Une chose est certaine, le « customer care » (service client) au Burundi laisse à désirer. De la lenteur des services de bar en passant par l’accueil irrespectueux que certaines institutions publiques réservent aux demandeurs : au pays de Mwezi le client n’est pas tout à fait un roi. Sur le réseau des opinions (on parle de Twitter bien sûr), les #Abatwip se sont levés contre ce comportement révoltant.
2022. Nous y voilà. Pendant que certains retrouvent, petit à petit, le train-train de la vie quotidienne après la parenthèse mouvementée (le mot est peut-être faible pour certains) des fêtes de fin d’année, voilà qu’un sujet jette le pavée dans la marre de la twittosphère burundaise dès la première semaine du nouvel an. La raison de toute cette envolée « verbale » des #Abatwip ? Le service client de certains bars et restaurants de Bujumbura, mais pas que.
Racisme ou stratégie d’affaires ?
Alors comme ça muri Arena umuzungu yambaye babouche arinjira ariko umurundi canke umwirabure yambaye babouche ntiyinjira!!!
Arena c’est quoi la logique derrière ça ? pic.twitter.com/dt4GsQF6Zl— Rumeri (@umurundi_Armel) January 5, 2022
Pas de surprise ! Un blogueur, dans son guide des petites choses à savoir avant de sortir la nuit à Bujumbura, c’était en 2019, a fait ce commentaire à propos de ce bar : « Si tu crois que les inégalités raciales sont une histoire ancienne, c’est que tu n’as pas encore essayé de sauter dans la piscine de l’Arena avec…, ou plutôt sans un Muzungu ».
Si tu vis à Bujumbura et que tu crois avoir tout vu dans ta vie ou avoir tout expérimenté, détrompe-toi. Voici à quoi ressemble Buja by night.#Burundi #Bujabynight #JeSorsDoncJeSuis @guidespetitfute
https://t.co/wbVkKCjwNY— Yaga Burundi (@YBurundi) April 10, 2019
Les tweeps burundais ont cette capacité de dénoncer le mal avec un humour qu’ils maîtrisent à merveille. Ces tweets suivants ont fait rire plus d’un.
Aba bouncers bo kuri Arena iyo uri umurundi aje yambaye ikabutura n’amasandari: pic.twitter.com/qwhHS7uxfI
— Chris (@nsabiyumva_) January 5, 2022
On my way to Arena! pic.twitter.com/UopXpcYW8H
— KK. Dar🇧🇮 (@KGDarrr) January 5, 2022
Mais sur Twitter, les opinions ont « toujours » été divergents depuis la nuit des temps. Alors que la majorité de la twittosphère s’acharnait sur ce bar tenu par les Grecs (oui, il faut le mentionner), il n’a pas manqué de défenseurs. C’est le cas cette umutwip.
1)Si 1 client se voit refuser l'entrée alors que bokou d'autres sont à l'intérieur , il faut se poser la question du pourquoi.
Le concerné veut sous entendre que il n'y a que des blancs qui fréquentent arena?
Dans ce cas les multiples publications d’arena temoignent le contraire— Christa Mupfasoni (@c_mupfasoni) January 5, 2022
2) D'autre part le problème n'est pas les sandales ou le short mais plutôt l'état de ses sandales ou de ce short par respect des autres clients qui y s'y trouvent.
— Christa Mupfasoni (@c_mupfasoni) January 5, 2022
3) Et aussi il y a question de comfort d’autres clients a l interieur.
Qu ils soient noirs ou blancs
C est tres incomfortable d etre assis dans un restaurant et de voir des gens en tenue “inappropriée” passer autour.
It doesnt feel safe at all.— Christa Mupfasoni (@c_mupfasoni) January 5, 2022
Cependant plusieurs #Abatwip n’ont pas été d’accord avec elle.
Asha, j'y suis allée en 2020 en "comeka za plastique" et culotte. Baranyankira kwinjira.
