Un blogueur s’interrogeait récemment sur l’efficacité de certaines mesures prises par les autorités pour lutter contre cette pénurie. À un certain moment, il a été question de construire de nouveaux entrepôts de carburant. Un projet ambitieux et certainement utile à long terme mais qui tarde à se matérialiser.
Dans un contexte où les files d’attente aux stations-service s’allongent et où la pénurie de carburant fait grimper les prix des produits essentiels, la récente décision du gouvernement burundais de relancer le projet d’entrepôts pétroliers suscite de nombreux espoirs.
Le Conseil des ministres du 22 février 2023 a souligné les carences dans la gestion du secteur pétrolier, aggravées par l’absence de réserves stratégiques suffisantes. Avec des infrastructures vieillissantes et insuffisantes, l’urgence d’assurer un approvisionnement efficace en carburant n’a jamais été aussi pressante.
Le Burundi dispose actuellement de deux principaux entrepôts pétroliers : le premier situé à Bujumbura, construit en 1958, et l’autre à Gitega, érigé entre 1977 et 1982. La Société d’Entreposage Pétrolier (SEP-Burundi), chargée de la gestion de ces infrastructures, a été fondée en 1967 pour assurer un approvisionnement stable en produits pétroliers non seulement pour le Burundi, mais aussi pour ses voisins, la RD Congo et le Rwanda. Cependant, ces entrepôts sont aujourd’hui loin de répondre aux normes internationales. Avec une capacité de stockage de 14 000 m³ à Bujumbura et de 20 500 m³ à Gitega, non seulement ces sites sont insuffisants pour répondre à la demande croissante mais ils ne sont pas adaptés aux standards de conservation et de sécurité pour des produits hautement inflammables.
Des infrastructures vétustes
Le vieillissement des infrastructures engendre des risques importants, non seulement pour la sécurité des produits stockés, mais aussi pour la stabilité économique. En effet, le manque de capacité de stockage empêche au pays de constituer des réserves suffisantes pour parer aux fluctuations de l’approvisionnement.
Le ministre de l’Énergie, Abrahim Uwizeye, a rappelé qu’en l’état, les entrepôts actuels contribuent largement à la précarité du secteur. En outre, l’état de délabrement de ces installations rend nécessaire une intervention urgente pour éviter des interruptions prolongées d’approvisionnement qui, en cascade, affectent le transport, les prix des denrées alimentaires, et de nombreux autres aspects de la vie quotidienne.
Un projet ambitieux
Pour remédier à cette situation, le Conseil des ministres a approuvé un projet de construction de nouveaux entrepôts dans des sites stratégiques répartis dans tout le pays. Ces infrastructures devraient être installées dans les provinces de Rumonge, Makamba, Ngozi, Cankuzo, Gitega et Cibitoke. L’objectif du gouvernement est de créer un réseau national de stockage pour garantir une meilleure distribution de carburant, en particulier dans les régions les plus éloignées de la capitale économique. Le Conseil a également insisté pour éviter que l’importation de produits pétroliers ne soit monopolisée par un investisseur unique, assurant ainsi une concurrence bénéfique au marché.
Un protocole d’entente a déjà été signé entre le gouvernement burundais et la société Excel Astra Engineering & Construction LLC, spécialisée dans la construction d’infrastructures pétrolières. Ce partenariat a pour but d’établir des installations modernes et conformes aux standards internationaux en matière de sécurité et d’environnement. Cependant, l’envergure de ce projet soulève des questions : au-delà des ressources financières nécessaires, des défis logistiques et administratifs devront être relevés pour que le projet aboutisse dans des délais raisonnables.
Réhabiliter en attendant…
Par ailleurs, des travaux de réhabilitation sont prévus pour les anciens entrepôts de la SEP-Burundi et le parc pétrolier de Gitega, dans l’optique de les remettre aux normes et d’optimiser leur capacité. Cette initiative, menée en collaboration avec le Groupe Interpetrol, principal gestionnaire actuel, vise à stabiliser l’approvisionnement national en attendant que les nouveaux entrepôts soient opérationnels.
Alors que le projet de construction de nouveaux entrepôts est encore en attente, les citoyens et les acteurs économiques du Burundi croisent les doigts. En attendant des progrès concrets sur le terrain, l’initiative, bien que porteuse d’espoir, est encore loin de garantir la fin des files d’attente devant les stations-service.