Et si l’on vous disait que tout a commencé à cause du sucre, « isukari » en Kirundi ? Tombée en disgrâce pour avoir spéculé sur ce produit, une élue du peuple a été lâchée par son parti politique puis a perdu son poste au sénat. Ayant accaparé les timelines des Abatwip pendant quelques semaines, la twittoscopie revient encore une fois sur cette affaire d’isukari.
Si la twittosphère burundaise a été en grande partie occupé par les exploits de Fara, cette affaire a grandement fait beaucoup de bruit elle aussi.
Du sucre, Madame !
Cela a commencé avec un communiqué de l’entreprise Sosumo annonçant le retrait de la liste des distributeurs du sucre, de la société de commerce « Family Dan and Stacy » appartenant à l’Honorable Spès Caritas Njebarikanuye. En effet, il s’est avéré que celle-ci vendait son sucre à un prix élevé par rapport à celui fixé par l’État. Dans la foulée, elle a dû s’acquitter d’une amende administrative de 2millions de Fbu. Jusque-là tout va bien. Mais chez les tweeps burundais, une telle affaire ne pouvait pas s’arrêter là.
La SOSUMO devrait être poursuivie en justice pour délit « d'avantage injustifié » en commande publique en octroyant un tel marché à un haut fonctionnaire/mandataire politique de ce calibre.
Saviez-vous combien de vrais investisseurs tombent en faillite à cause de ce phénomène? pic.twitter.com/4LuCsJUBi3— Appolinaire Nishirimbere🇧🇮 (@ApolloSmile) September 6, 2021
« La SOSUMO devrait être poursuivie en justice pour délit d’avantage injustifié… » dit-il. Waouh ! Personne n’avait vu cela venir.
Et voilà que les réactions fusent de toute part sur le réseau de Jack.
C’est la réaction de l’éminent professeur Léonce Ndikumana qui a retenue l’attention de nombreux Abatwip.
Lamentable! Voilà un des vrais handicapes au développement du secteur privé: monopole, concurrence déloyal, spéculation. Éradiquer ce fléau devrait être la priorité #1 de la réforme économique. Cela ne requiert pas d’aide étrangère ni de devises. Un bon début; c’est possible. https://t.co/Pnc2nTteu2
— LEONCE NDIKUMANA (@LEONCENDIKUMANA) September 6, 2021
« Lamentable, voilà l’un des vrais handicapes au développement du secteur privé : monopole… ».
D’ailleurs, le mot « monopole » a été évoqué plus d’une fois.
Le problème du ciment,du sucre et des boissons @brarudi_sa au Burundi se situe peut-être au-delà de la fraude ou spéculation comme on le croirait. Ne serait-il pas lié au monopole/l'offre et la demande? Les investisseurs devraient en créer d'autres pour permettre la concurrence. pic.twitter.com/Prx8fnoH1D
— Appolinaire Nishirimbere🇧🇮 (@ApolloSmile) September 10, 2021
« Et si le problème se situait au-delà de la fraude ou d’une simple spéculation… » s’interroge encore cette Umutwip.
Et si dans sa nature le Murundi n’aime pas être en compétition ? Se demande cet autre Umutwip…
Les #Burundi-ais en général n'aiment pas la concurrence car la plupart des commerçants sont incapables de mener un marketing digne de son nom, ils préfèrent alors investir bcp d'argent afin d'avoir le monopole dans tel ou tel autre domaine!!!
— SHAKUVYEMERE Nivyo (@BURUNDIPATRIOTE) September 10, 2021
Mais il y a quelques années, la SOSUMO allait avoir un concurrent non ?
Je crois que c'est une bonne analyse. Mais, quand au sucre, il y a quelques années on entendait parler de la naissance de Tanganyika sugar à Gihanga, on ne sait encore pas d'où est venu son handicap
— Eddy Le Prince Noir (@EddyNoire) September 11, 2021
Mais si M. Eddy ! D’ailleurs Yaga a consacré un article à ce sujet.
Selon ces autres Abatwip, il y a encore des non-dits dans cette affaire.
Ce qui sort en filigrane sur les réseaux sociaux n'est que l'arbre qui cache la foret!… Allez voir comment le système de marché public s'octroi!!! Une honte
Et pourtant il y a une rimbabelle des lois et reglements qui ne sont pas respectés!— KANE François (@francois_kane) September 7, 2021
Si c'était juste investir le problème n'aurait pas lieu d'être.. ce sont les mêmes qui contrôlent la politique qui créent un contexte de monopole sur les produits stratégiques. Tant que ces politiciens touchent des salaires minables ils viendront fouiner dans le business
— Umunyafrica (@Umunyafrica) September 10, 2021
Cette affaire d’isukari permettra-t-elle de débusquer d’autres hautes personnalités de l’État impliqués dans d’autres affaires louches ? Cette question a d’ailleurs fait l’objet d’une discussion assez tendue entre deux géants du monde des médias au Burundi. Bob Rugurika, Directeur de la Radio RPA et Antoine Kaburahe, fondateur du groupe de presse Iwacu.
