Si, à un certain moment, le Burundi a décliné la responsabilité d’assumer la présidence de l’EAC, c’est du passé. C’est bel et bien le pays de Ntare Rushatsi qui s’apprête à assurer la présidence de l’East African Community (EAC). Mais y a-t-il des avantages pour le pays à occuper cette position ? Eléments de réponses.
Le Burundi avait décliné cette responsabilité en 2016, ce qui avait fait couler beaucoup d’encre et de salive. Qu’est-ce qui a poussé les autorités de l’époque à décliner cette responsabilité ? « Au regard du contexte politico-sécuritaire qui prévalait, mais aussi au regard du climat de relations avec les pays voisins de l’EAC et d’autres partenaires internationaux, il y a lieu de se demander si cette décision d’assurer la présidence de l’EAC aurait été très bénéfique pour le pays », a indiqué Guillaume Nkengurutse, professeur d’université, à nos collègues de la Radio-Télévision Isanganiro.
Un message à travers ce retour ?
Claude*, consultant en communication travaillant pour une boîte de la capitale économique, pense que c’est un signe qui ne trompe pas et qui témoigne de la stabilité du pays et des institutions du Burundi. Si à un certain moment les autorités étaient plutôt préoccupées par la situation qui prévalait au niveau interne, cela marque un point de rupture avec cette situation. C’est comme si le président disait : « Nous sommes là, prêts à assumer pleinement notre rôle, nous avons des choser à proposer en ce qui concerne notre organisation commune, comptez sur nous désormais », fait savoir Claude.
Mais il ne faut pas y aller les yeux fermés, parce que, s’il faut que le pays se saigne pour payer des cotisations (en devises, ce n’est pas superflu de le souligner), il faut qu’il puisse bénéficier pleinement des opportunités que cette organisation offre. C’est sans doute pour cela qu’un atelier sur l’état des lieux de l’intégration économique du Burundi au sein de l’EAC vient d’être organisé. Le président de la République y a participé en personne. Ceci pour souligner l’importance que cette haute autorité donne à cette organisation dont il est désormais à la tête.
Quid des avantages ?
« Sur le plan symbolique, le fait que le Burundi assure la présidence de la communauté est-africaine est symptomatique des relations avec les pays qui s’améliorent. Plusieurs fois, le Burundi n’a pas voulu assumer cette présidence pour des raisons évidentes. Sur le plan interne, tout n’allait pas très bien. Sur le plan international, les relations n’étaient pas au beau fixe. Toujours sur le plan symbolique, cela traduit une amélioration de l’image du pays », a indiqué le prof Nkengurutse. Toujours d’après cet expert, cela entre dans la droite ligne de la politique du président burundais qui avait dit lors du discours de son investiture que l’une de ses priorités est de redorer l’image du pays et de travailler pour le retour du Burundi dans le concert des nations. « C’est une décision qui vient matérialiser le fait que Burundi s’ancre dans l’arène internationale », a souligné l’expert.
Mais il y a un autre avantage à occuper cette position. En assurant la présidence d’une telle organisation, on devient l’interlocuteur de ses partenaires. En défendant les intérêts, peut-on en profiter et prêcher pour sa cathédrale ? Faustin Ndikumana, président du Parcem, n’est pas du tout de cet avis. Comme il s’agit d’une présidence tournante, « quand on parle au nom d’une organisation on suit un programme déjà tracé collectivement et pluriannuel ». Pour lui, c’est la visibilité et le retour sur la scène après des années d’isolement, rien de plus.
* : nom d’emprunt