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IGEBU et le système d’alerte précoce : où est-ce que ça coince ?

Des dégâts matériels et humains causés par des intempéries, le niveau du lac Tanganyika qui a monté d’un cran, les inondations des rivières ici et là. Voilà le lot des habitants de Bujumbura ces derniers temps. Pourtant, les données hydrométéorologiques d’alerte précoce permettraient de prévenir les populations. Où est le nœud du problème ?

Le travail incombe à l’IGEBU. C’est lui qui devrait alerter par avance la direction générale de la protection civile et de la gestion des catastrophes pour que ce dernier prévienne les populations. Cette direction demande-t-elle des données à l’IGEBU ? Selon Antoine Ntemako de la protection civile, la réponse est oui. Seulement, il déplore le délai d’obtention de ces prévisions. Il aimerait recevoir ces informations de manière structurée et aux fréquences convenues, c’est-à-dire à court, moyen et long terme. Qu’est-ce qui manque ?

Les opportunités sont là

En termes d’infrastructures, le Burundi est bien desservi avec 19 stations climatologiques toutes opérationnelles. Largement même au-dessus des normes de l’Organisation Mondiale de la Météorologie, compte tenu de la superficie du territoire. Le pays a également 54 stations hydrologiques classiques et fonctionnelles qui mesurent le niveau d’eau et le débit. En plus, en juin 2019, un système d’alerte précoce à base communautaire composé de 10 stations agro-météorologiques, 10 stations hydrologiques et 10 stations pluviométriques automatiques ont été installées et connectées au serveur de l’IGEBU qui enregistre les données hydrométéorologiques automatiquement toutes les 15 minutes, et en temps réel. Avec ce dispositif, le traitement et la transmission de ces données aux décideurs devraient être plus aisés et plus rapides, permettant ainsi d’anticiper et de prévenir les communautés locales des risques des catastrophes.

Trois défis

Selon le rapport évaluant l’état des lieux des services hydrologiques et météorologiques du Burundi, trois raisons handicapent ce système d’alerte précoce. De un, l’unité de climatologie compte quatre prévisionnistes. À côté du fait qu’ils sont en nombre insuffisant, ils ne sont pas qualifiés en la matière. L’unité dispose du logiciel de traitement de données CLIMSOFT, mais sans personnel qualifié pour s’en servir. Et le pire, il n’y a pas même d’institution de formation dans le domaine de l’hydrométéorologie au Burundi.

De deux, l’IGEBU accuse un manque d’infrastructure informatique adéquate pour la collection, le traitement, le stockage et la sauvegarde des données. Quant à la diffusion des données, le Burundi ne dispose pas encore de texte juridique qui détermine les conditions de fourniture de données et produits météo. Une proposition de plan stratégique pour le développement des activités météorologiques et hydrologiques pour la période 2017-2021 a été rédigée, mais n’a pas encore été adoptée.

De trois, les frais de maintenance des équipements et l’acquisition d’un nouveau matériel dépendent principalement des éventuels financements extérieurs. Et comme d’autres secteurs, la crise de 2015 ne les a pas épargnés. Le pire, le budget mis à disposition par le gouvernement (42.320.000 FBU par an pour tout l’IGEBU) ne permet pas de financer l’engagement d’un personnel qualifié ou la maintenance des équipements.

Que faire ?

Pour arriver à l’élaboration des prévisions axées sur l’alerte précoce, le Burundi devra viser une collaboration avec des partenaires régionaux pour des échanges d’expériences. Il faudra aussi élaborer un plan de formation qui permettra de fournir de la main d’œuvre qualifiée aux services hydrologiques et météorologiques nationaux, sans oublier l’adoption du plan stratégique pour le développement des activités hydrométéorologiques.

 

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Les commentaires récents (2)

  1. Bonsoir à vous tous qui commentent souvent sur les prévisions et l’alerte précoce.Vos commentaires contiennent souvent des dénigrements envers l’IGEBU.L’IGEBU compte actuellement plus de 15 météorologiques qualifiés et performants.Les prévisions quotidiennes en 24 heures sont produisent régulièrement,les prévisions hebdomadaires aussi,les prévisions intrasaisonnieres et saisonnières également.Ceux qui ont toujours l’envie de salir l’IGEBU devraient d’abord s’informer comment faire le travail de prévision, connaître l’aleas climatique et son origine.La montée du niveau d’eau du lac Tanganyika est un phénomène hydrometeorologique interindepandance qui concerne tous les pays où passe le lac.Actuellement les utilisateurs de nos produits sont satisfaits de la qualité et de la fiabilité.les témoins sont la plateforme de prévention et de gestion des catastrophes,la Croix-Rouge,les ONGs locaux et internationaux .

    1. Comprenez qu’il n’y a pas de dénigrement de l’IGEBU. Loin de là. Cet article est une lecture du récent rapport sur l’État des lieux des services hydrologiques et météorologiques du Burundi. Face aux défis de la population qui ne sont pas alertés à temps pour ce préparer à temps, tous les données et défis ont été fournis par ce rapport qui a été faite avec les cadres de l’IGEBU et ceux de la protection civile. Voici le lien du rapport pour vérification: https://www.gfdrr.org/sites/default/files/publication/Services%20Hydromet%20Etat%20des%20lieux_Burundi%202020.pdf
      Loin du dénigrement de L’IGEBU, nous saluons son action et à travers nos articles c’est comme akagohe nkeburabarundi ku babijejwe kugira hagire igikorwa, car le rapport montre bel et bien qu’il y a des défis à relever, et proposer des solutions pour le bien ultime de la nation n’est pas du tout dénigrer l’IGEBU.