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Nouvelle route Kampala-Kobero-Buja : quels sont les enjeux ?

Depuis le mois de mai 2021, l’Ouganda a manifesté son intérêt pour la construction d’une nouvelle route afin de redynamiser le trafic avec le Burundi. Cela après la fermeture de la frontière de Gatuna.  Qu’en pensent les commerçants ? Analyse.

Enfin une solution pour faire face aux conséquences des querelles politiques qui opposent l’Ouganda au Rwanda et ayant abouti à la fermeture de leur frontière commune. Une route Kampala-Kobero-Bujumbura, c’est ce qui a été conclu entre le président burundais et son homologue ougandais au mois de mai 2021. Pour rappel, c’est au mois de février 2019 que le Rwanda a fermé la frontière terrestre avec son voisin du nord.

Destinée à redynamiser le commerce entre nos deux pays, la nouvelle route sera constituée par deux tronçons du côté de l’Ouganda : Kitagate-Isingiro-Karagwe et Myotera-Mutukula-Karagwe. Puis les deux se joindront en une seule voie pour traverser la région de Ngara au nord-ouest de la Tanzanie. Ils seront reliés au point de passage frontalier de Kobero au Burundi. Ils seront longs respectivement de 360 km et 274 km.  Il faudra par la suite 348 autres kilomètres de route pour rejoindre Bujumbura, la capitale économique.

Ce projet est une priorité. Cela transparaît dans la déclaration de la ministre ougandaise des travaux publics, Joy Kabatsi. D’ailleurs les technocrates qui superviseront les travaux et les routes en Ouganda, en Tanzanie et au Burundi doivent se réunir le 20 juin de cette année.

 Pourquoi y a-t-il urgence ?

Pas d’intérêt, pas d’actions, dit-on. Ce n’est pas pour rien que l’Ouganda s’est engagé à  réhabiliter ces routes pour booster ses échanges avec le Burundi. A cause de la fermeture de la frontière de Gatuna, le pays d’Idi Amini Dada a perdu le marché burundais d’écoulement de ses produits au profit de ses concurrents de l’EAC.

Par exemple,  en 2019, les importations en provenance  de la Tanzanie, du  Kenya et du Rwanda  ont augmenté de  2 à 17 milliards de BIF.  En même temps, celles en provenance de l’Ouganda ont chuté de 4 milliards de BIF.

Les commerçants saluent le projet, mais…

Ce projet est moyennement apprécié par les commerçants burundais. Pour John, commerçant de vêtements, ce projet vient débloquer son business. Mais il a peur que cette nouvelle route augmente le coût de transport, ce qui se répercutera sûrement sur les prix au détail et sur le chiffre d’affaires.

Karim, lui, trouve que ce projet ne va pas lui permettre de garder la même marge bénéficiaire qu’il avait avant. L’itinéraire passant par la Tanzanie est cher par rapport à celui de Gatuna. Il a d’ailleurs déjà pris d’autres dispositions : « J’ai changé de fournisseurs. Je m’approvisionne en Tanzanie depuis 2019. C’est inutile de retourner en Ouganda. Par après, d’autres commerçants m’ont emboîté le pas ».

 

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