Les parents parlent rarement de leur passé à leurs enfants, surtout si ce dernier est peu élogieux pour eux. Ils couvrent les turpitudes de leur jeunesse d’une chape de plomb pour présenter une image policée de sérieux et de perfection à leurs rejetons. Est-ce vraiment la meilleure façon de s’y prendre ? Cette bloggeuse s’interroge.
Alors que je m’apprête à écrire ce texte, une discussion que j’ai eue avec un ami de mes parents m’est revenue en mémoire. Il se plaignait des jeunes hommes d’aujourd’hui qui ne sont pas responsables. Il m’a étalé toute sa désolation sur le fait qu’une grande partie des futurs hommes de cette nation se noient dans l’alcool et autres distractions. Malgré mon « ubupfasoni », je n’ai pu garder ma langue et ma rage : où passez-vous votre temps chers pères ? N’est-ce pas chez le fameux « kwa Gérard » ? Un lieu qui ne désemplit pas 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Qu’avez-vous appris à vos jeunes, vous chers parents immaculés ? Comment osez-vous parler de ces vices qui emportent la jeunesse alors que vous nagez dans les mêmes travers depuis belle lurette ?
L’orthodoxie, jusque quand ?
Je ne peux pas tout reprocher aux parents, ils ont eux-mêmes subi le diktat de la société. « Peut-on donner ce que l’on n’a pas reçu ? », telle est la question qu’une tante m’a posée un jour. Je suis complètement d’accord avec elle et c’est pour cela que je ne comprends pas la surprise des ainés face à la situation actuelle. Mais vous l’avez vu venir, non ? Nous ne sommes que les fruits de vos semences!
Sabrina*, une jeune fille de 22 ans, raconte l’expérience avec sa maman. Elle lui a tout dit depuis ses 8 ans. Elle lui a parlé des règles et des relations sexuelles. Son message principal était : « Ne sois pas comme moi ! » En effet, elle avait déjà son premier enfant quand elle s’est mariée au père de son fils (le père de Sabrina). Tous les deux ont dû renoncer à leurs rêves pour se créer un avenir au milieu des difficultés. Sa mère, une orpheline qui a ensuite été rejetée par sa famille d’accueil suite à cet incident, a renoncé à ses rêves d’artiste. Son père, lui, avait eu une bourse d’études à l’étranger. A ma question « qu’aurais-tu aimé qu’ils fassent autrement? », elle a répondu avec un regard perdu dans ses souvenirs : « J’aurais aimé qu’ils fassent confiance à la fille qu’ils élevaient et me laissent un peu de liberté. Je ne pouvais aller nulle part, ni rendre visite à mes copines, ni faire partie de la chorale. Je ne pouvais pas avoir de téléphone portable. Maintenant, je me plante dans les relations amoureuses, je n’ai aucune notion dans ce domaine. Mais quand même leur franchise m’a sauvée durant une période de mon adolescence où les hormones bouillonnaient en moi ».
Éclatez la bulle, brisez la glace !
Aubert, 32 ans, a une toute autre histoire, sa version n’est pas habituelle surtout dans notre culture. Avec ses frères et sœurs, ils ont grandi dans une famille monoparentale et sa mère est d’un autre monde. Je parle ici d’une femme qui observait attentivement ses filles, savait comment parler avec chacune d’elles, leur a appris comment fonctionnent leurs corps, leur cherchait des livres et des magazines pour qu’elles apprennent plus, leur expliquait en détails tout ce qui concerne le cycle menstruel, etc. Elle faisait de même avec ses fils avec tout ce qu’il leur arrivait quand la puberté toquait à leur porte. Jusqu’à maintenant elle ose parler de tout à ses enfants, des dangers de la masturbation aux préliminaires (oh oui, imaginez !). Le résultat ? Aubert affirme très confiant : « Tout ceci a fait qu’on n’a absolument jamais peur d’aborder quoi que ce soit avec elle. »
A ces parents qui croient qu’ils n’ont aucun mot à dire car leur passé n’est pas très catholique, laissez de côté l’hypocrisie burundaise et parlez-nous de vos expériences. Utilisez vos regrets du passé pour vous épargner des remords dans le futur. Sinon, si vous ne vous présentez que comme des saints, nous, les imparfaits, vous fuirons. Vos conseils seront nuls.