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Le coup d’Etat au Mali expliqué aux Burundais

Certains Burundais pensent que le coup d’Etat du 18 août 2020 au Mali ressemble à celui de 1993 au Burundi. Le blogueur Jean-Marie Ntahimpera explique pourquoi ces deux événements sont différents. 

Le 18 août 2020, une partie de l’armée malienne, regroupée dans le Comité National pour le Salut du Peuple (CNSP), a pris le contrôle du pays, obligeant le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) à démissionner et à dissoudre l’Assemblée nationale. Cette démission forcée que certains pays hésitent à qualifier comme un coup d’Etat, a été condamnée par une grande partie de la communauté internationale, y compris l’ONU, l’Union africaine et la CEDEAO. 

Les Burundais ont aussi condamné le coup d’Etat au Mali, à commencer par le président Evariste Ndayishimiye qui, sur Twitter, a condamné « fermement le coup d’Etat », et a réaffirmé son « opposition à toute accession au pouvoir par des moyens anticonstitutionnels », avant d’appeler « vivement au rétablissement de l’ordre constitutionnel »

Des internautes burundais ont aussi condamné cet événement, le comparant au coup d’Etat de 1993 au Burundi, qui a abouti à l’assassinat du président Melchior Ndadaye et de certains autres hauts cadres du pays. 

Deux événements incomparables 

Dans ce billet, j’aimerais démontrer que le coup d’Etat au Mali n’a rien à voir avec celui de 1993 au Burundi, et que ceux qui les comparent commettent une grande erreur de jugement. 

La première différence est qu’au Burundi, les putschistes ont tué le président Ndadaye et certains membres de son gouvernement, alors qu’au Mali, la junte militaire n’a « touché aucun cheveu » du président IBK ou des autres membres du gouvernement arrêtés, comme l’a précisé un des responsables de la junte militaire. Cette différence est de taille car, si le président Ndadaye n’avait pas été tué, les conséquences du coup d’Etat de 1993 n’auraient probablement pas été aussi désastreuses. On se souvient que plusieurs centaines de personnes innocentes ont été tuées pour « venger » le président, et que cet assassinat a été l’étincelle qui a déclenché une guerre civile, qui dura plus d’une décennie, emportant plusieurs centaines de milliers de Burundais. 

Des militaires « patriotes »

La deuxième différence majeure est que la démission forcée d’IBK au Mali a eu lieu sept ans après son accession au pouvoir, alors que le coup d’Etat contre Melchior Ndadaye a eu lieu seulement trois mois après son intronisation. Les militaires maliens ont pris suffisamment le temps d’évaluer le bilan d’IBK avant de le déposer. Par ailleurs, l’intervention de l’armée a eu lieu, alors que des dizaines de milliers de personnes  du « Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques » (M5-RFP), organisaient des manifestations en plein centre de la capitale Bamako depuis le mois de juin en vue d’exiger la démission du président de la République. Les manifestants accusaient le président IBK d’avoir laissé la corruption se généraliser et d’avoir été incapable de trouver la solution aux nombreuses crises que traverse le Mali, qui est en guerre avec des groupes terroristes dans le Nord et le Centre. L’intervention de l’armée n’a fait qu’achever ce que le M5-RFP avait commencé depuis quelques mois. Du coup, on peut dire sans risque de se tromper que le coup d’Etat contre IBK est soutenu par une grande partie de la population, ce qui la rend légitime aux yeux de beaucoup de Maliens qui considèrent les militaires comme des patriotes qui n’ont fait que leur devoir.

Au contraire, le coup d’Etat de 1993 au Burundi a déposé un président qui n’avait fait que trois mois au pouvoir. Ce n’était pas une sanction contre l’incompétence de Melchior Ndadaye qui n’avait pas encore eu le temps de montrer de quoi il était capable. Ceux qui ont tué le président étaient animés par deux choses : la crainte de perdre leurs privilèges, et la haine ethnique contre un président qu’ils considéraient comme venant d’un groupe ethnique inferieur qui ne méritait pas de diriger le pays. 

Toutes ces différences devraient amener les Burundais à éviter d’interpréter l’intervention de l’armée au Mali avec les lunettes du coup d’Etat contre Melchior Ndadaye. Les coups d’Etat ne sont pas tous les mêmes et ne s’équivalent pas.

 

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Les commentaires récents (15)

  1. Dans votre rédaction, vous parlez des centaines de personnes tuées pour « venger » feu Président Ndadaye. C’est dommage que vous feignez d’être ignorants que Kalash, mitrailleuses, blindés des Forces Armées Burundi ont fauché des milliers de paisibles citoyens.
    Éviter svp d’avoir des penchants…de gauche ou de droite.

    1. Je pense que ces deux coups d’États ne nécessite même pas d’être comparé.le peuple malien derrière lui son armée ont tout simplement accomplit un devoir légitime et légal , chapeau. Il faut que CEDEAO et UA sachent que leurs vocation n est pas seulement protégé un gouvernement ou la sois disant démocratie mais plutôt la bonne gouvernance.

  2. Ce que vous avez oublier est que le Président M.Ndadaye était populaire alors que IBK ne l’est pas au moment de coup.

    Il faudra aller plus loin car des différences y sont plus qu’on imagine.

  3. Pourquoi renverser par un coup d’État régulièrement élu ? Pourquoi ne pas attendre les élections pour le sanctionner par les urnes. Les militaires maliens n’ont-ils pas mieux à faire ? Un coup contre les terroristes, n’est-ce pas là le vrai combat qui les ferait grandir ?

  4. Mais nous avons le droit de faire ce que nous voulons et nous acceptons pas des propositions venant d’un autre pays par ce que nous les maliens avons la force de dirigé le pays manières positifs…je remercie nos soldats.

  5. Où sont-t- ils ceux qui ont tué NDADAYE MERCHIOR ? ET pouquoi sont -t- ils protegés dans ces pays ? Le Burundi a connu autant de problemes ethni-politique à cause de ces gens supposés natifs du pouvoir

  6. The United states of America is the responsible of le coup etat it obviously obvious you think we are stupid that left French government crying for it lost