.

Chassée, déçue, elle est allée de porte en porte avant d’être accueillie par une autre tante qui avait pitié d’elle, mais ça ne durera pas longtemps parce que même cette tante disait qu’elle ne pouvait pas la garder sans connaître le père de l’enfant. « Ma tante m’a aussi chassée, et une voisine qui a eu pitié de moi m’a accueillie. J’ai même accouché chez elle. », raconte-t-elle avec une larme qui coulait déjà sur la joue.

Les bonnes personnes…

« Umuntu agizwe n’abandi, je l’ai compris pendant cette période », parvient-elle à dire, après s’être essuyée les larmes. Peu après son accouchement, les proches ont eu pitié d’elle et ont décidé de réunir la famille, ils ont conseillé à ses parents de la reprendre. 

« Quand tu retournes à la maison après une grossesse, rien n’est plus pareil. Je n’arrivais pas à leur dire mes besoins, encore moins ceux de mon enfant. C’était dur de leur expliquer que je voulais retourner à l’école. D’ailleurs, pour y retourner, c’est un voisin qui m’a aidée financièrement, mais aussi pour les procédures de réintégration ».

 

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