Suite à un éditorial qui est revenu sur l’implication des hauts cadres du gouvernement dans les affaires économiques du pays, les deux « éléphants » se sont lancé des piques (en tout respect bien sûr). Heureusement, l’herbe de Twitter a survécu.
Cher @AntoineKaburahe et @iwacuinfo ,qui sont ces requins? Pourriez-vous nous en dire plus? Le journalisme professionnel nous demande de mettre sur chaque #Fait un #NOM, un #Lieu, un #Comment et un #Pourquoi..
Sinon l'éditorial risque d'être complaisant https://t.co/lu0sLYz0Ej— Bob RUGURIKA (@rugbob78) September 13, 2021
Cher @rugbob78 éditorial "complaisant"? C'est votre opinion.Merci pour cette leçon sur le "professionnalisme".En tant que journaliste professionnel, vous pouvez faire mieux:nous compléter. Mais ds un éditorial,"Qui,Où,Quand, Comment, Combien,Pourquoi"ne sont pas de rigueur.Def👇 pic.twitter.com/A3BqWFBBD5
— KABURAHE (@AntoineKaburahe) September 14, 2021
Clôturons notre chapitre avec la question de cet Umutwip
😂😂😂😂😂 Comment voulez-vous poursuivre SOSUMO???
— Ngeziminwe Melchior (@NgeziminweMelc2) September 6, 2021
La tempête après le calme…
Ce qui devait arriver, arriva. Le sénat burundais sur son compte Twitter a annoncé avoir remplacé Madame Spés-Caritas Njebarikanuye à son poste de vice-président de cette institution.
#Burundi: Le @burundi_senat vient d'adopter la nomination de l'Honorable Denise Ndadaye comme 1er Vice-président de cette Institution. Elle remplace Hon. @Njebaspenje qui vient d'être révoquée dans ces fonctions @NtareHouse @nshingamateka @CnddFdd @BurundiGov @Gitega pic.twitter.com/Djnu1VgAJk
— Inama Nkenguzamateka (@burundi_senat) September 14, 2021
La mesure a été ovationnée par le parti de l’aigle, dont la malheureuse déchue est issue.
#Burundi: Umunyamabanga Mukuru w'Umugambwe @CnddFdd ahejeje gusohora ubutumwa bwo gukeza Abakenguzamateka bahejeje gutora Icegera ca mbere c'Umukuru w'Inama Nkenguzamateka Hon Deniza Ndadaye asubiriye Hon Njebarikanuye Spes Caritas yabogojwe. pic.twitter.com/ovB59kZIII
— Cndd Fdd (@CnddFdd) September 14, 2021
Pour les Abatwip, la sénatrice aurait dû démissionner avant.
#Burundi. Toujours fidèles à nos traditions! Démissionner ce n'est pas africain, encore moins burundais.
— Joe (@DocNyandwi) September 14, 2021
#Burundi Les hautes autorités devraient apprendre à demissioner après avoir commis une faute grave . Attendre le limogeage ou le remplacement est plus humiliant que demissionner.
— Dr.Hermes (@DrHacimana) September 14, 2021
Mais ce qui est venu amuser encore la twittosphère burundaise, ce sont les deux tweets du porte-parole du sénat. Le premier, rapidement supprimé, démentait l’éviction de la sénatrice. Et c’est après quelques minutes, qu’il a fait savoir que son téléphone avait été volé.
Mais c’était sans connaître la clairvoyance des Abatwip. Ils avaient déjà pris une capture d’écran du premier tweet et se sont bonnement moqués du porte-parole avec leur fameux VAR.
A small VAR, on how to #TweetLikeGabby, check the DATES❗👇🏿 pic.twitter.com/KS2Jml2s7U
— Ngendakumana J. Patrick (@ngendapatrick) September 14, 2021
Turazubwenge!
Uhenda nde? pic.twitter.com/M9RYDRRsb2— Umuhinga yigenga (@yigenga) September 14, 2021
Le second tweet aurait été supprimé aussi. Mais on a gardé les réactions de ces sacrés Abatwip. Pourquoi pas ? Ils aiment s’amuser autour de l’actualité, et nous on adore ça.
canke ntiwari watonze kukazi utwitta utari bien informé 😉.
— Mpore none! (@BurundiBruce) September 14, 2021
Ibaze yagire atubeshe ni amaramare arakuze
— エメ (@aimbertrandik) September 14, 2021
Hahaha, mon téléphone perdu Kandi tubona Twitter for Android 😂
— Mfurayacu Da G.O.A.T (@Modernrev000Ist) September 14, 2021
not snapchat😭😭.. na tiktok yiwe bara yi pirasE https://t.co/wIEfBvdCve
— Gatōre ® (@gtncas) September 14, 2021
Snapchat, TikTok,…poor man, For God sake please bring back the phone of this Authority https://t.co/HLxDm9tLYk
— Ghys N.🇧🇮 (@ghystman) September 14, 2021
Et c’est sur cet humour aussi sarcastique que nous clôturons notre tour du réseau à l’oiseau bleu. Mais en tout cas, la « SukariGate » est loin d’être clôturée.