Deux milliards de francs burundais est le montant collecté par le chef de l’État au lendemain de l’incendie du marché de Kamenge en vue de sa reconstruction. Une première d’une telle ampleur dans l’histoire du Burundi. Que signifie ce geste dans un pays que certains voudraient réduire à un pays de pauvres ?
Les sommes sont pharaoniques. Par comparaison, c’est un millième du budget annuel de l’Etat, c’est trois fois le coût de la construction du marché de Kamenge, un 1/15ème du coût de construction de l’hôpital régional de Karusi. Des sommes énormes qui proviennent plus des individus que des entreprises. Pour certains, le geste au nom de l’entreprise est couplé au don à titre personnel.
Quand un ministre en fonction a offert à l’État un immeuble flambant neuf, certains ont crié haro, l’accusant de remettre une partie de ce qu’il aurait pris au gouvernement. À l’époque, je suis venu à sa défense en avançant que nombreux sont ceux qui ont fait leur nom grâce à l’argent publique sans autre forme de reconnaissance en échanges. Ceux-là, je les taxais d’ailleurs d’ingrats.
Un coup de maître
Le marché de Kamenge donc. Ce lundi dernier, lorsque le chef de l’État vient constater les dégâts, un groupe d’entrepreneurs l’accompagne avec un mandat peut-être bien connu d’avance : déclarer publiquement le montant à contribuer pour la reconstruction du marché. Des hommes d’affaires, des chefs d’entreprises parapubliques, n’hésitent pas à donner 200 millions ou 100 millions de francs burundais.
Nous sommes lundi, une réunion devrait se tenir au sein de certaines entreprises pour décider de la somme à donner. A-t-elle finalement eu lieu ? On ne le saura pas. Urgence oblige, il ne faut pas manquer à l’appel du chef suprême. Pour ces entreprises aux règles de gestion plus que rigoureuses, il faudra donc se contenter de promesses. « Nous promettons notre contribution dont le montant sera le résultat des consultations internes », peut-on entendre des dirigeants de certaines sociétés.
La scène de ce lundi est un coup de maître de la part des services de la présidence. Ils ont pu fédérer autant d’hommes d’affaires autour d’un drame qui a endeuillé plusieurs commerçants autant à Kamenge que dans plusieurs localités du pays. Quant à l’image du président, elle n’en sort pas moins éclatante, pour avoir récolté des dons que personne, du moins nous autres citoyens ordinaires, n’a vu venir.
Une générosité non sans risque
Les grands contributeurs dans ce basket fund n’étaient pas là par hasard. Le président les appelait par leur propre nom. Un député et responsable d’une grande société, des patrons que la classe moyenne ne jure plus que par leurs noms, des hauts cadres nouvellement nommés à la tête des grandes entreprises du Burundi, tous se succédaient et donnaient le sentiment qu’ils connaissaient la mission qui les a fait venir jusqu’aux cendres du marché de Kamenge.
On peut se dire qu’il ne devrait être que ceux-là pour ce grand geste. Le risque est, pour celui qui n’a pas contribué ce jour-là, de culpabiliser pour avoir manqué à l’appel non-public du président de la République. Dans les affaires, ces promesses de don ont des retombées positives sur leurs auteurs. Cependant des dons pareils dont la publicité va jusqu’à faire connaître le nom de l’auteur font planer le risque que, dans des situations extrêmes, ces individus puissent faire plier l’Etat face aux intérêts de toute une nation.
Qui va gérer cet énorme montant
Quel est à l heure actuelle le montant versé
Oui. Ces don peuvent devenir une grande corruption dans les moments plus autres. Mais quand même il y avait moyen de donner des sommes par ce que ce sont des sommes du peuple dans les mains des chefs. Ils ont bien fait en les versant
Que Dieu vous bénisse mon président.