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Les introverties ont aussi leur place à Yaga

Si certains Yaguistes ont le verbe facile, ce n’est pas à dire que ceux qui sont parcimonieux dans les mots n’ont pas voix au chapitre quand il faut débattre des enjeux du moment. Chacun, dans sa particularité, apporte sa contribution à sa façon.  Une blogueuse se rappelle de ses premiers pas à Yaga.

En février 2015, je suis à l’université du Burundi, et rêvant d’un avenir meilleur comme tout jeune burundais. Je me voyais en une grande écrivaine des années plus tard, et dans mes heures perdues, j’aimais jeter un coup d’œil sur ce que les jeunes burundais aiment écrire, partager. Un jour je tombe sur une publication d’Alain Horutanga que je suivais sur Facebook, pour un appel de manifestation d’intérêt pour les jeunes blogueurs. « Blogging » était un mot étranger pour moi, mais qui me fascinait. Je voulais me frotter à l’univers de l’écriture, mais aller jusqu’à partager mes propres opinions sur Internet, j’étais partagée entre lancer le filet, et ranger dans mon tiroir mes délires comme d’habitude.

Face à soi-même d’abord

Pour une introvertie comme moi, il faut savoir que les conversations que j’avais le plus, c’était d’abord avec moi et moi encore… J’ai parlé à une amie, collègue à l’époque si on ne devrait pas se lancer. Et hop ! On a décidé de se lancer. L’appel demandait d’envoyer soit un texte, un slam ou quelque chose dans ton domaine d’intérêt. Et le mois de mars approchait, où on parle des droits de la femme. Je ne me targuais pas de féministe, mais je voulais m’exprimer sur les capacités, possibilités que les femmes ont en elles, mais qu’elles ignorent encore.  J’ai écrit un texte que j’ai nommé « Anny », dont je vous épargne les détails… mais il interpellait la jeune fille en moi, la femme que je voulais devenir, ainsi que toute autre fille de ma génération, à investir sur soi.

Quelques jours plus tard, je suis en cours à la fac, je reçois l’appel d’un numéro que je ne connais pas, j’ai répondu, c’était le fameux Alain, j’ai demandé : « Horutanga ? ». Comme si je n’avais pas bien entendu son nom. Il a répondu par un « oui » et m’a demandé si je serais intéressée à participer dans une formation pour les jeunes blogueurs qui ont été sélectionnés. J’ai accepté sans hésiter, mais je ne savais pas quelle aventure m’attendait.  Je comptais les jours, les heures, et c’est ainsi que je me suis retrouvée des semaines plus tard à la Maison de la presse, avec d’autres jeunes, pour découvrir l’univers du blogging.

J’y ai retrouvé des jeunes comme moi, des journalistes, des artistes, des activistes, et autres talents, à des doses différentes. Ce que l’on avait en commun, la passion pour l’écriture ; faire entendre la voix des jeunes… Le premier mot que j’ai retenu, c’est que le blogging est avant tout un journal de bord, en ligne. Et dans ma tête, c’était : « Ça y est, tu vas partager ce que tu penses, et tout le monde lira ce que tu auras écrit ». Mais après avoir découvert ce merveilleux voyage, petit à petit, je me suis habituée à m’exprimer sur papier, et à ranger mes idées. Les premiers jours ; tu pouvais envoyer un texte, et au moment de la publication tu retrouvais la moitié de ton texte, bahejeje kuyungurura. Et d’autres fois, tu pouvais revoir toutes tes idées,  et c’était comme un jackpot pour moi. Le sourire pour la journée était assuré, mais aussi ça t’apprenait à te perfectionner davantage.

Diversité d’opinions, mais pas que

J’ai aimé la diversité d’opinions là-bas, les débats qui s’échauffent, mais en fin de compte chacun y retrouve son compte. Quelques années plus tard ; l’expérience apprise là-bas m’a aidé dans ce que je fais au quotidien, ma voix intérieure et sur papier que j’ai apprise à aiguiser auprès de Yaga m’accompagne dans mon travail de tous les jours. Si Yaga signifie raconter, c’est ce qu’on fait chaque jour qui passe. Alors continuons à raconter nos quotidiens, les voix et les visages qui nous lisent, continuons à parler des solutions, à porter une pierre à l’édifice de notre histoire. Tubandanye tuyaga amahoro, n’agateka k’umukenyezi

 

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