La dernière fois qu’un président burundais avait participé à l’Assemblée Générale (AG) de l’Onu, c’était il y a dix ans. Si le Burundi a été toujours représenté, il faut dire que la crise de 2015 est venue compliquer la participation du premier des Burundais dans les rencontres de ce genre. Maintenant qu’il a fait lui-même le déplacement, qu’est ce qui va changer ?
C’est le rendez-vous de l’année des chefs d’Etats et des gouvernements des 193 pays membres de l’Onu. Cette AG, la grand-messe, permet de réunir dans une même enceinte tous les chefs d’Etat présents. Puissances, démocraties, dictatures ou républiques que l’on aime taxer de bananières, tous sont présents, se parlent, s’écoutent (bon je n’oublie pas que quand les chefs d’Etats « pauvres » font leur discours, les grands de ce monde sont rarement présents. Mais ça c’est autre chose). Pour un chef d’Etat, rater cette assemblée n’est donc pas une bonne chose.
Une tribune pour faire entendre sa voix
L’AG, elle est surtout la principale instance d’élaboration des politiques des Nations-Unies. C’est aussi le cadre qui permet de discuter sur les enjeux du moment. Bref une tribune pour donner sa voix sur la situation qui prévaut à l’international, mais pas que. A ce propos, on se rappellera pendant longtemps des discours célèbres comme celui de Fidèle Castro en 1960 dans lequel, le cubain, dans une envolée verbale de…4h29’, a dit : « …que disparaisse la philosophie du pillage et la guerre aura disparu », ou encore celui de Thomas Sankara (Burkina Faso) du 04 octobre 1984 appelant au rassemblement des pays de l’hémisphère sud.
La dernière fois qu’un numéro Un burundais avait participé à cette grand- messe, c’était en 2011. A l’époque, c’est feu président Pierre Nkurunziza qui était aux affaires. C’était dans la deuxième année de son deuxième mandat. A l’époque, malgré le contentieux électoral de 2010, on est loin, trop loin de l’intensité de la crise qui éclate en 2015. Cette dernière change la donne. Elle change l’image du Burundi dans le concert des nations. Le pays de Mwezi se voit presque isolé par une partie de la communauté internationale. Son image est écornée. Résultat, le président burundais ne se déplacera presque pas à l’extérieur du pays. Il sera toujours représenté à l’AG des Nations-Unies. Vous n’avez pas besoin d’être des diplômés en Relations Internationales pour réaliser que ce n’est pas avec le même poids.
Après la pluie, le beau temps…
Inutile de s’y attarder. La mandature 2015-2020 a été tout sauf stable. La crise politique a mué en crise économique et humanitaire. Il faut dire que le pays croule sous le poids des sanctions qui n’ont pas encore été levées, même si une petite lueur d’espoir pointe à l’horizon. Il ne faut pas non plus oublier que l’insécurité qui a prévalu pendant des années a fait que le Burundi se retrouve sur l’agenda du conseil de sécurité de l’Onu, ce qui n’est pas du tout un gage de bonnes relations avec certains pays.
Avec 2020, les nouvelles institutions s’installent. Et elles ne charment pas moins les partenaires traditionnels du Burundi, ceux-là même qui avaient coupé le pont avec Gitega. Les dernières tentatives de rapprochement avec l’Union Européenne sont là pour nous donner raison. Entre temps, le pays est retiré de l’agenda du conseil de sécurité des Nations-unies. Dans le même ordre d’idée, les Etats-Unis d’Amérique viennent de décider d’augmenter l’enveloppe de l’aide dédiée au pays.
« Des signes de bonne volonté… »
Mais que l’on ne se fasse pas trop d’illusions, l’heure n’est pas encore à la normalisation complète. D’ailleurs, le dernier rapport de la commission d’enquête sur les violations des droits de l’homme au Burundi ne facilite pas la tâche à Gitega. C’est aussi sans oublier des signes d’insécurité qui font tache d’huile (embuscades meurtrières sur les routes, des grenades lancées ici et là non sans faire des victimes, des disparitions, etc). De quoi rappeler qu’il reste encore des choses à régler avant la normalisation entière et complète.
« Des signes de bonne volonté sont en train d’émerger ». C’est en tout cas ce que veulent croire et exprimer certains partenaires traditionnels du Burundi. Et c’est d’autant plus vrai que l’actuel numéro un n’est pas si mal vu sur la scène internationale. Qu’il se rende au Nations-Unis et qu’il y rencontre d’autres chefs-Etats, leurs représentants et/ou patrons de grandes institutions internationales, ce n’est que le prolongement des efforts que le président Ndayishimiye fait pour sortir le Burundi de l’isolement. Lui qui a déjà à son actif plusieurs visites à l’extérieur du pays alors qu’il n’a pas encore fait deux ans au pouvoir.