8ème président de la République du Burundi, Pierre Nkurunziza est le premier président toujours en exercice à mourir d’une mort naturelle. Qui sont ses prédécesseurs et dans quelles circonstances ont-ils quitté le pouvoir ?
Le 28 novembre 1966, le jeune capitaine Micombero renverse le pouvoir de Ntare V. Le jeune homme âgé de 26 ans proclame la république dont il devient le premier président. Son pouvoir, marqué par des divisions ethniques dont la crise de 1972 prend fin le 1er novembre 1976 par un coup d’État du colonel Jean Baptiste Bagaza. Michel Micombero s’éteint le 18 juillet 1983 à l’âge 43 ans d’une crise cardiaque à Mogadiscio, où il vivait en exil depuis son éviction du pouvoir.
Après avoir pris le pouvoir par un coup d’État en 1976, colonel Jean Baptiste Bagaza qui était alors le chef d’état-major général adjoint devient le second président de la République. Il s’engage à promouvoir l’unité nationale et à lutter contre la corruption, le clanisme et le régionalisme dont il accusait son prédécesseur. On retient de son règne, un président qui a hérité d’un pays déchiré et qui a construit beaucoup d’infrastructures publiques. Il reste en poste pendant 11 ans, avant d’être renversé à son tour par un coup d’État, le 3 septembre 1987. Après son renversement par le major Pierre Buyoya, Jean-Baptiste Bagaza fut contraint à l’exil et l’accès du territoire de son pays lui fut interdit. Il rentrera après les premières élections démocratiques qui consacrèrent la victoire de Melchior Ndadaye en 1993. Jean Baptiste Bagaza décède le 4 mai 2016, à l’âge de 70 ans, dans un hôpital de Bruxelles en Belgique où il avait été évacué pour les soins de santé.
Pierre Buyoya a 38 ans quand il prend le pouvoir le 3 septembre 1987. Il est réputé pour sa rigueur. Le plus populaire des échecs sous son règne est la division ethnique qui a caractérisé le pays et qui a dégénéré en conflit sanglant comme celui de Ntega-Marangara d’août 1988. Après les tueries de Ntega-Marangara, Buyoya instaure le multipartisme et organise les élections de 1993. Il se porte candidat à l’élection présidentielle mais perd en faveur de Melchior Ndadaye. Pierre Buyoya est actuellement haut représentant de l’Union Africaine au Mali.
Premières élections, assassinats et intérim
Depuis la création de la république en 1966 jusqu’en 1993, tous les présidents qui ont dirigé le Burundi ont un point commun, l’ascension au pouvoir par coup d’État.
Ndadaye Melchior, âgé de 40 ans, accède au pouvoir le 1er juin 1993 comme premier président démocratiquement élu. Investi le 1er juillet, il est malheureusement assassiné dans un coup d’État militaire le 21 octobre 1993. Après sa mort, le Burundi s’enfonce dans une guerre interethnique qui va durer jusqu’en 2000, date des accords de cesser le feu.
Le court règne de Melchior Ndadaye est suivi par des présidences par intérim, la première assurée par François Ngeze, (du 21 octobre 1993 au 27 octobre 1993) et puis par Sylvie Kinigi (du 27 octobre 1993 au 5 février 1994). Sylvie Kinigi est toujours en vie et habite à Bujumbura, tout comme François Ngeze.
Cyprien Ntaryamira est désigné pour présider le Burundi le 05 février 1994 en attendant la stabilité sécuritaire et l’organisation d’autres élections. Son règne ne dure que 2 mois. Il est tué le 6 avril 1994 dans un attentat contre l’avion du président rwandais Juvénal Habyarimana alors qu’il revenait des négociations pour la paix en Tanzanie.
Sylvestre Ntibantunganya devient alors le président après la mort de Cyprien Ntaryamira. Ntibantunganya, qui avait hérité d’un pays divisé par des tensions et des conflits sanglants dans différentes régions entre hutu–tutsi, fait face aux réactions hostiles après les massacres de Bugendana de juillet 1996. Alors qu’il s’était réfugié dans la demeure de l’ambassadeur des Etats-Unis, il est démis de ses fonctions par Pierre Buyoya dans un coup d’État militaire. Ce dernier préside le pays jusqu’en 2003. Sylvestre Ntibantunganya vit toujours à Bujumbura.
De la transition aux élections
Les accords d’Arusha conclu en 2000 pour mettre fin à la guerre civile qui a débuté en 1993 instituent une période transitoire qui accorde 18 mois de présidence à Pierre Buyoya, membre du parti UPRONA et en poste depuis son coup d’État de 1996. Et après ces 18 mois, Domitien Ndayizeye, membre du FRODEBU, devient président. Il préside le Burundi du 30 avril 2003 et organise des élections démocratiques de 2005. Il remet le pouvoir au président Pierre Nkurunziza élu le 26 août 2005. Domitien Ndayizeye vit au Burundi et était candidat à l’élection présidentielle du 20 mai 2020.
Pierre Nkurunziza, qui vient de mourir sur le fauteuil présidentiel a été élu président de la République en 2005, puis est réélu en 2010 et 2015. Il est le premier président à diriger le Burundi aussi longtemps sans être victime d’un coup d’État. Il meurt le 8 juin 2020, à deux mois avant la fin de son troisième mandat et la passation de pouvoir avec son successeur élu, Evariste Ndayishimiye.
Maintenant la nouvelle Constitution ne connaît que les présidents élus c’est-à-dire Ndadaye, Nkurunziza et Ndayishimiye. La date de péremption des présidents non-élus a été actée. Même les avantages qui leur étaient accordés ont été supprimés. Une sagesse: quand vous entrez dans cette fonction, merci de penser qu’elle est éternelle, mais que la personne qui l’occupe ne l’est pas.
Vous n’avez pas mentionné ce qui a marqué le pouvoir de Feu Président Pierre Nkurunziza?