Depuis la nuit des temps, sexualité rime avec tabou dans la société burundaise. Mais les conséquences qui en résultent suite au manque de communication entre parents et enfants, mettent en évidence l’importance cruciale de cette pierre angulaire que nombre de parents ont rejeté. Abbé Pierre Nsengiyumva travaille dans le service de la pastorale familiale au sein de l’Archidiocèse de Bujumbura. Son éclairage.
Partons d’un fait. Dans le Burundi ancien, la difficulté des parents d’aborder des sujets sur la sexualité avec leurs enfants reposait essentiellement sur le tabou. De nos jours, ils sont également confrontés à la modernité. La technologie ou les pairs ont pris la place du lien qui devrait s’établir entre les parents et leurs enfants. « Les parents se retrouvent sans messages à donner à des enfants qui sont plus informés qu’eux, voir même ayant des informations qui dépassent leur âge », explique Abbé Pierre Nsengiyumva.
Anticiper
Les parents doivent savoir que l’enfant garde toujours le premier message. Ils doivent donc devancer la technologie, la rue, les pairs, pour donner un message sûr à l’enfant. Surtout pendant la période d’âge de 3 à 6 ans où l’enfant s’intéresse à tout ce qui a trait avec la génitalité, la sexualité, et bien d’autres. Quand la curiosité le pousse à demander par exemple pourquoi les filles n’ont pas de pénis, ou encore pourquoi les hommes ne tombent pas enceinte et j’en passe.
C’est dans cette période qu’ils devraient s’assoir avec lui, échanger, répondre le plus clairement possible à toutes ces questions, dans un langage qu’ils pourront comprendre. C’est toujours dans cette même période qu’ils doivent lui montrer comment s’habiller, comment se comporter, expliquer ce qui différencie une fille d’un garçon à tous point de vue, voire sur le plan biologique. Lui expliquer ce qui l’attend dans l’avenir. Car l’enfant de 4 ans d’aujourd’hui est le parent de demain.
Maîtriser le trio message-âge-interrogations
Les parents doivent faire de leurs enfants des amis à chaque étape de la vie. Depuis la découverte de leur propre corps par le regard ou touché (0-1an) au début des flirts, bisous profonds, caresses (12-15ans), en passant par la curiosité de savoir la différence entre filles et garçons (2-3ans), la reproduction (4-6ans), la distinction entre sentiments d’amitié, d’affection et d’amour (7-9ans), la puberté (10-12ans) et les opinions de leurs pairs les plus important, ou encore les expériences de relations affectives : activités intimes, relation sexuelle (16-19ans). Les parents devraient donner la chance aux enfants de s’exprimer, de discuter de ce qu’ils traversent, leurs expériences et leurs tourments.
Si cette base est bien établie, même dans l’adolescence, période marquée par l’envie de tout expérimenter, l’enfant saura comment user du bagage reçu et faire son bonhomme de chemin. Là, les parents pourront être tranquilles.