Et si le Liberia servait de leçon au reste de l’Afrique ?

Un des pays africains ayant connu de graves crises sociopolitiques durant plusieurs dizaines d’années, le Liberia semble marquer un point en matière de démocratisation.  Pour la deuxième fois, ce pays, connu pour avoir traversé une longue crise sociopolitique, expérimente une alternance politique au pouvoir. Et si cela servait de leçon aux leaders qui cherchent à s’éterniser au pouvoir ?

Ce 18 novembre 2023, Georges Weah, actuel chef d’Etat a admis sa défaite face à son concurrent politique Joseph Boakai. Malgré certains incidents inquiétants qui ont marqué le déroulement de la campagne électorale jusqu’au second tour, ce geste de la star du football devenue président évitera un bain de sang. Le monde admettra que les deux ex-présidents de la Liberia dont Ellen Johnson Sirleaf et Georges Weah sont de vrais hommes d’Etat.

Accepter la défaite et céder le fauteuil présidentiel est une vraie élégance politique et une grandeur rares dans nombreux pays africains. Le non-respect de la transparence des élections a souvent provoqué des crises en Afrique. 

La compréhension de l’intérêt suprême du président libérien sortant est un pas pour la stabilité de son pays et une leçon pour les politiciens qui ont tendance à s’identifier eux-mêmes à leurs pays. Cela constitue l’une des raisons majeures de l’instabilité politique en Afrique. Dans son étude, le Centre d’études stratégiques pour l’Afrique souligne que la limitation des mandats est la clé du progrès démocratique et de la sécurité en Afrique. Ce centre de recherche revient également sur la manipulation des résultats des urnes.  

Par ailleurs, la déclaration universelle des droits de l’homme stipule, en son 21e article, que « la volonté du peuple est le fondement de l’autorité des pouvoirs publics ; cette volonté doit s’exprimer par des élections honnêtes qui doivent avoir lieu périodiquement, au suffrage universel égal et au vote secret ou suivant une procédure équivalente assurant la liberté du vote ». 

Une leçon pour le continent noir

Le Liberia a passé plusieurs dizaines d’années dans des guerres fratricides. Malgré qu’il reste classé parmi les pays les plus pauvres, l’évolution de la stabilité politique est réelle. Le président sortant est accusé de n’avoir pas pu mettre en œuvres toutes ses promesses. En réalité, cela est une marque de la culture démocratique. Tous les dirigeants devraient comprendre que les élections constituent un moyen ultime par lequel les citoyens évaluent leurs dirigeants. Malheureusement, nombreux présidents africains, au-delà de modifier les constitutions, sont accusés de manipuler les résultats des élections. Ici, on peut dire la classe politique du Liberia a donné une leçon à l’Afrique.  

Chaque pays a son histoire et son positionnement dans la géopolitique. Cependant, cela ne peut suffire pour donner raison à des querelles infinies au sein des classes politiques des pays africains. Sortir du cercle vicieux des crises politiques est possible quand les leaders politiques ont la volonté de construire leurs pays.