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Vous aviez dit « autosuffisance » ?

Depuis l’annonce de la reprise de l’aide de l’Union européenne au gouvernement burundais, une onde de sympathie envers les occidentaux s’est emparée des proches du pouvoir de Gitega, rappelant au passage les invectives passées envers ces mêmes « Bakoloni » (colonisateurs). Et l’indépendance ou plutôt la souveraineté tant chantée ?


« Les organisations de la société civile burundaise expriment leur gratitude à nos leaders et surtout au chef de l’Etat, le Général Major Evariste Ndayishimiye, pour le leadership éclairé ayant conduit à la levée des sanctions imposées au Burundi par certains partenaires », pouvions-nous lire sur une des banderoles portées par les manifestants ce samedi. Il faut dire que dans les rues de Bujumbura et dans bon nombre d’autres localités à travers le pays, le message était unique : « Merci à Général Neva pour son leadership qui a conduit le Burundi vers la levée des sanctions qui lui étaient imposées injustement par les occidentaux ».

Face à cette ferveur accueillant la reprise de l’aide directe au gouvernement, l’on sent une certaine libération des esprits, et bien sûr de l’argent. Cette joie soudaine et explicite semble montrer qu’en fait, malgré les discours officiels ragaillardissant, l’on souffrait et risquait d’étouffer sans cette aide. D’ailleurs, un journal a rapporté : « Des manifestants chantent une Aude à Dieu Sauveur de l’homme en désespoir ». C’est tout dire. Enfin, l’aide de l’UE qui représentait à elle seule, en 2016 avant son arrêt, 50% des aides que le Burundi recevait n’était pas rien. Même le numéro un burundais a salué : « Une décision sage ».

Autres temps, autres discours

Même le numéro un burundais a salué : « Une décision sage ». Il n’y a pas si longtemps, l’on tirait, sur les occidentaux. En 2017, l’année suivant le début des sanctions, le discours était « Le Burundi est un Etat souverain et indépendant, arrêtez votre jeu, vous ne gagnerez pas », en réaction, au Parlement européen qui demandait à l’ONU et à la cour pénale internationale d’enquêter sur la crise de 2015. Autre contexte, vous diriez. Et l’on dirait sans risque de se tromper que les termes « indépendance et souveraineté » étaient, et le sont toujours par moments, les maîtres-mots des officiels burundais.

L’on se rappelle tous de la fierté avec laquelle Gitega déclarait que « le Burundi a organisé ses élections de 2020 sans aucune aide extérieure ». Il faut dire qu’on avait même des reliquats, 29 milliards de francs burundais messieurs & dames !

Et dans la foulée, feu président Nkurunziza disait le jour des élections : « Tout le peuple burundais doit comprendre qu’il doit vivre aux dépens de ses moyens et de ses efforts ». Voilà, le mot était lâché. Plus besoin d’attendre les aides extérieures pour mettre en œuvre les programmes de développement du pays. D’ailleurs combien d’écoles ont été construites sans, pour ne citer que cet exemple !
Avec Evariste Ndayishimiye comme président, le pouvoir s’est inscrit dans la continuité.

Real politik

C’est le propre des relations internationales. Aucun pays n’est autosuffisant. Il y a toujours besoin de l’interdépendance entre Etats, surtout dans ce monde globalisé. D’ailleurs, le pays a tant bien que mal essayé de chercher d’autres partenaires, autres qu’occidentaux.

Pour preuve, ce besoin d’aides, non exprimé officiellement ou que l’on feignait de ne pas avoir, s’est matérialisé à l’annonce de la levée des sanctions par l’Union européenne : tout le monde a jubilé, des autorités au murundi lambda de Cankuzo (Bon, pour celui-ci, on ne saura pas s’il est allé manifester la levée des sanctions de son gré ou par crainte de… Je ne sais qui.) !

 

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