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Non, M. le ministre. L’économie burundaise ne se porte pas bien

Ce n’est pas facile de convaincre une population qui a du mal à se nourrir, à se soigner et à se déplacer, qu’elle vit dans un pays où l’économie se porte comme un charme. Bien qu’il ait cité un chiffre de la FMI, le ministre ne semble pas avoir convaincu ce blogueur qui a pris sa plume pour dire pourquoi.

La récente sortie du ministre des Finances, Domitien Ndihokubwayo interpelle. Face à la presse, ce mercredi 10 août 2022, il a affirmé que  « l’’économie burundaise se porte bien actuellement ». Citant le récent communiqué de presse du conseil d’administration du Fond monétaire international (FMI) sur le Burundi, Domitien Ndihokubwayo a annoncé que « avec 3% de croissance comme l’a déclaré la FMI, l’économie burundaise montre une bonne progression ». Cependant, M. le ministre semble avoir oublié d’autres indicateurs.

«  Le pays le plus pauvre du monde »

Avec un produit intérieur brut (PIB) de 267 dollars américains , le Burundi se classait en dernière position en 2021, selon toujours la FMI. Une position qui fait du pays du Burundi, le pays le plus pauvre du monde.

Ce n’est pas tout. Actuellement, le Burundi fait face à un autre grand défi : l’inflation. Selon le site tradingseconomics.com, le Burundi affichait un taux d’inflation (variation du niveau des prix) de 17,57 % au mois de juin. Ce taux était de 18,57 % au mois de mai de cette année. Selon, les chiffres fournis par  l’Institut des statistiques et d’études économiques du Burundi (Isteebu), le taux d’inflation des produits alimentaires a presque doublé, passant de 8,3% en novembre 2021 à 15,1% en mars 2022.                                               

« Pénurie » est le mot sur toutes les lèvres

Il est compliqué de se déplacer maintenant au Burundi. Pourquoi ? Nous faisons face à une pénurie de carburant depuis des mois. S’il y en a certains qui tentent de trouver des solutions (covoiturage, etc.), pour d’autres l’espoir s’envole doucement : il suffit de faire le tour des stations-service des différents coins du pays pour constater le spectacle de détresse qui s’y déroule : de longues files d’attente, des bagarres, etc., sans parler des cas de spéculations qui s’observent.

Ce n’est pas que le carburant qui manque au pays du lait et du miel. Le Cœur d’Afrique manque cruellement du sucre. La pénurie du sucre  dure depuis tellement longtemps que certains Burundais ont presque oublié qu’il y a une société publique qui fabrique ce produit, à savoir la Sosumo.

A tout ce qui vient d’être dit, ajoutons les coupures intempestives d’électricité  qui sont devenues monnaie courante dans le pays, sans oublier  la pénurie des produits Brarudi et du ciment de Buceco. Comment peut-on dire que l’économie nationale progresse dans ces conditions ?

Le manque de devises, le talon d’Achille

Au mois de mai de cette même année, le président de l’Olucome (Observatoire de lutte contre la corruption et les malversations économiques) annonçait que «  la cherté de la vie au Burundi émane du manque de devises » . Sans devises, rien ne va, et il devient difficile pour le pays de s’approvisionner en matières premières, en médicaments  et en carburant.

Difficile d’expliquer à un Burundais lambda que l’économie burundaise se porte bien actuellement. Même si le communiqué de presse du conseil d’administration de la FMI affirme que le pays aura une croissance qui va s’établir à environ 4,7 % en moyenne sur la période 2023–27, la situation économique actuelle suscite l’inquiétude. Cela est d’autant vrai, lorsqu’on sait que même le communiqué de la FMI que M. Domitien a évoqué souligne le fait que même si la dette publique du Burundi est soutenable, le risque de surendettement extérieur est considérable. D’ailleurs à ce propos, le pays ne doit-il pas plus de 147 milliards de BIF d’arriérés de cotisation à certains organismes internationaux dont il est membre ?

 

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