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L’EAC risque de se lasser du jeu burundais

Le gouvernement du Burundi a boycotté le sommet des chefs d’État de la Communauté de l’Afrique de l’Est après avoir boycotté le dialogue d’Arusha parrainé par la même EAC. Serait-ce sans conséquences?

Le Burundi a boycotté le sommet des chefs d’Etats de l’EAC qui devait avoir lieu le 30 novembre. Le Burundi a prétendu qu’il n’avait pas eu le temps de se préparer pour ce sommet, ce qui n’est pas une explication sérieuse pour moi. Pourquoi, parmi les six pays membres de l’EAC, le Burundi serait le seul à ne pas pouvoir se préparer?

La seule raison possible qui a poussé le Burundi à ne pays y aller est la peur que ses pairs lui demandent des comptes sur les raisons qui l’ont poussé à boycotter la cinquième, supposée être la dernière session du dialogue d’Arusha du 24 au 29 octobre.

En effet, ce dialogue dirigé le président ougandais Yoweri Museveni et l’ancien président tanzanien Benjamin Mkapa est sous la responsabilité de l’EAC, qui doit en rendre des comptes à l’Union africaine et à l’ONU. S’il ne mène à rien, comme c’est le cas jusqu’à présent, ce sera non seulement l’échec du médiateur et du facilitateur, mais aussi celui de l’EAC dans son ensemble. Donc boycotter le sommet des chefs d’État après avoir boycotté le dialogue doit être perçu comme du mépris pour nos pays voisins.

Pourquoi le Burundi fait ça?

Le Burundi commet ces «erreurs diplomatiques» parce qu’il veut se faire oublier. Ce sommet des chefs d’État que le Burundi a boycotté devait analyser le rapport du facilitateur Benjamin Mkapa sur le dialogue burundais, et décider de la suite. Or, le gouvernement du Burundi veut convaincre la communauté internationale qu’il n’y a pas de problèmes au Burundi, que ce dialogue ne sert à rien, et que la communauté internationale devrait laisser les Burundais gérer leurs propres affaires. L’ambassadeur du Burundi à l’ONU Albert Shingiro a bien exprimé ce point de vue dans son discours du 21 novembre 2018, où il a demandé au Conseil de sécurité de l’ONU d’avoir «le courage de retirer le Burundi de son agenda». «La situation politico-sécuritaire actuelle dans le pays est calme et stable. Elle est loin de constituer une menace à la paix et à la sécurité internationale, domaine de compétence de ce Conseil. L’organisation des réunions intempestives sur le Burundi sur base d’une résolution obsolète qui ne cadre plus avec la réalité du terrain, pourrait devenir un facteur de déstabilisation du pays», a dit l’ambassadeur.

Le Burundi fait l’inverse de ce qu’il devrait faire

Si le Burundi est convaincu de cette position, la meilleure chose à faire n’est pas de boycotter les réunions de l’EAC, mais d’y aller et de convaincre les chefs d’État de la région que ce dialogue d’Arusha n’est pas nécessaire.

Mais si le gouvernement a été incapable de convaincre le Secrétaire général des Nations unies, qui dans son rapport du 15 novembre 2018 qualifie la situation burundaise d’«impasse politique» et  «prie  instamment  la Communauté  d’Afrique de l’Est  et tous les responsables  de la région de redoubler  d’efforts afin que le Burundi  retrouve la stabilité», le gouvernement sait que ça ne sera pas facile de convaincre les pays de l’EAC. Ces pays veulent que les centaines de milliers de réfugiés burundais rentrent dans leur pays, et ils savent qu’ils ne rentreront pas tant qu’il n’y a pas un accord entre le pouvoir et l’opposition. Ils savent aussi que si le pouvoir n’accepte pas de négocier avec les opposants en exil, ils peuvent être tentés de créer des groupes rebelles qui risquent de déstabiliser toute la région.

En boycottant les initiatives de l’EAC, le Burundi fait l’inverse de ce qu’il devrait faire, à savoir rassurer ses voisins. S’il continue comme ça, il risque de perdre les derniers amis qui lui restent, étant donné qu’il a déjà assez de problèmes avec l’ONU et  l’Union européenne.

 

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Les commentaires récents (1)

  1. ne vous en faites pas, le Burundi est stable. c’est bien ce n’est pas le pardis comme les autres nations ne le sont pas. et bien le dialogue concernant la politique interne du Burundi n’engage que les Burundais de bonne volonté