Nahakuwe n'umwe mubo dufpa abavyeyi yari yiyambariye nawene simple.
harya ikimenyane kirakora. https://t.co/8sNmYgFZvK— Stockman 🇧🇮 (@iMitwe) January 5, 2022
Sha uratomboye ko nasomye agacupa sinon nari kukubwira nabi, narigez kujayo nambaye souplesse za 15.000Fbu umujama yari yambaye ipapa nshasha za 100.000Fbu baramusubiza inyuma, donc ivyo wavuz vyikaushe sha abaryama baryame.
— ANONYMOUS (@KAarnaud) January 6, 2022
Exemple: un murundi se voit refusé l’entrée kubera son style idahuye na « dresscode ».Hanyuma un blanc passe avec le même style et lui on le laisse passer , le murundi demande igituma le blanc entre et non lui. Réponse obtenue:«lui il va bcp consommer»Nta discrimination mubona??
— Rumeri (@umurundi_Armel) January 5, 2022
Ce Lounge and Bar très fréquenté par les expatriés n’est pas le seul à pratiquer cette sorte de « discrimination » qui ne dit pas son nom. On le découvre avec ce tweet.
Café gourmand, Zanzi, Silhouette, Vinotheque, Atrium.. nazo zifate flyers kwa @isn_marie baje kwiga customer care. It's a shame https://t.co/AUnllpioas
— Best of Burundi (@bestof257) January 5, 2022
Si Arena gusa,boîtes zose umuzungu arahita mw'ibutura n'ikambambiri,wewe umwenegihugu ngo dress code. Mu bisanzwe muri 30° boretse uwariwe wese kuza mw'ibutura.Les banques,les institutions uko bakira le blanc siko bakira umurundi.Hama ngo twarikukiye.
— 🇧🇮@-Dr_Re_me_zo -@ A🇫🇷 (@21dr_re_me_zo_A) January 5, 2022
Mais ! Mais ! Mais ! Et si ce n’était pas une question de discrimination (ou de racisme) mais plutôt d’une stratégie d’affaires ?
Ces #Abatwip avancent cet argument…
Ucuhindura ururimi, bakagufata nk'umu expat si tu as la chance d'avoir une coiffure de ouf et un grand gabarit n'aho wojayo wambaye iboka 😂😂
Les étrangers peuvent s'autoriser bien des choses kubera dans la tête de pas mal de Burundais, ces gens là bafise ama devises. https://t.co/x6GZryLDWs
— 조엘 (@zzzooel) January 5, 2022
Amadorari namarundi avunjwa kimwe?
— Just, Ted (@ringuyeneza_ted) January 5, 2022
Les propriétaires de ces endroits ne favoriseraient-ils pas le blanc en crocs parce qu’il a les billets vert, plutôt que le jeune bujumburois branché avec ses nouveaux Air Jordan et une short déchirée aux poches trouées ?
Bref…
Quittons les nuits de Bujumbura pour parler de ses matins et après-midi ensoleillés dans les bureaux de nos institutions publiques et privées. Le service client est-il aussi l’enfant pauvre comme dans les clubs et bars ?
Publique ou privée, le client est « mangé » à la même sauce
Les banques…ah les banques locales où il faut avoir la patience de moines pour pouvoir récupérer son dû ! Mais on est où ? Cet umutwip a posé une question qui semble être banale mais qui s’avère être un des signes qui prouvent à quel point nos institutions publiques et privées ont du chemin à faire pour offrir un keya suffisant à leurs clients.
Mbe mwe muhora mubona ama toilettes mu ma banki yaha iwacu, muri partie clientele ?
— Muhire MUHIRE (@Muhiresaka) January 6, 2022
Vous imaginez, un client avec ses millions de BIF, parfois amené à se soulager dans les toilettes de la banque ? Celles-ci sont aussi sales que celles des prisons (je vous épargne des détails) !
Les grandes institutions de notre pays ne sont pas épargnées par ce manque de tact. On appelle à la barre, l’Université du Burundi (communément appelée « Rumuri », lumière en Kirundi).
