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Yaga, une perle dans le paysage médiatique burundais

Son histoire, son personnel, sa manière de faire font de Yaga une organisation sui generis. Yaga a nourri des ambitions chez de nombreux jeunes. Elle a donné une chance aux talents en herbe, leur permettant de briller bien au-delà de leurs espérances, et au public d’avoir accès à des informations compréhensibles, aussi bien pour les jeunes de sept ans que pour les adultes de soixante-dix-sept ans, directement sur leurs smartphones. Hommage.

 Je vous épargne les détails qui traduiraient ma profonde gratitude envers cette organisation que j’ai vu naître, mais que je continue à admirer. Au début, vu de loin, Yaga semblait être une initiative de jeunes qui, comme tant d’autres, dispersaient leurs efforts en créant quelque chose qui semblait voué à l’échec. Pourtant, ceux-là ne se laissaient pas décourager par les échecs de leurs initiatives passées, trouvant toujours le courage de se réinventer encore et encore. L’histoire nous montrera qu’ils étaient déjà bien déterminés à embrasser ce joyau, qu’il leur revenait de façonner. Et si je vous racontais comment j’ai intégré Yaga sans trop attendre ?

C’était en novembre 2016, lors d’une mission de travail aux Pays-Bas. Alors que je devais assister au 15e sommet des États membres de la Cour Pénale Internationale, une amie m’a invité à une autre rencontre sur la paix dans les Grands Lacs, pour un après-midi libre. Je devais y parler de la situation au Burundi, notamment celle des médias, après le décès de la très respectée Pr. Marie Soleil Frère. Après mon exposé, un certain Adrien Trocmé, accompagné de son collègue représentant la Radio Nederland, partenaire de Yaga, ont été surpris de rencontrer un journaliste capable de parler du Burundi sans condescendance, alors que la bipolarité ethnique y imposait son dictat dans l’exercice narratif en période de crise.

« Pouvez-vous travailler pour nous ? »

Ainsi, je suis devenu la star improvisée de cette rencontre à laquelle je n’avais pas été convié initialement. Peu à peu, je suis devenu la personne désignée pour restituer les travaux de notre groupe, celle qui allait échanger via WhatsApp avec Alain Horutanga, responsable de Yaga à l’époque, pour une « confrontation de lecture » sur la situation au Burundi. S’en est suivie une demande en aparté : « Pourrais-je devenir contributeur de Yaga ? ». Ma réponse ne s’est pas fait attendre, tant j’en avais envie.

De retour, j’ai écrit de nombreux articles, proposé des sujets, et surtout suggéré tout ce que je pouvais. J’ai tissé des liens avec certains membres de l’équipe, ceux qui y travaillent encore et ceux qui ont choisi une nouvelle aventure. J’aime toujours cet accueil bienveillant, qui commence avec la concierge et se poursuit jusqu’aux responsables de Yaga — pour ceux qui ont la chance de les côtoyer. Je vois les plus jeunes interagir aisément avec les plus âgés, dans une ambiance où « piquer des crises d’intelligence » est un vœu permanent.

En 10 ans, Yaga a déplacé des montagnes

Ah oui, je suis un témoin actif de Yaga, moi qui l’ai vu naître en tant que collectif de blogueurs, puis devenir une référence pour certaines formations spécifiques destinées aux journalistes, tout en jouant un rôle majeur dans le traitement et le décryptage de l’actualité. Oui, c’est Yaga qui a aidé certains jeunes à devenir des créateurs de contenus professionnels, dont les fruits de leur travail finiront par payer.

Les 10 ans de Yaga, c’est aussi des choix parfois critiquables, des projets qui se clôturent et qui obligent à se séparer de personnel qualifié, etc. Ce sont autant de défis qui mettent l’organisation à l’épreuve, mais qui montrent aussi qu’elle est une grande organisation, dont l’impact dépasse les clivages qu’elle pensait toucher. Mais une chose est sûre : sa résilience et son intelligence l’ont toujours poussée à se transformer, et cette métamorphose continue de l’obliger à se réinventer, pour le plus grand plaisir de ceux qui la suivent, que ce soit à travers ses articles ou ses autres publications.

 

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