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Non, on ne combat pas la mendicité avec une loi

« Selon la nouvelle loi portant révision du code pénal adoptée à l’unanimité par l’Assemble nationale, toute personne qui vit en état habituel de mendicité est punie de 14 jours à deux mois de servitude pénale et d’une amende de 5 à 10 000 FBU », peut-on lire sur le compte Twitter de cette institution. Pour le journaliste-blogueur Egide Nikiza, vouloir éradiquer la mendicité par des sanctions revient à s’attaquer aux conséquences et non aux racines d’un problème avant tout social.  

Bernadette Nahimana, 53 ans, est originaire de la commune Matongo en province de Kayanza. Elle assure vivre de la mendicité depuis trois ans. Larmes aux yeux, la nullipare explique : «  Mon mari est mort. Comme nous n’étions pas mariés légalement, ses frères m’ont signifié que je n’avais plus droit à la propriété, arguant que je n’avais pas eu d’enfant avec lui. »  Elle souligne : « nous avons partagé le même toit pendant plus de 30 ans.»  Maintenant, chassée de chez elle, elle vit de la charité des passants.   « L’on ne choisit pas d’être un mendiant», soutient-elle, qualifiant la mesure de la ministre d’une condamnation à mort.  

Karim Alphan, 12 ans, natif de la zone Buterere, commune Ntahangwa en marie de Bujumbura, est orphelin depuis sa naissance. Sa mère est morte en couches.  Son père a vite pris une seconde femme. Le gamin n’a pas eu la chance d’être scolarisé.  «Je n’en pouvais pas. Ma belle-mère me traitait cruellement. » Depuis ses sept ans, il est enfant en situation de rue.  Il est mendiant et pickpocket pendant la journée. Et il rentre la nuit dans les égouts de la ville de Bujumbura.  Depuis trois ans, il est sans nouvelles de son père. La décision de la ministre ne lui dit presque rien. Car, estime-t-il, il n’y a pas plus bas.

Que faire ?

Les deux exemples sont révélateurs d’un phénomène beaucoup plus complexe que la ministre de la Justice ne le pense peut-être. Et toute initiative, coercitive ou non, contre la mendicité qui ignore ses causes sera voué à l’échec. Il faut d’abord cerner la question, comprendre ses causes,…  Incontestablement que la misère y est pour quelque chose. Et on ne la combat avec des lois. Le gouvernement doit s’attaquer au dénuement dans lequel vivent un bon nombre de Burundais. Cela pour empêcher que le phénomène n’aille crescendo.     

Sinon, je suis totalement pour la répression de l’exploitation de la mendicité. Les autorités y ont pensé et elles devraient y insister davantage. Car contrairement à la mendicité, son exploitation est socialement une infraction.

La mendicité étant généralement la conséquence soit d’un état de vulnérabilité soit d’exclusion, croire donc que l’on peut contenir le phénomène par une simple loi, au moment où la paupérisation s’accentue de jour en jour, n’est qu’une utopie.    

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