Nous sommes aujrd'8 en 2022 alors que la promotion de 2016 n'a pas eu des diplômes. La ques° qu'on se pose: ça demande combien d'années pr confectionner ces documents ? @UB_Rumuri@MESRS4 @GeneralNeva pic.twitter.com/4Bb0BMNMAO
— Irfn712🇧🇮 (@irfn712) January 5, 2022
La première promotion de baccalauréat (après la mise en place du système BMD) n’a pas encore reçu de diplômes. Une honte pour cet Umutwip.
C'est quand même honteux pour une institution aussi importante que @UB_Rumuri https://t.co/EIfK2WUxpq
— Anakin Skywalker (@umwigisha_) January 6, 2022
Et qu’en est-il de l’Otraco (l’Office burundais des transports en commun) ? Espérons que ce n’est pas comme avant (vous vous rappelez-vous de l’affaire du #DGAuSandwich…) ?
Eh bien…cet umutwip n’est pas content du fait que les employés font la pause alors qu’il reste des personnes à servir. Ah, ce contrôle technique…, encore lui !
C'est la pause à l' #OTRACO. La pause est valable aussi pour les acquéreurs du document de contrôle technique..
Le seul avantage est la possibilité de manger dans la cour de l'#OTRACO..
Vive la pause!
Vive la bouffe! pic.twitter.com/mUFB7FrJQh— Tanguy Irangabiye (@TIrangabiye) January 5, 2022
Indexer aussi nos politiques ? Oui, cette umutwip l’a fait.
uri umutegetsi muri service kanaka puis umunyagihugu aje kukwitura ibibazo afise kandi biri muri service urongoye au lieux yo kumwumviriza ushitse umubwira nabi😏😕😣 seriously uri umutegetsi wiki si tu n'es pas là pour satisfaire les besoins zabo urongoye? shame on you
— Hosy Irakoze 🇧🇮 (@HosyIrakoze) January 5, 2022
At the end of the day (un peu d’anglais n’a jamais tué personne), nos dirigeants ne sont-ils pas élus pour nous servir ? Ah oui, Mea Culpa j’ai oublié, les choses ne fonctionnent pas toujours comme il se doit dans la république des tambours. Comme dirait l’autre : « Ce petit beau pays est un drôle de cirque ».
En attendant, oui les propriétaires des bars et restaurants de Bujumbura (et du reste Burundi) doivent changer au risque de perdre leur clientèle (si ce n’est pas déjà fait pour certains). Les services publics doivent se focaliser sur l’essentiel. Nos dirigeants ne devraient pas oublier qu’ils sont au service du peuple…, et le peuple c’est NOUS (comprendre : Abarundi bose)
Cette umutwip nous fait un clin d’œil.
#abatwip Ko nguma mbona imyidogo kuri customer care (see @bestof257 ) y'i Burundi, can we also talk about ingene aba clients bamwe bafata nabi les serveurs et autres fournisseurs de service?? L'un ne va pas sans l'autre. Le changement commence peut-être par soi aussi…🤷🏾♀️
— Mary Buntu (@MaryBuntu) January 5, 2022
Parlant toujours du « customer care » (« keya » dans le jargon local) de la part des prestataires de services, n’oublions pas non plus de respecter ce serveur, même si on a trop picolé, cette femme/fille à la caisse ou ce taximan qui demande un prix un peu plus élevé que d’habitude parce qu’il travaille à des heures impossibles. Pour reprendre cette umutwip, « le changement commence peut-être par soi ».
J’ai aimé votre style d’écriture.. Surtout le passage.. « quittons les nuits de Bujumbura.. » wow la classe👌
Demmmm i love this. Soon change will come kbisa twatnguy guhumuka. But we need to remember yuko ivyo dukora vyose either ab customers ck abatanga izo services we all need to change kuk uwuzanye amahera nuwuyakira bose barakeneraniye
Du coup, une semaine sans twitter, Tu peux retrouver l’essentiel ici!
Disons que maintenant on est en voie de développement apan bimw vy kwizin gus…. enfin il y a ceux qui commence à remarquer ces choses…. ça reste d’être vraiment indépendant coe on le célèbre chaque 1er juillet